Chapitre 1-1

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Cela faisait à peine une heure que la nuit était tombée et j'étais perdue dans mes pensées, les yeux rivés sur le ciel noir. Je me délectais de la vue des centaines de millier d'étoiles scintillantes qui parsemaient le ciel et lui donnaient l'aspect d'un bijou magnifique et scintillant. C'était la première fois que je pouvais réellement contempler le ciel, sans le film de la barrière de protection pour en modifier l'aspect et j'avais un mal fou à en détacher le regard.

Pourtant ce dernier fut attiré presque malgré lui vers l'homme allongé derrière moi sous le maigre abri de branchage. Connors dormait à présent, mais sa respiration forte et son sommeil agité m'inquiétait. J'avais soigné sa blessure comme je l'avais pu, mais je craignais qu'il n'ait de la fièvre et déclenche une infection, faute de soins appropriés.

Je m'approchai de lui et posai doucement ma main sur son front. Il était moite et brulant et cette constatation me terrifia. Je m'empressai de sortir de notre refuge et grâce à la lueur de la lune, pus me repérer sans trop de problème dans ce nouvel environnement. Je passai près du feu de camp où les autres étaient rassemblés, discutant à voix basse. J'arrivai au petit ruisseau assez rapidement et m'empressai d'arracher un bout de mon tee-shirt déjà mal en point, que je trempai dans l'eau fraîche pour l'imbiber.

J'en profitai pour me passer une nouvelle fois de l'eau sur le visage et sur les bras savourant la sensation de l'eau clair sur ma peau. C'était l'une des premières choses que nous avions faites, une fois notre euphorie retombée, me remémorai-je soudain. Joie qui n'avait pas duré longtemps quand nous nous étions rendu compte de l'état grave dans lequel se trouvait Connors. Penser à lui me ramena à la réalité et je m'empressai de rebrousser chemin.

— Comment-va-t-il ? me demanda Blake, le frère de Connors, en se levant pour me rejoindre.

— Il a de la fièvre, me contentai-je de lui répondre sans m'arrêter.

Je retournai sous l'abri et me dépêchai de déposer le linge mouillé sur le front de Connors, espérant que cela ferait un peu baisser sa température.

— Hayden...il faut que tu te reposes, me dit gentiment Blake en me posant une main sur l'épaule, qu'il enleva aussitôt en me sentant me crisper sous ses doigts.

Son geste était prévenant, mais j'avais toujours eu horreur que l'on me touche.

— Je vais prendre le relais. Va manger quelque chose.

Abrutie par la fatigue et par l'angoisse, je lui obéis machinalement et m'affalai plus que je ne m'assis à côté de Lynch, dans la terre douce et tiède. Nous avions allumé un feu, plus par peur des prédateurs, que par véritable besoin de chaleur. L'air ambiant était agréable, à la fois doux et tiède. Lynch me tendit une pomme que je pris sans un mot. Je savais pour en avoir déjà mangé une, quelle serait délicieuse et juteuse. Mais même si j'étais affamé, l'anxiété m'empêchait de manger.

— Il va s'en sortir, c'est un battant, me dit soudain Lynch pour me rassurer. Ce qui était étrange car ce n'était pas vraiment son genre d'ordinaire.

— Peut-être...et après ? intervint Lada, d'une voix légèrement agressive. Qu'allons-nous faire ? On ne peut pas rester ici éternellement, il faut que l'on retourne à l'intérieur...qu'on les prévienne, qu'on les aides ! On ne peut pas tous les laisser mourir !

— Bien évidemment, lui répondit Lynch d'une voix exaspérée ! Et nous nous y emploierons demain. En attendant geindre et accabler les autres ne nous mènera nulle-part !

— Nous suivrons le plan de Connors intervins-je enfin. Un groupe partira explorer les environs et le second cherchera un moyen de retourner à l'intérieur. En attendant, nous devons reprendre des forces.

Je me levai à nouveau, ma pomme toujours intacte dans les mains, quand Lynch stoppa mon mouvement de la sienne. Cette fois-ci je ne me dérobai pas, il était l'une des rares personnes dont j'acceptai le contact sans broncher.

— Son frère vieille sur lui. Tu ne peux rien faire de plus pour le moment. Mange et repose-toi, m'ordonna-t-il doucement en m'attirant vers lui.

J'étais tellement épuisée et déboussolée que je me laissai faire et acceptai de me caler contre son épaule. Autour de nous, tout le monde avait fait de même, cherchant un peu de réconfort dans le contact des uns et des autres. Nous étions heureux et ravie d'être enfin à l'extérieur du dôme de protection. Nous y avions découvert un environnement sain et propice à la vie, promesse d'un futur meilleur pour tous les habitant de la ville prisonnière du champ de force...si nous parvenions à les prévenir et à briser celui-ci.

Perdue dans mes pensées, je m'assoupie, plongeant dans un rêve inquiétant et étrangement silencieux. Je m'éveillai en sursaut, la poitrine oppressée par une cause inconnue. Quelque chose m'avait réveillée...mais quoi ? Autour de moi, tout le monde dormait. Le feu, presque totalement éteint, ne projetait plus que quelques lueurs éparses sur les arbres alentours. C'est à ce moment que ça me frappa...le silence. Lourd, oppressant, totale. Plus aucun son ne venait égayer la nuit. Plus de chant d'insectes, ni de bruits d'animaux nocturnes. Même le vent semblait s'être tu tout à coup.

— Lynch ! Lynch, réveillez-vous ! murmurai-je en le secouant.

Il ouvrit presque immédiatement les yeux, son arme de fortune déjà à la main.

— Quoi ? Que se passe-t-il ?

— Je ne sais pas...mais il n'y a plus aucun bruit...ce n'est pas normal !

Il écouta à son tour quelques secondes, avant de se lever en silence.

— Aide-moi à réveiller les autres. Nous devons nous mettre à l'abri.

J'avais à peine fait un pas en direction d'Oliver, qu'une violente bourrasque se leva soudain, balayant notre camp de fortune et manquant de peu de me jeter à terre. Je m'étais à peine stabiliser, qu'une horrible odeur suivit accompagné de cris rauques et terrifiants. Le temps que nous comprenions que l'attaque venait du ciel, il était déjà trop tard. La horde fondit sur nous dans un tourbillon mortel, ne nous laissant qu'un seul choix...la fuite.

C'est accompagné du son funeste des cris de mes amis et aveuglé par les tourbillons de poussières que je me mis à courir, cherchant à fuir cet ennemi invisible et mortel.

Virgin Territory-Isolated System Tome 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant