Chapitre 18-1

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Nel accusa le coup mais sans montrer plus de surprise que cela.

— Pourquoi moi ? demanda-t-il néanmoins d'une voix calme.

— Au vus de ce qu'il m'a été rapporté, vous seriez plutôt prompt à réagir à la menace...j'aimerai juger de cela de mes propres yeux.

— D'accord, mais qu'est-ce qui me prouve que ce n'est pas une tactique pour m'éliminer ? Désolée, musclor n'a pas su contrôler sa force, oups ! la singea-t-il d'une ridicule voix aigrelette en affichant un sourire tout aussi faux que le sien.

— Ceci est juste un entraînement, il n'est pas question de blesser l'autre, seulement de le maîtriser le premier.

— Le couteau de boucher, il est là pourquoi alors ?

— Pour la motivation ! On ne donne jamais le meilleur de soi lorsqu'il n'y a pas une vraie menace ou un véritable enjeu et nous avons besoin de connaître vos réaction en situation réelle, donc...vous acceptez ou non ?

Tous les regards étaient à présent tournés vers Nel, qui au final, n'avait plus vraiment le choix. S'il refusait, il devrait quitter la pièce et renoncer à l'opportunité, dangereuse certes mais unique, de quitter la ville empoisonnée et de tenter de sauver les siens. Sans compter qu'il passerait pour un lâche ! En résumé il était coincé et il le savait.

— C'est d'accord, finit-il par lâcher, en s'avançant à son tour sur l'arène de sable, tandis que Connors en sortait et se postait à la limite des dalles en acier, signifiant par sa posture, qu'il allait observer le combat et serait prêt à intervenir en cas de besoin.

Le sourire de Lévantis s'étira encore davantage si c'était possible, alors qu'elle levait ses bras au-dessus de sa tête et tapait trois fois dans ses mains. Lynch, qui était lui aussi debout à l'autre extrémité des rangées de bancs et n'avait pas bougé d'un pouce depuis le début, tourna soudain la tête lorsqu'une porte, en haut de l'un des échafaudages métallique, s'ouvrit en grinçant. Six gardes non armés, pénétrèrent sur la passerelle. Quatre y restèrent, tandis que les deux derniers commençaient à descendre les marches en portant entre eux une caisse en bois oblongue.

— Voici les armes que vous nous aviez demandées, expliqua-t-elle alors que les deux hommes déposaient la caisse non loin de Nel, avant de retourner rejoindre les autres en hauteur.

— Ils sont là pourquoi, eux ? demanda Nel, toujours soupçonneux en basculant le couvercle.

— Juste pour observer. Je vous donne ma parole qu'ils n'interviendront pas. À présent faites votre choix.

Nel s'accroupit devant la caisse et je vis un petit sourire étirer ses lèvres tandis qu'il se saisissait de plusieurs petits couteaux, qu'il répartit équitablement entre ses deux mains, avant de se relever.

— Je suis prêt, dit-il en s'avançant vers Sid.

À peine Lévantis avait-elle donné son feu vert, que Nel tournait les talons et s'enfuyait à toutes jambes vers le fond de la pièce, sous les regards ébahis et consternés des changeants que j'entendis murmurer.

— C'est ça le courage des changeants ? Tu prends la fuite ! s'exclama Sid dans un éclat de rire moqueur. La salle est close tu sais, te sauver ne te servira à rien, ajouta-t-il en s'avançant d'un pas tranquille dans la même direction.

De petits bruits secs et métalliques, indiquant que Nel grimpait sur l'une des plateformes, résonnèrent soudain distinctement dans le silence oppressant qui régnait à présent.

— Tu crois vraiment que je ne pourrais pas t'atteindre là-haut ? s'esclaffa une nouvelle fois Sid, la tête levée vers le ciel, cherchant à quel niveau exactement Nel se trouvait.

— Encore faudrait-il que tu sois assez rapide pour cela ! lui répondit-il enfin d'une voix méprisante et emplit de sarcasme. Je ne me sauvais pas, je prenais juste de la hauteur, crétin ! ajouta-t-il avant de lever les bras dans un geste sec et précis.

Les couteaux de lancer s'élevèrent de ses mains comme par magie, avant d'être propulser vers Sid à une vitesse ahurissante. Ce dernier, momentanément figé par la surprise, finit par réagir mais trop tard. Sa roulade latérale lui permit d'éviter les cinq premiers projectiles, mais pas le dernier, qui s'enfonça dans son bras en lui arrachant un bref cri de douleur.

Piqué au vif, Sid se releva prestement et d'un geste vif, retira la lame de sa chair avant de le jeter au loin.

— Alors, je suis toujours un trouillard inutile ? le provoqua Nel de la passerelle intermédiaire où il se trouvait, tout en se déplaçant lentement vers sa droite.

— Je dois avouer que c'est bien joué, mais à présent...tu es désarmé, lui répondit Sid avec un sourire froid et calculateur en se mettant à courir vers l'échelle la plus proche.

— ça c'est ce que tu crois !

À peine avait-il terminé sa phrase que les lames tombées au sol, s'élevaient de nouveau dans les airs d'un simple appel de ses doigts. Sid les évita avec agilité, s'écartant à la dernière seconde, avant de se précipiter sur les couteaux pour s'en saisir, avant que Nel ne puissent les envoyer sur lui une nouvelle fois.

— C'est une bonne idée, comme quoi, tu n'es pas si bête ! Mais ça ne m'arrêtera pas. À ta place je les lâcherais, enfin...si tu tiens à tes mains !

Toute l'assemblée retenait son souffle. Allait-il vraiment le faire ? Blesser Sid délibérément alors que ce n'était qu'un entraînement. La lueur noire et déterminée que j'aperçus dans son regard me disait que oui. Il jouait les sauveurs bienveillants et uniquement intéressé par le bien-être de ses semblables mais cet homme était dangereux.

Alors que les secondes s'étiraient en minutes, nous vîmes l'un des couteaux frémir dans la main gauche de Sid. Ce dernier, par reflexe, desserra les doigts mais sans pour autant lâcher les lames.

— Qui me dit que tu ne bluff pas pour pouvoir me taillader dès que les couteaux seront au sol ?

— Rien. En fait, tu es échec et mat. Quoi que tu décides, je gagne, dit-il en abaissant doucement les bras. Je crois que l'on peut dire que je suis vainqueur ? dit-il à Lévantis en l'interrogeant du regard.

— Voilà exactement ce que je voulais voir ! s'exclama-t-elle en applaudissant.

Une clameur soulagée, s'éleva des bancs où étaient installés les changeants, tandis que Nel commençait à redescendre.

— Maintenant...voyons voir ce que vous valez tous ensemble, face à un ennemi invisible et commun ! s'écria-t-elle alors qu'elle sortait rapidement de la pièce avant de plonger cette dernière dans une obscurité absolue.

Une série de cliquetis et de bruits de glissement métallique retentirent dans le silence assourdissant qui suivit les premiers cris de surprise apeurés. Alors que tout le monde cherchait encore à comprendre ce qu'il se passait, des bruits de petites pattes galopants sur du métal se mirent à résonner, alors que des centaines de lueurs jaunes apparaissaient soudain au milieu du néant. 

Virgin Territory-Isolated System Tome 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant