Chapitre 9-2

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Désemparée, je restai les bras ballants, le regard fouillant les ténèbres et ne rencontrant que de nouveaux visages émaciés et désespérés.

— Qui êtes-vous ? Où sommes-nous et...les voyants des caméras fonctionnent c'est donc qu'elles sont activées. Pourquoi aucun garde n'est encore venu ?

— Oui elles sont actives, mais envoies les mêmes images en boucles. C'est un des nôtres qui les perturbent. En revanche, il ne pourra pas tenir des heures, il va donc falloir faire vite. Nous sommes tous des changeants et avons été emprisonné ici dès que nos dons se sont révélés.

— Mais si vous êtes des changeants, ils doivent être au courant de vos dons particuliers alors pourquoi vous laisse-t-il faire ? l'interrompis-je perplexe et un brin soupçonneuse.

— Ils ne savent que ce que l'on a bien voulu leur montrer, enfin pour certains d'entre nous. Remeï par exemple leur fait croire qu'elle est télékinésique et que son rayon d'action ne dépasse pas les trois mètres. Quant à Hector ils perturbent tous les appareils électrique et électronique mais depuis peu, il est parvenu à être plus précis, mais ça ils ne sont pas au courant.

— D'accord, ça se tient, mais pourquoi vous garde-t-il ici ?

— Ils nous étudient comme des animaux.

— Ce qu'ils veulent, c'est que nous fassions sauter la barrière protectrice, mais aucun de nous n'a jamais réussi, intervint une jeune femme rousse sur ma droite.

— Mais pourquoi vous enlever ? Et comment ont-ils fait ?

— Comme beaucoup de dictateur. Ordonner est beaucoup plus simple que demander, me répondit Nel en s'asseyant à même le sol crasseux dans un soupir las. Pour les enlèvements, c'est simple, les E.E.V étaient l'endroit idéal pour nous surveiller et repérer les changeants avant qu'eux même n'aient même conscience de ce qu'ils étaient.

— Comment ? Comment ils font pour nous repérer ?

— Les rêves. Nous sommes les seuls à résister à leur somnifère et à rêver.

— Somnifère...quel somnifère ? demandai-je de plus en plus perdue.

— Celui qu'ils diffusent toutes les nuits dans toutes les chambres de tous les E.E.V. C'est un sédatif léger qui a la particularité de plonger les dormeurs dans un sommeil profond, sans rêves et de les y garder plus longtemps que la normale. C'est par hasard qu'ils se sont rendu compte que les changeants devenaient insensibles à ce produit lorsque la mutation s'activait. Ils s'en sont donc servit pour nous repérer et nous enlever discrètement. C'était le plan parfait.

À la lumière de ces nouvelles informations tout devenait limpide. Pourquoi ils m'étaient tombés dessus après mon cauchemar et pourquoi les autres ne s'étaient pas réveillées...mise à part Elana ! Pourtant, elle n'était pas une changeante.

— C'est arrivé que des non-changeants résistent au somnifère ? lui demandai-je troublée.

— Je ne sais pas, je ne suis pas chercheur, je ne suis qu'un cobaye...

— Nel, on a plus beaucoup de temps, l'interrompit la voix de Rem, bien quelle soit subtilement différente de tout à l'heure. Hector ne tiendra plus longtemps.

— Hayden, tu dois nous aider ! Quand nous avons appris que tu étais là...cela nous a redonné espoir.

— Mais en quoi pourrais-je vous aider ? Je ne suis même pas censé être là ! Comment pourrais-je vous libérer et surtout où iriez-vous ?

— À l'extérieur. Hors de cette ville de malheurs et de mort. Tu as réussis à franchir le dôme et à en revenir, c'est donc que l'on peut survivre à l'extérieur.

— Si vous êtes enfermés ici depuis des années, comme vous le prétendez, comment l'avez-vous appris ?

— Tu plaisantes ! réagit un jeune homme sur ma gauche. Les sirènes ont résonné jusque-ici pendant des heures après l'explosion.

— Mais ça n'explique pas comment vous avez appris qui j'étais et ce que j'étais parvenue à faire, le coupai-je de plus en plus stressée, sentant qu'il allait être temps que je parte.

— Je suis allée espionner, m'expliqua Rem avec un petit sourire. Dès que le branle-bas de combat a été déclenché, je me suis projetée hors de mon corps, j'ai bien failli me faire prendre d'ailleurs. Le souci de ce don, c'est que je ne suis pas invisible.

— Nel...je ne vais plus tenir très longtemps, dit certainement le dénommé Hector d'une voix faible et geignarde.

— Vous espérez quoi de moi, au juste ? m'empressai-je de demander, ne voulant pas me faire prendre ici.

— On veut que tu nous transporte de l'autre côté. Comme tu l'as fait pour tes amis.

— Quoi ! Mais c'est impossible, vous êtes trop nombreux ! En plus je ne maitrise pas ce don de « transport » comme vous dites. Je fais des crises horribles et...

— Tu n'en as pas fait là, argumenta Rem d'une voix pleine d'espoir. Je peux t'aider et t'apprendre à canaliser ton pouvoir et...

— Même si tu dis vrai, la coupai-je à mon tour, ça ne servira à rien. Vous ne pouvez pas aller là-bas.

— Mais pourquoi ? Parce que tu ne vas pas nous y emmener ?

— Parce que de l'autre côté...il n'y a que la mort ! leur avouai-je d'une voix blanche. Des monstres abominables qui, dès la nuit tombée, chasse en meute. On a même perdu l'une des nôtres, leur révélai-je dans un frisson.

Un silence lourd de déception et de résignation tomba sur le bloc de cellules, semblant rendre l'obscurité plus dense.

— Peut-être, mais c'est toujours mieux que de crever ici comme des rats, vous ne croyez pas ! dit Rem d'une voix tremblante. Au moins, nous aurons une chance, même si elle est infime.

En l'écoutant, je me dis qu'elle n'avait peut-être pas tort en disant cela. Qui voudrait passer sa vie enfermer dans cet endroit horrible.

— Même si je voulais bien vous donner cette chance...ce que vous me demander est impossible, comment ferais-je ?

Une longue plainte résonna soudain entre les parois métalliques de l'endroit, me donnant la chair de poule.

— Hayden, tu dois partir, tout de suite ! Hector ne va plus tenir.

— Mais...je ne sais pas comment faire !

— Comme pour l'aller, me dit précipitamment Rem. Visualise le couloir et projette ton esprit tout en le gardant bien accrocher à ton corps.

— Désolée de ne rien pouvoir faire, leur dis-je, sincère, en commençant à me concentrer malgré mon stress.

— Guette moi, je te recontacterai, me dit Rem. Maintenant tu dois partir, vite.

Je fermai les yeux, essayant de visualiser ce fichu couloir, mais il se ressemblait tous ! Je sentis mon corps partir à l'instant où un petit bruit électronique retentissait, signe que les caméras étaient de nouveau opérationnelles.

Dès que je sentis mes pieds toucher de nouveau le sol, à peine une demi-seconde plus tard, je m'empressai d'ouvrir les yeux. Un mur gris et impersonnel se dressait devant moi, signe que j'avais réussi une nouvelle fois. Je m'empressai de rebrousser chemin vers les escaliers, pour me retrouver...devant une porte, sur laquelle était indiqué :


Local technique – maintenance

Entrée strictement interdite


J'étais parvenue à me téléporter de nouveau, malgré ma peur et mon stress, mais pas dans le bon couloir ! comment allais-je pouvoir retrouver mon chemin dans cette immeuble tentaculaire et immense sans me faire repérer par les gardes ?

Virgin Territory-Isolated System Tome 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant