Chapitre 29-2

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Dorénavant pétrie d'angoisse, je contournai le feu de camps et m'enfonçai à travers les arbres à la recherche de Lynch. Je finis par le trouver, à la lisière du bois, radio à la main.

— Toujours rien ?

Il se retourna brusquement à l'entente de ma question anxieuse et d'un simple signe de tête, m'apprit ce que je craignais. Il persévéra néanmoins encore quelques minutes avant de se résigner et de remettre l'appareil dans le sac à dos, pour le protéger de l'humidité matinale.

— Il se passe quoi à ton avis ? demandai-je en m'approchant.

— Si j'étais d'un naturel optimiste, je dirais une panne de matériel, mais...

— Quelles sont nos options ?

— Limitées. Je pensais aller rejoindre le reste du groupe à la grotte et si d'ici notre arrivée, nous n'avons toujours pas de nouvelle du groupe de Connors, y aller pour voir ce qui se passe.

— Ce qui voudrait dire, abandonner notre objectif premier ?

—Non, juste le différer. Malheureusement, nous ne sommes plus à quelques journées près.

— Tu veux dire, que malgré la mise en garde plus qu'explicite qu'Hayden à trouver, tu comptes quand même y aller ? demanda Nel en sortant d'entre les arbres.

— Parce que tu vois une autre solution ? Tu préférerais que l'on abandonne ? Ce n'est peut-être qu'un stratagème pour nous en éloigner.

— Et si ce n'est pas le cas ?

— Au moins nous serons fixés ! Allez regrouper les affaires. Je retente une fois encore de les joindre et ensuite, on partira au-devant des autres. Ça te va ? demanda-t-il à Nel de mauvaise grâce, lui faisant bien sentir que son ingérence l'agaçait.

— Ok, se contenta-t-il de répondre avant de rebrousser chemin sans m'attendre.

Je le suivis, mais m'arrêtai au bout de quelques mètres. Dressant l'oreille, j'essayai d'entendre ce qu'il se passait du côté de Lynch. Cela pouvait paraitre idiot d'agir comme cela, j'aurais pu rester avec lui, il ne m'aurait pas chassé. Mais la peur m'avait fait fuir. La peur qu'il n'y ait encore rien à l'autre bout, ou au contraire, de mauvaises nouvelles. Au final, le besoin de savoir avait été le plus fort, mais aucun son ne me parvint. Une boule au ventre, j'allais rejoindre les autres et une fois nos sommaires préparatifs terminés, nous nous mîmes en route, nos regards inquiets rivés sur le ciel plombé.

Heureusement il ne plut pas et quelques rayons de soleils transperçaient timidement la couche ouatée, lorsque nous fîmes notre première halte. L'essaie de Lynch pour contacter Connors s'étant encore révéler infructueux, nous nous apprêtions à repartir plus angoissés que jamais, lorsque des bruits de pas retentirent.

Alarmés, nous nous empressâmes de nous dissimuler derrière un tronc couché au milieu des hautes herbes. Les secondes puis les minutes passèrent. La position accroupis commençait à devenir pénible, sans compter les insectes qui nous voletaient autour, s'insinuant dans nos cheveux et sous les manches de nos vêtements. Au terme de plusieurs autres minutes de supplice, nous finîmes par nous relever précautionneusement et c'est dans le plus grand silence que nous reprîmes notre marche.

— Vous voyez bien que c'était eux, je vous l'avais dit ! s'exclama une voix familière qui nous fit sursauter, alors qu'Isy se relevait des hautes herbes où elle s'était couchée.

Elle aida Oliver à faire de même, tandis que le reste du groupe nous rejoignait.

— Heureuse de vous retrouver, dis-je à Isy et Oliver en les prenant rapidement dans mes bras.

— Pourquoi êtes-vous là ? Nous ne devions pas nous retrouver plus loin ?

— C'est exact, mais...nous n'arrivons pas à joindre les autres, leur apprit Lynch d'une voix grave en récupérant la radio dans son sac à dos, pour refaire un essai.

Un silence lourd de sens suivit sa déclaration, si bien que lorsque les premiers sons hachurés nous parvinrent au milieu des crachotis de réception, ils semblèrent résonner comme un coup de tonnerre.

« I...c... Bla... Vous m'ent...ez ? »

— Très mal, mais on te reçois Blake, lui répondit Gabe, un intense soulagement transparaissant dans sa voix. Que se passe-t-il ? Tout va bien de votre côté ?

« A....é, ...ors dis...u .... »

— Blake, je ne comprends rien ! La réception est trop mauvaise. Tu peux te déplac...

La fin abrupte de la connexion, coupa net la parole à Lynch, qui me fixa automatiquement d'un air inquiet.

— Tu as compris quoi, toi ? me demanda-t-il tandis que des questions légitimes mais inutiles, fusaient de toutes parts.

— Rien, mais ce que j'ai extrapolé ne me plait pas du tout, lui répondis-je dans un murmure inquiet.

— Vous pensez qu'il y a un problème là-bas ? nous demanda discrètement Isy en s'approchant avec Oliver.

— Je préfèrerai me tromper, mais je pense que oui. La question est devons-nous y retourner pour vérifier ou non ?

— Pourquoi ne pas refaire comme hier ? Séparons-nous une nouvelle fois. Un groupe part en éclaireur vers l'autre cité pendant que les autres rebroussent chemin ?

La proposition d'Oliver était loin d'être idiote, mais comprenait tout de même des risques non négligeables, surtout qu'ils n'étaient pas au courant de toutes les informations. Après nous être concertés d'un bref regard, nous expliquâmes sommairement aux autres ce que nous avions découvert et l'aide mystérieuse dont nous avions bénéficié. Après plusieurs minutes de palabres, nous nous mîmes enfin d'accord.

Nous garderions la radio et continuerions vers la cité pendant qu'Isy, Oliver et tous ceux qui voulaient les suivre (c'est-à-dire presque tout le monde), iraient porter assistance au groupe de Connors. Initialement, mon idée était de faire partie de ce dernier, mais au vue du peu de volontaire j'avais préféré soutenir Lynch. Nous nous séparâmes rapidement, ne faisant pas traîner les adieux et les conseils inutiles de prudence. Maintenant conscient que si nous restions dans l'obscurité durant la nuit, les oiseaux ne nous attaqueraient pas, nous décidâmes d'avancer le plus possible sans nous soucier de l'abri. N'étant plus que cinq nous pourrions en construire un sommaire par nous-même sans trop de problèmes.

Nous ne fîmes quasiment pas de pause, enhardis par l'atmosphère agréable et l'ombre protectrice des falaises abruptes et magnifiques nous surplombant. Nous arrivions en vue d'un étroit canyon lorsque nous les aperçûmes.

Au loin, des squelettes blanchâtres renvoyaient les faibles rayons du soleil, brillant d'une opalescence sinistre dans la semi pénombre du ravin. 

Virgin Territory-Isolated System Tome 2 Where stories live. Discover now