Chapitre 42-1

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Le regard perçant que me lança aussitôt Connors, m'apprit qu'il avait remarqué mon trouble et comprenait exactement ce que cela signifiait.

— Si Hayden a une prémonition, il faut l'écouter, croyez-moi !

— En quoi ses... intuitions seraient-elles plus fiables que les vôtres ou les miennes ? De par mon expérience de la vie et de la mort dans cette partie du monde, je peux vous affirmer avec certitude que moins nous serons nombreux à nous rendre au générateur, plus nous aurons de chances d'en sortir tous vivant.

La voix de Sean, teintée d'urgence, avait malgré tous les accents de la sincérité. Cet homme me déroutait complètement, je ne savais pas comment le cerner.

— Et moi, je vous affirme que si nous nous séparons, quelque chose d'horrible va se produire !

— Et quoi exactement ?

— ça je ne peux pas le savoir. Ce ne sont que des avertissements vagues, des impressions mais elles sont toujours justes ! ajoutai-je plantant mon regard dans le sien.

A mesure que je parlais, ma prémonition se renforçait, m'envoyant des alertes sous forme de frissons de plus en plus fréquents et intenses.

— Nous ne devons pas rester là ! ajoutai-je sentant la panique gagner ma voix.

Cela dû suffire à convaincre Sean, car après avoir jeté un coup d'œil à Josef puis à Connors, il me fit un petit signe de tête et rappela ses hommes.

— Très bien, je veux bien me fier à vous sur ce coup-ci. Mais vous suivrez tous à la lettre mes instructions, ce n'est pas négociable ! Très bien, commenta-t-il lorsque tous le monde eut approuvé. Le chemin jusqu'au générateur est tortueux et dangereux. Restez dans mes pas et imitez tous ce que je fais, si vous faites cela, il ne devrait pas y avoir de problème. En revanche, si pour une raison ou une autre, l'un de vous est blessé, prend du retard ou reste en arrière, tant pis pour lui, on ne reviendra pas le chercher.

Les regards apeurés et résignés que me lancèrent Rem et Hector, me firent mal au cœur et je me demandai, durant quelques secondes, si j'avais bien fait d'inciter Sean à tous nous emmener. Peut-être qu'au final, je leur faisais courir un plus grand risque qu'en restant ici ? Le courant acide que je sentis traverser mon dos et hérisser les poils de mes bras et de ma nuque, me confirma que non. Si nous restions, ce serait pire.

— Par sécurité, je préfèrerai que nous fassions au moins deux tubes de prélèvement avant de nous mettre en route. Mon assurance, vous n'y voyez pas d'inconvénient ? me demanda-t-il avec un sourire froid.

— Non, lui répondis-je en remontant aussitôt ma manche, avant de lui tendre mon bras. Mais faites vite, nous n'avons plus beaucoup de temps ! le provoquai-je sur le même ton, ne parvenant toujours pas à comprendre son comportement.

Rem nous rejoignis aussitôt, garrot, seringue et tubes dans les mains. Sans un mot Sean lui laissa sa place tandis qu'il rassemblait tous les autres dans la pièce d'à côté, nous laissant seules les quelques minutes nécessaires.

— Je suis désolée...

— A quel jeu il joue ?

Nos deux phrases se télescopèrent alors que nous les prononcions en même temps, tandis que je grimaçai légèrement lorsque l'aiguille glacée pénétra ma peau.

— Désolée, mais je n'ai trouvé que ça dans le matériel stérile qui restait, s'excusa-t-elle en me désignant d'un signe de tête l'aiguille à présent relié à un tube dans lequel s'écoulait mon sang jusqu'à une poche transparente.

Je n'avais jamais eu peur du sang et voir le mien s'écouler paresseusement de mon bras ne me dérangeait pas. Mais la sensation qu'un danger se rapprochait se faisait de plus en plus clair dans mes os, me rendant nerveuse et n'ayant plus qu'une seule envie, arracher l'aiguille de ma peau et partir de cet endroit le plus vite possible.

— Rem, tu as terminé ?

Alertée par le ton de ma voix, elle ne me posa aucune question et se contenta d'enlever aussitôt l'aiguille avec des gestes simples et efficaces. Tandis que j'appuyais aussitôt sur le point de piqure pour éviter de mettre du sang partout, elle s'empressa d'attraper une seringue qu'elle avait préalablement préparer et commença à transvaser une partie du sang dans une autre poche.

— Il vaut mieux qu'il y ait deux contenant distincts, au cas où, m'expliqua-t-elle d'elle-même devant mon regard interrogatif.

— Ce sont des précautions inutiles. Je compte bien être toujours là pour pouvoir en redonner si nécessaire ! lui lançai-je avec un petit sourire, malgré la peur qui me nouait à présent les entrailles. Rem, dépêche t...

Le claquement sec et caractéristique d'un morceau de verre qui se brise m'interrompit instantanément. Tout de suite en alerte, je me tournai en direction du son, ma lame déjà en main. La porte par laquelle nous étions arrivée était à présent ouverte, mais sinon... rien ! Ce n'était pas possible ! me dis-je en scrutant fébrilement tous les recoins visibles de la pièce sans distinguer la moindre ombre, ou forme suspecte. C'est lorsque je sentis le déplacement d'air, suivi du cri strident de Rem, que je compris... mais trop tard. L'éveillé se laissait déjà tomber de l'entrelac de tuyaux courant au plafond.

Il atterrit lourdement sur le sol devant moi, me ratant de trente bons centimètres et c'est ce qui me sauva. Sans lui laisser le temps de reprendre ses esprits, je me jetai sur lui, lame en avant, visant les yeux. Mais même si ses réflexes étaient ralentis, il parvint à contrer mon attaque, interposant son bras entre le couteau et son cou. Ce dernier s'enfonça dans sa chair avec un écœurant bruit mouillé sans que cela ne lui arrache le moindre cri ou réaction. Je me reculai alors qu'un sang épais et nauséabond m'éclaboussait le visage et les bras, manquant me faire vomir.

— À l'aide ! entendis-je Rem hurler derrière moi, sa voix désespérée noyée dans le tintement métallique du plateau d'instruments tombant au sol.

Je n'eu même pas le temps d'amorcer ma course pour tenter de la rejoindre, que mon adversaire m'attrapait par le bras et me tirait vers lui avec une telle force que j'eu peur qu'il ne m'ait démis l'épaule. Je me cognai violement contre lui tandis qu'il essayait déjà de me mordre le bras. Paniquée et mon bras toujours coincé dans sa poigne de fer, je ne parvenais pas à me dégager. Dans un ultime effort et à court de solution, je rejetai la tête en arrière avant de la jeter de toute mes forces sur celle de mon adversaire. Le son creux qui retentit sembla résonner jusque dans ma colonne vertébrale et mes oreilles se mirent à teinter. Sonnée, je sentis néanmoins sa poigne faiblir et en profitais pour me dégager. Malgré ma vision floue, je repérai le couteau au sol non loin de moi et me ruai dessus pour m'en emparer avant de pivoter d'un quart de tour vers la gauche et de le lui planter dans l'œil. Un horrible cri sortit de ses lèvres tandis qu'il se griffait le visage avant de s'effondrer pour de bon, finissant de se vider de son sang sur le carrelage crasseux.

Hébétée et sonnée, je m'écartai aussitôt de la dépouille puante et tant bien que mal me précipitai au secours de Rem. Lorsque je l'atteignis, le second éveillé était sur le point de la mordre, la pauvre le visage déformé par l'horreur, peinant de plus en plus à éloigner son affreux visage du sien. Privée de mon arme j'étais impuissante. J'essayai de l'écarter d'elle en le saisissant par les bras, mais rien à faire, même pour moi, il était beaucoup trop fort !

C'est alors que j'avisai la seringue, gisant au sol, à mes pieds. Je la ramassai et dans un rugissement furieux la plantai dans le cou du monstre, au moment où Sean et Connors déboulaient dans la pièce. 

Virgin Territory-Isolated System Tome 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant