Chapitre 34-1

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— Comment pourrions-nous vous aider, alors que les nôtres s'asphyxies lentement piégés comme des rats ?

La voix acide et cassante de Gabe résonna durement dans l'espace confiné, me faisant grimacer intérieurement. Je comprenais sa frustration et sa colère, mais réagir de la sorte ne nous aiderait pas.

— Vous deux et le reste des membres de votre petit groupe en êtes la preuve vivante... Vous êtes immunisés !

— Attendez ! l'interrompis-je aussitôt. Vous voulez dire que vous savez où sont les autres ! ils sont vivants ?

— Ils ont été récupérés par un autre groupe et d'après le peu d'informations qui me sont parvenus jusqu'à présent, ils vont tous bien.

Un poids, que je n'avais pas vraiment conscience de porter, sembla tomber de mes épaules d'un coup, me laissant légèrement étourdie.

— Pourquoi ne pas nous l'avoir dit avant ?

— Vous n'aviez rien demandé et je l'ai appris il y a peu de temps, lui répondit Josef visiblement lassé de cette suspicion constante.

— Nous pourrons les voir bientôt ? lui demandai-je gentiment, agrémentant ma demande d'un petit sourire pour alléger l'atmosphère tendue.

— Dès ce soir, lorsque nous irons au campement principal. Je voulais m'assurer de vos intention et de votre état de santé avant d'exposer les miens à votre présence et il en va de même pour vos amis. A nôtre place, vous feriez pareil.

Sa voix lasse et triste était à l'image de son visage lorsqu'il se leva pour aller se resservir. D'un simple geste de la main, il m'en proposa, ignorant délibérément Lynch qui n'avait toujours pas touché à son verre. J'acceptai, plus par politesse que par envie réelle, et en profitai pour me lever à mon tour et rejoindre Josef près du braséro. Gabe m'imita au bout de quelques secondes, restant néanmoins en léger retrait.

— Que vouliez-vous dire par...immunisés tout à l'heure ? lui demandai-je en lui tendant mon verre encore à moitié plein.

— Surtout, comment pouvez-vous être aussi affirmatif en si peu de temps ? ajouta Gabe.

— La première et la dernière phase sont les plus contagieuses. D'après ce que j'ai compris, aucun de vous n'est tombés malade sitôt la barrière franchit ?

— Non, mais nous étions loin de la ville et n'avions pas rencontrer de...malades avant aujourd'hui, lui répondis-je d'une voix prudente un peu déroutée par sa question.

— C'est dans l'air, nous apprit-il dans un souffle. C'est comme ça que l'épidémie a commencé.

— Ce que vous dites n'est pas logique. Si le virus est présent dans l'air, nous devrions tous être contaminés ou définitivement immunisés pour ceux qui résistent ?

— En théorie oui, mais ce n'est pas le cas. Toutes les personnes ayant échappées à la contamination initiale et ayant été en contact très rapprochés ou physiques avec des éveillés, ont contracté la maladie peu après. Vous, non.

— Il n'est pas un peu tôt pour le dire ?

— La contamination secondaire, comme nous l'appelons, est très rapide. Quelques heures à peine. Vous seriez déjà malade et vos compagnons aussi.

— Si nous sommes tous immunisés, comme vous le dites, pourquoi Connors a-t-il été contaminé ?

— Nous avons tué son assaillant mais il avait eu le temps de le griffer et de le blesser sévèrement.

— Nous ne serions résistant que lors d'une faible exposition ?

— Où alors votre ami était déjà affaibli par quelque chose ?

Lynch et moi échangeâmes un regard lourd de sens qui n'échappa pas à Josef.

— Il se remettait à peine d'un autre virus et d'une blessure par balle surinfectée, lui avouai-je dans un soupir trahissant ma peine et mon angoisse.

— C'est monsieur pas de bol, apparemment, votre ami.

J'émis un petit rire triste à ce rappel au combien lucide et déprimant de la situation, sentant une larme solitaire rouler sur ma joue. Je m'empressai de l'essuyer d'un geste rapide et à l'instant où ma main passa devant mes yeux, je me figeai.

— Je sais peut-être comment le guérir ! annonçai-je le regard fixé sur mes doigts tandis que je réfléchissais à toute vitesse.

— Tu n'y penses pas sérieusement ? siffla Lynch entre ses dents, alors qu'il me saisissait le poignet et plongeait ses yeux inquiets et furibonds dans les miens.

— ça peut marcher, lui répondis-je, sentant l'espoir renaitre au fond de mon cœur.

— Mais de quoi parlez-vous ? s'impatienta Josef, ne comprenant évidemment rien à notre conversation.

Sa question, légitime, me sortit de ma réflexion intense et je repoussai Gabe sans douceur, tandis qu'une nouvelle évidence me sautait aux yeux.

— Excepté ce...virus, personne n'a changé dans votre société ? Montrer des aptitudes particulières, différentes ?

— Non, pourquoi cette question ?

— Parce que chez nous, une petite partie de la population a développé des mutations légères qui les ont dotés de pouvoirs particuliers.

— Vous plaisantez ! s'étrangla-t-il alors qu'il avalait de travers sa gorgée de thé.

— Non, elle ne plaisante pas. Mais je ne vois pas pourquoi elle l'évoque, puisque que nos dits « pouvoirs » ne fonctionnent pas à l'extérieur du dôme et que même si c'était le cas, ce qu'elle suggère est beaucoup trop risqué pour être tenté ! intervint Gabe d'un ton massacrant en me foudroyant du regard.

— Je te signales, qu'elle à un prénom et que je ne dis pas ça à la légère ! Tu ne le sens pas ?

— Sentir quoi ?

— Nos pouvoirs, ils sont de nouveaux actifs !

— C'est...

Il s'interrompit subitement, ressentent certainement le léger fourmillement quasi imperceptible qui nous parcourait d'ordinaire lorsque nous étions sous le dôme. Phénomène dont nous avions pris conscience que récemment, lorsque cette légère tension c'était tue de l'autre côté du dôme, nous faisant nous sentir étrangement... différents.

— Je n'y comprend rien ! Vous voulez dire que vous êtes... des quoi ? Des mutants ?

— Techniquement oui, même si c'est très léger. Ma capacité est de guérir plus vite que la normale, commençai-je à lui expliquer d'une voix précipitée, pressée de passer à l'action. Celle de Connors est d'emprunter le pouvoir de n'importe lequel d'entre nous, du moment que nos peaux sont assez longtemps en contact.

— Vous espérer donc...lui passer votre immunité par ce biais ? m'interrogea Josef, une étincelle d'espoir illuminant brièvement son regard.

— Oui, ça peut marcher.

— En théorie, intervint Lynch, tempérant notre ardeur.

— Cela l'a déjà sauvé de la septicémie, alors, pourquoi pas de ce virus ?

— Vous croyez que cela pourrait fonctionner sur les infectés et les éveillés ?

— On ne le saura que si l'on essaye sur Connors d'abord, lui répondis-je prudemment consciente que lui répondre non, ruinerait mes chances qu'il accepte ma tentative.

— Et s'il ne te bouffe pas avant ! maugréa Lynch en sortant de la tente comme une furie. 

Virgin Territory-Isolated System Tome 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant