Chapitre 3-2

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— C'est les oiseaux ? Ils sont toujours là ? lui demanda Lynch en se baissant et en m'enjoignant de faire de même tandis qu'il scrutait le ciel avec appréhension.

— Non, ils sont partis tout d'un coup, il y a des heures déjà. Vous allez bien ? Vous étiez où ? On vous croyait mort !

Elle nous fixait à tour de rôle, sans vraiment réussir à poser son regard hagard plus de quelques secondes. Elle était agitée et la voix suraiguë avec laquelle elle venait de nous parler ne ressemblait pas à l'Ophélia calme et posée que j'avais appris à connaître.

— On t'expliquera plus tard, l'interrompit abruptement Lynch, apparemment aveugle à son changement de comportement. Pourquoi penses-tu que nous ne sommes pas seuls ?

— Je ne le pense pas, j'en suis sûre, affirma-t-elle avec véhémence, bien que toujours à voix basse. J'ai aperçu une ombre dans les bois.

— Il y a combien de temps ? lui demanda-t-il en se retournant brusquement en direction de la barrière d'arbres qui bruissait doucement dans la brise matinale.

— Tout à l'heure, à l'aube.

— Et rien depuis ?

Elle lui répondit d'un signe de tête, son regard résolument braqué sur l'orée de la forêt.

— Pourquoi es-tu restée seule ici, c'était risqué ? lui demandai-je, un peu intriguée par sa stratégie.

— J'étais la moins mal en point, je risquais moins de m'endormir. On a donc décider que je montrais la garde jusqu'à ce que Blake nous rejoigne avec vous, mais...je commençai à désespérer et puis...j'avais si peur que ces choses reviennent...ou d'autres.

— On est ensemble à présent, ça va aller...

— Tu n'aurais pas dû rester là, conduis-nous aux autres, lui ordonna Lynch en me coupant la parole, d'un ton que je trouvais dur, injuste et inapproprié.

Elle ne lui répondit pas et se contenta de rester dans la même position, accroupie, ses mains tremblantes posées à plat sur le sol meuble.

— Ophélia, bouge ! s'énerva soudain Lynch en l'attrapant par le bras pour la relever d'un geste brusque.

— Mais arrêtez, qu'est-ce qu'il vous prend ? intervins-je, déconcertée et outrée par son comportement en lui attrapant le poignet dans un geste réflexe.

Il lâcha instantanément Ophélia à la seconde où ma peau entra en contact avec la sienne, tout en se retournant vers moi d'un mouvement brusque. Puis, se saisissant de ma main d'une poigne rageuse, il m'entraîna à quelques pas de distance, avant de m'attirer vers lui.

— Je connais Ophélia bien mieux que toi, me scanda-t-il à l'oreille dans un chuchotement coléreux. Son comportement n'est pas normal, elle est en état de choc. Si je lui parle comme ça, c'est parce que je sais que c'est le meilleur moyen de lui faire reprendre ses esprits. Le réconfort...ce sera pour plus tard ! ajouta-t-il en s'écartant brusquement pour aller rejoindre les autres.

J'étais ulcérée par son comportement. Nous étions tous stressés mais ce n'était pas une raison pour se comporter de la sorte, ruminai-je en le suivant. Ophélia semblait en effet avoir repris ses esprits et cette constatation m'énerva encore plus.

— Ils sont loin ? lui demandai-je autant par intérêt de sa réponse que pour retrouver une contenance.

— Non, à quelques centaines de mètres sur la gauche. Il faut longer la berge, mais...

Son regard se perdit de nouveau dans le lointain, guettant une ombre invisible qui n'avait certainement jamais été là.

— Ne t'inquiètes pas, intervint Blake pour la première fois. Contente toi de les guider et moi j'assure nos arrières. C'est certainement un animal inoffensif que tu as aperçu.

— Non, lui répondit-elle d'une voix étrange en sortant prudemment des fourrés. C'était un homme, murmura-t-elle comme pour elle-même.

Un frisson désagréable me traversa, me laissant une impression désagréable, renforcée par le regard effrayé qu'Ophélia me lança en se retournant. Alors que je ralentissais malgré moi, encore sous le choc de cette révélation inattendue, les deux hommes me dépassèrent en m'enjoignant de me dépêcher. Apparemment nullement ébranlés par les mots d'Ophélia...ils n'avaient pas dû les entendre, me dis-je en me forçant à reprendre ma marche. J'étais à la fois pressée et terriblement anxieuse de retrouver Connors. J'avais peur de l'état dans laquelle j'allais le trouver.

Le trajet, relativement cours, me sembla long du fait de ma fatigue, de la végétation dense et du sol qui se délitait sous nos pas. Nous finîmes quand même par arriver devant une entrée sombre, partiellement dissimulé par des bouquets d'ajoncs. Ophélia s'y engouffra sans hésitation et nous fîmes de même, des exclamations surprises et soulagées accompagnant notre arrivée. Une fois dans la pénombre et la fraicheur de la petite caverne naturelle, je dû attendre quelques instants que mes rétines s'acclimatent à la brutale baisse de luminosité.

Aussitôt ma vue retrouvée, je cherchai Connors des yeux. Il gisait, étendu à même le sol, non loin de l'entrée, veillé par Lada qui était la seule à ne s'être pas être levée à notre entrée. Je m'approchai et m'accroupis à son niveau, elle se contenta de me regarder d'un regard triste et résignée. Les mots n'auraient servi à rien de toute façon, l'état critique de son état étant évident.

— Si nous ne retournons pas dans le dôme...Connors est mort, affirmai-je d'une voix sourde en me relevant.

— Comme si on ne le savait pas ! m'agressa Lada en se relevant à son tour. Il n'y a que toi qui sache comment faire et tu avais disparu, tu t'étais enfuis...

— Oui j'ai fuis devant ses monstres, comme tout le monde ! Qu'est-ce que tu insinues ?

— Stop ! Se disputer ne nous mènera nulle-part, intervint Lynch en lançant un regard d'avertissement à Lada. Combien de temps avons-nous ? me demanda-t-il en indiquant Connors d'un signe de tête.

— Il a sombré dans le coma...quelques heures, une journée tout au plus, lâchai-je d'une voix serrée par le chagrin.

— Et tu le sais en l'ayant juste regardé une demi seconde ? s'exclama Lada d'une voix trop aigue.

— Fais-moi confiance, j'ai raison...

— Oh oui, sainte Hayden qui a tou...

— Maintenant ça suffit !

La voix de Blake sembla exploser dans l'espace restreint de la grotte.

— Mon frère est mourant, c'est une évidence pour n'importe qui, médecin ou non ! Sa seule chance est de retourner sous le dôme où l'on pourra trouver du matériel médical. Alors concentrons-nous là-dessus et laissons tomber les querelles mesquines !

Un grand silence suivit sa tirade véhémente, mais juste.

— Très bien, Hayden, explique-nous comment nous y prendre ! lança Lynch, me plongeant dans un abîme de détresse.

Je n'avais absolument aucune idée de comment m'y prendre...

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Voilà, ça y est ! L'histoire reprend :-) J'ai plein d'idées et suis remplie de motivations ^.^ Comme j'écris une autre histoire en parallèle "Ombre Fauve", je posterai un à deux chapitres par semaine dans un premier temps. J'espère que ce chapitre vous à plu, même si, comme d'habitude, il y a des choses à reprendre ^o^

Rooh, je suis heureuse de vous retrouver *o*

Des bisous <3

Virgin Territory-Isolated System Tome 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant