Chapitre 37-1

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Son regard était encore flou et ses yeux mirent plusieurs secondes à trouver les miens.

— Tu es là ?

— Où veux-tu que je sois, gros bêta, lui répondis-je avec un sourire gêné, en vérifiant une nouvelle fois son rythme cardiaque, mes deux doigts appuyés sur son poignet.

Un soupir de soulagement, ténu mais néanmoins audible, m'échappa lorsque les battements plus forts et plus vifs que quelques minutes auparavant, cognèrent agréablement contre ma peau.

— Quel diagnostique Docteur ? me demanda-t-il d'une voix affaiblie, malgré le soupçon d'ironie habituel qui vint s'y glisser.

— Grâce à la transfusion, tu es tiré d'affaire. Mais ce n'est pas une raison pour t'agiter, le réprimandai-je gentiment alors qu'il tentait immédiatement de se redresser à l'entente de mes paroles, fixant la poche de sang avec effarement.

— D'où... ? Je croyais...

— C'est le sang de Connors, lui appris-je augmentant sa stupeur, tandis que d'une main ferme appliquée sur son épaule, je l'incitai à rester en place. Ça a marché.

— Tu veux dire... qu'il est redevenu lui-même ? s'exclama-t-il en se réinstallant de mauvaise grâce malgré son épuisement évident.

— Partiellement. Il... il a perdu la mémoire.

— Ce n'est sûrement que transitoire ?

— Je ne sais pas, il... il est étrange. Ce n'est plus vraiment lui, expliquai-je alors que, brutalement, j'éclatai en sanglot.

J'avais l'horrible sensation de ne faire que cela ces derniers temps, alterner les catastrophes et les crises de larmes incontrôlables... Pathétique, me persifla ma conscience alors que je luttais pour endiguer les larmes traîtresses, sans résultats. Ces dernières coulaient sur mes joues en une cascade irrépressible, tandis que ma poitrine se contractait douloureusement sous les sanglots sonores que je tentais de réprimer. Je sentis le bras de Lynch se glisser sur mes épaules, tandis qu'il m'attirait maladroitement contre lui. Mon premier réflexe fut de résister mais ayant peur de lui faire mal, je me laissai finalement entraîner et finis allonger à ses côtés, la tête sur sa poitrine.

— C'est le stress qui retombe. Ne lutte pas, tu te sentiras mieux après me dit Gabe, en commençant à me caresser les cheveux.

Cela aussi avait un air de déjà-vu, me susurra mon esprit revenant à la charge alors que les images d'une situation similaire me revenaient en mémoire. Situation qui s'était achevée par notre premier baiser, pensais-je confusément alors que l'épuisement autant physique que nerveux, prenait enfin le dessus, me plongeant dans le néant béni du sommeil.

***

Je m'éveillai dans la même position, les yeux gonflés, un tambour dans la tête et le corps perclus de courbatures. Le bras de Lynch reposait toujours sur mes épaules, lourd et détendu, signe qu'il s'était assoupi lui aussi. Gênée de m'être ainsi donner en spectacle, presque autant que de ma position hasardeuse, j'essayai de me redresser lentement pour ne pas réveiller Gabe qui avait grand besoin de repos. Mais à peine mon mouvement amorcé, la tension qui envahit ses muscles m'apprit qu'il était réveillé.

— Je suis désolée, balbutiai-je en me redressant, consciente des mèches de cheveux collés sur mon visage par toutes les larmes que j'avais versé.

— Désolée pour quoi ? Tu te sens mieux ?

— Hormis le fait que je dois ressembler à une sorcière et qu'un groupe entier joue des maracas dans ma tête, oui, maugréai-je en tentant de discipliner mes mèches rendues rebelles par l'humidité résiduelle. J'ai dormi longtemps ?

— Je ne sais pas, je dormais aussi ! Ce qui est dommage d'ailleurs.

— Dommage ?! Tu as besoin de te reposer, c'est normal, c'est...

— Pour une fois que tu étais dans mes bras, ajouta-t-il d'une voix plus sourde, assortie d'un petit sourire en coin.

— Arrête de faire ça ! m'emportai-je soudain, embarrassée par ses paroles, ce qu'elles impliquaient et toute cette situation pourrie et surréaliste.

J'avais l'impression que ma vie n'était devenue qu'une succession d'horreurs, de combats et de fuites, entrecoupés de trop brefs instants de répits. Mon esprit semblait être sur le point d'imploser sous la pression, alors devoir gérer les petits jeux de Lynch, s'était vraiment trop !

— Et toi, arrête de te voiler la face ! me rétorqua-t-il, très sérieux tout à coup. Ce n'est pas un jeu, ou ça n'en est plus un. Je sais pertinemment que la situation ne se prête pas aux rapprochements ou aux relations stables et sérieuses, mais cela n'empêche pas le besoin de rapprochement et de réconfort, bien au contraire. Même si au début, j'ai choisi cette voie comme un jeu pour me rapprocher de toi et gagner ta confiance, mes sentiments ont changé.

— Tes sentiments peut-être, mais pas ton comportement ! Comment veux-tu que je sache quoi penser ? Au début tu n'arrêtais pas de souffler le chaud et le froid...

— Tu te comportais comme une gamine et contredisais tous mes ordres ! Je n'avais pas le temps de te dorloter.

— Une autre approche aurait été préférable. Ne viens pas te plaindre maintenant, que je sois indécise et perdue devant ton attitude. Sans compter que nous avons d'autres choses à régler beaucoup plus importantes si tu veux mon avis, terminai-je d'un ton acide en me relevant.

Je n'eus pas le temps de terminer mon mouvement, qu'il me saisissait par le poignet et m'attirait à lui. Surprise et déséquilibrée par son geste et la force inattendue qu'il avait employé, je perdis l'équilibre et m'affalai en travers du lit. Ne me laissant pas le temps de réagir, il riva ses yeux aux miens et d'un regard déterminé me défiant de l'arrêter si j'en avais le courage, il approcha lentement ses lèvres des miennes.

Cette scène avait un goût de déjà-vu, tout autant que ma réaction, immobile, piégée là comme une bécasse, encore une fois. Pourtant, alors que sa bouche frôlait la mienne, je repris mes esprits et me dégageai d'un mouvement brusque, tant pis si je lui faisais mal, il l'avait cherché après tout. Nous restâmes là, à nous jauger, le souffle court et le regard assassin, du moins pour ma part. C'est alors que nous nous défions que quelque chose me frappa. Si ma réaction avait été aussi vive, c'est parce que j'avais envie de ce baiser, envie d'être dans ses bras mais pas comme ça. Je voulais que ce soit moi et moi seule qui le décide pour une fois. Il avait beau me l'affirmer, j'avais toujours la sensation, au fond de moi, qu'il prenait tout cela pour un jeu.

Prenant une grande inspiration, j'approchai à mon tour mon visage du sien,

— Si tu es sérieux et que tout cela n'est pas un jeu pervers et malsain, prouve-le-moi ! lui dis-je, mes lèvres effleurant son oreille. Mais cette fois-ci, je mène la danse, ajoutai-je un sourire étirant légèrement mes lèvres tandis que ces dernières se posaient sur les siennes. 

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Bonjour à vous tous chers lecteurs, 

ce petit message pour vous informer que je serais présente au salon du livre de Bruxelles, du 14 au 17 février prochains ^.^ Les publications se feront donc plus erratique au cours de la semaine prochaine, je m'en excuse par avance :-) 

Des bisous et à très vite <3 

Virgin Territory-Isolated System Tome 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant