Chapitre 44-2

1.6K 261 44
                                    


Même s'il fut surpris par ma témérité, il n'en montra rien et se contenta de me rendre mon baiser les yeux fermés, comme s'il avait peur de les ouvrir et de constater que ce n'était qu'un rêve. Les miens au contraire étaient bien ouverts, se délectant de sa proximité et de l'abandon de ses traits. J'accentuai encore mon étreinte collant mon corps au sien. J'avais besoin de sentir sa chaleur, besoin de savoir que je n'étais plus seule, que malgré l'horreur qui nous entourait quelque chose de bien pouvait subsister.

Ses mains passèrent dans mon dos et se glissèrent sous mon haut. Le contact de sa peau sur la mienne m'électrisa des pieds à la tête faisant courir une chair de poule légère et agréable sur tout mon corps.

— Tu as froid ?

Sa voix rauque envoya une nouvelle salve de picotements, me faisant de nouveau frissonner entre ses bras.

— Non, lui répondis-je malgré tout, mon souffle pénétrant dans sa bouche, alors que mes mains s'aventuraient à leur tour à la découverte de son corps.

Toucher une autre personne, une autre peau, un autre corps que le mien, me faisait du bien. Je me sentais aimé, protégé, à l'abri, mais surtout... vivante ! J'aurais dû être gêné ou à tout le moins intimidée par ce qui était en train de se passer entre Lynch et moi, surtout que j'en étais à l'origine. Mais ce n'était pas le cas. Ce qui était en train de se passer entre nous était... juste. Nous avions tous les deux besoins de ça. De la certitude de nos sentiments, de cette attirance que l'on avait ressenti depuis le début. Il n'y avait plus de tensions, de doutes ou d'ambiguïtés. Sans doute dû au fait que nos baisers et nos caresses, n'étaient et ne resteraient que ça. Nous savions que nous n'irions pas plus loin et ce, pour des raisons évidentes. Notre première fois ne pouvait pas se passer sur un matelas pourri, dans un hôpital infesté de monstres.

— Qu'est devenu notre... ami ? demandai-je quelques instants plus tard, tandis que je reposai, légèrement essoufflée et confortablement installée, dans les bras de Gabe.

— Il se repose dans le couloir.

— Pourquoi ne lui as-tu pas proposer de venir avec nous ? Tu penses qu'il est dangereux ?

Il ne me répondit pas tout de suite, tournant son visage soudain sérieux vers moi.

— Dangereux, je ne pense pas. Du moins pas volontairement. Mais il est... désorienté. Pendant que tu dormais, je l'ai rejoint et j'ai essayé de parler avec lui. Tout ce que j'ai obtenu ce sont des borborygmes incompréhensibles.

— Je croyais que tu m'avais dis t'être endormis sans le vouloir près de moi ? relevai-je d'un ton taquin.

— Oui, mais lorsque je suis revenu près de toi, la seconde fois, me répondit-il aussitôt avec un petit sourire. Essayer de piéger son chéri, ce n'est pas très gentil, me gronda-t-il gentiment en effleurant mes lèvres d'un baiser.

— Peut-être, mais c'est marrant ! Tu m'as aussi dit qu'il montait la garde, mais tu crois qu'il se rend réellement compte de ce qu'il fait ? repris-je, soudain plus sérieuse.

Mes questions n'étaient pas anodines. Si nous voulions être certains que notre plan de secours ait une chance de fonctionner, nous devions engranger le plus possible d'information avant de retrouver les autres. Sans compter que cet homme m'avait sauvé la vie. Nous nous étions sauvés mutuellement, en espérant que dans son cas, les effets en soient permanents.

— Je pense, que tant que le processus de guérison ne sera pas entièrement terminés, les éveillés le prennent toujours pour l'un des leurs.

— Tu pense que sa présence masque la nôtre ?

— En quelque sorte. Sinon comment expliquer qu'ils ne nous pas de nouveau tomber dessus avec tout le barouf que nous avons fait ?

Je réfléchi une minute au raisonnement de Gabe. Ce dernier se tenait, même si l'idée que notre sécurité ne reposait que sur l'effet répulsif d'une créature à demi-infectée postée devant la porte, n'était pas très rassurante. J'avais envie de me lever pour aller prendre de ses nouvelles, voir s'il allait bien, mais je sentais le sommeil grignoter ma conscience petit bout par petit bout, sans que je ne puisse lutter.

— Dors, repose-toi, me chuchota Gabe à l'oreille tandis que je sombrais doucement dans le sommeil. Je vais aller voir s'il va bien.

Je n'eus même pas le temps de le sentir se lever que je sombrais déjà dans un doux néant cotonneux.

***

Lorsque je m'éveillai, j'étais seule. La froideur du matelas à mon côté, m'apprit que cela faisait un moment que Gabe était parti. Une autre sorte de froid m'envahit aussitôt tandis que je me relevais précipitamment. Trop, puisqu'un étourdissement me saisit, illuminant ma vision de tâches sombres et de points dorés. J'attendis que les effets de mon mouvement trop brusque s'attenus, ne pouvant empêcher mon esprit d'échafauder les pires des scénarios. Ce n'est que lorsque je m'approchai de la porte que les bruits de voix me parvinrent. Déjà partiellement soulagée, je tournai la poignée et sortis dans le couloir.

Les deux hommes tournèrent la tête dans ma direction dès qu'ils m'entendirent et un sourire amusé fleurit sur les lèvres de Lynch devant mon air interloqué.

— J'ai dormis combien de temps ? parvins-je à articuler, mon regard rivé sur l'homme qui, il y avait à peine quelques heures de ça, faisait encore partit des éveillés.

— A peine quelques heures, la nuit n'est pas encore tombée.

— Waouh ! fut tout ce qui parvint à sortir de ma bouche, alors que je contemplais toujours l'homme à l'aspect parfaitement normal qui se trouvait assis à peine deux mètres devant moi.

Je m'avançai de quelques pas, le fixant d'une manière très peu polie, mais je ne pouvais m'empêcher de chercher des signes qui révèleraient la présence du virus. Sa peau couleur chocolat ne portait plus aucune marque de l'affreuse infection. Plus aucun bouton, pustule ou boursouflure ne déparait son épiderme à présent lisse et sain. Ses deux prunelles marron foncé, dont toute trace de folie avait disparue, me renvoyaient paisiblement mon regard. C'est alors que mon regard glissait vers son torse que je remarquai la tache rouge sombre maculant le tissu de son tee-shirt.

— Vous êtes blessé ? m'exclamai-je, en m'avançant encore de quelques pas.

— Ton sang n'a pas fait que le guérir de l'infection, il a aussi refermé la blessure par balle, m'expliqua Lynch en se levant. J'ai vérifié.

Abasourdie, je secouai la tête bêtement, absolument consciente d'être ridicule mais... même moi je ne guérissais pas aussi vite ! C'était... dingue, voir limite effrayant !

— Merci. Même si ce n'était pas volontaire, merci de m'avoir sauvé, surtout après ce que j'avais fait, déclama l'homme d'une voix basse et vibrante, en accord avec son physique.

— Rem n'est pas blessée et vous étiez malade, ce n'était pas votre faute, tentai-je maladroitement de le réconforter.

— Hayden, je te présente Jin, m'informa Gabe, finissant de me stupéfier pour de bon.

Combien y avait-il de chance pour que l'éveillé qui ait attaqué Rem, se trouve être le fiancé de Myna ? Après, cela ne pouvait être qu'une coïncidence mais, Jin n'était quand même pas un prénom très courant ! J'étais sur le point d'ouvrir la bouche pour demander des précisions à l'intéressé, lorsque un bourdonnement sourd, à la limite de l'audible se mit à résonner, faisant presque vibrer l'air, avant d'exploser.


Virgin Territory-Isolated System Tome 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant