Chapitre 42-2

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— Ne tirez pas ! entendis-je Sean ordonner à Connors, alors que ce dernier avait déjà mis le monstre en joue.

Il hésita une fraction de seconde, suffisamment pour que l'éveillé est le temps de se retourner et m'attrape par le cou, avant que la balle ne l'atteigne à l'épaule l'obligeant à me lâcher. Tandis que je m'écroulais au sol la respiration sifflante, Connors tira encore deux balles sur la créature qui finit par tomber à son tour.

— Non mais ça va pas ? Je vous avais dit de ne pas tirer !

— Vous auriez préféré que je le laisse leur arracher la tête ? Non mais c'est quoi votre problème ?

— Mon problème va devenir le votre dans très peu quand, quand la meute d'éveillés attirée par vos tirs va nous tomber dessus !

— Donc vous les auriez laisser mourir ? s'insurgea Connors, déjà à mes côtés pour m'aider à me relever.

— De toute manière, dans l'état où elles sont, ce n'est plus qu'une question de temps, elles ne pourront pas suivre le rythme.

Le bruit caractéristique d'un pistolet que l'on arme, résonna soudain dans la pièce silencieuse, alors que Nel pointait son arme sur la tête de Sean.

— Si tu suggères encore une fois de laisser qui que ce soit en arrière, je tire. Et ne crois pas que j'hésiterai.

— Tu devrais, vous avez besoin de moi pour vous conduire jusqu'au générateur.

— Eh non, rejoue encore ! Josef aussi connait le chemin, connard !

Tout ce qui traversa le visage de Sean, vu un signe d'agacement tandis qu'il se retournait vers Nel. C'est alors que des cris et des bruits de courses maladroites se mirent à retentirent quelque part dans le bâtiment.

— Merde ! On a plus le temps ! Ramassez votre copine et suivez-moi ! s'écria-t-il en écartant l'arme de sa tête comme s'il s'était agi d'un jouet pour enfant, avant de rejoindre la sortie sans nous attendre.

— Ce type est un vrai sociopathe ! commenta Nel alors qu'il aidait Rem encore sous le choc et sonnée à se mettre sur ses jambes.

— Vous n'avez aucune idée de ce par quoi il est passé, commenta Josef d'une voix sombre et désapprobatrice en apparaissant dans l'embrasure de la porte. Vite, il faut sortir d'ici.

Titubante, je me laissai entraîner par Connors, essayant de reprendre mes esprits. J'avais mal à la tête et du mal à accommoder ma vision alors que nous enfilions les couloirs au pas de courses.

— Comment va Rem ? demandai-je à Connors en essuyant d'un revers de manche le sang qui suintait au-dessus de mon œil droit.

— Elle est avec Nel, elle suit, me répondit-il en se retournant brièvement pour vérifier. Merde, ils arrivent ! Courrez ! cria-t-il soudain en accélérant l'allure.

Électrisée par la peur que je pouvais lire dans ses yeux, je me forçai à accélérer et surtout à ne pas me retourner, jusqu'à ce que Nel m'interpelle.

— Bordel ! Ils sont trop nombreux ! Hayden, occupe-toi de Rem, me dit-il en la poussant dans mes bras tandis qu'il se retournait, arme à la main, vers la demi-douzaine d'éveillés qui arrivaient sur nous.

Il ouvrit aussitôt le feu, en abattant les deux plus proche d'une balle dans la tête. Mais alors qu'il en fauchait un troisième, une nouvelle vague arriva d'un couloir transverse.

— Nel, ils sont trop nombreux ! On ne les arrêtera pas comme ça, cours ! l'admonesta Connors, alors que nous fuyons désespérément, Sean et les autres à présent loin devant nous.

Ils étaient presque parvenus au bout du long double couloir dans lequel nous venions de déboucher, lorsqu'un coup violent et sourd fit trembler la porte qui s'ouvrit sous l'impact. Ses battants allèrent se fracasser sur les murs tandis qu'un nouveau groupe de monstre s'en déversait, nous prenant à revers.

Dans une exclamation et un mouvement désespéré, Sean imita Nel et comme lui quelques secondes auparavant tira dans le tas, aidé de ses hommes, tandis que Josef attrapait Hector et bifurquait dans un nouveau couloir.

— Suivez-le ! m'ordonna Connors, tandis qu'avec Nel, ils s'apprêtaient à faire un tir de barrage sur nos poursuivants, espérant ainsi donner le temps à Sean et ses hommes de nous rejoindre.

La peur de le perdre et l'envie de les aider étaient fortes, mais mon rôle actuel était de protéger Rem, qui complètement traumatisée, ne semblait plus capable de mettre un pied devant l'autre sans aide, son regard paniqué rivé sur les créatures.

— Il faut bouger Rem, vite ! lui criai-je pour me faire entendre au travers des bruits de détonations.

Je l'entrainai derrière-moi sans attendre sa réponse, essayant de fermer mon esprit au staccato des armes et aux grognements des monstres, ainsi qu'aux odeurs de poudre brulée et de sang qui saturaient mes sens. Nous débouchâmes dans le couloir à temps pour voir Josef et Hector disparaître par la troisième porte sur la gauche.

— Vas-y, suis-les ! ordonnai-je à Rem une fois devant la porte, consciente que si je la passais à mon tour, j'abandonnais Connors et Nel à leur sort.

— Tu ne viens pas ? parvient-elle à me demander d'une voix tellement tremblante que j'eus du mal à la comprendre.

Je m'apprêtais à lui répondre de foutre le camp de là, lorsque quatre silhouettes déboulèrent enfin dans le corridor. Poussant Rem à l'intérieur, je leur maintins la porte ouverte tandis qu'ils s'engouffraient à l'intérieur, Nel et Connors faisant heureusement partis du lot.

— Vite, verrouillez la porte, m'ordonna Sean, à bout de souffle en s'appuyant brièvement contre le mur, avant de se diriger vers le fond de la pièce où s'ouvrait plusieurs fenêtres fracassées.

C'est en me retournant vers le battant que je vis les verrous. Je les poussai aussitôt, consciente qu'ils ne dureraient pas bien longtemps, alors que le premier coup ébranlait déjà la surface métallique. C'est tous hagards et couverts de sang que nous rejoignîmes Sean et Josef, déjà en train de se hisser sur l'un des montants encore hérissés d'éclats tranchants.

— Nous ne sommes pas encore tiré d'affaire, par ici ! nous ordonna-t-il alors qu'un nouveau coup ébranlait la porte et qu'ils sautaient dans le vide.

Avec des gestes frénétiques et nerveux, Nel aida un Hector tremblant à grimper à son tour, tandis que Connors faisait pareil avec Nel. Lorsque la porte céda, il ne restait plus que moi et le dernier homme de Sean encore en vie. Sans réfléchir je me ruai sur l'une des fenêtres et sans réfléchir, me jetai dans le vide.

L'air frais souleva mes cheveux alors que je chutai brièvement dans l'obscurité. Mon cœur battait à mes oreilles et l'adrénaline ressemblait à du courant électrique dans mes veines, lorsque j'atterris lourdement sur le sol instable. Connors me stabilisa aussitôt et ne me donnant même pas le temps de reprendre mes esprits m'entraina de nouveau dans une course éperdue.

Nous nous trouvions sur une sorte de remblais, surplombant un bâtiment écroulé. Certainement une des annexes de la clinique. Le chemin étroit était dangereux et glissant et nous fûmes bientôt contraint de ralentir l'allure pour finir par marcher. Nous étions presque parvenus en lieu sûr, lorsque qu'un grognement sourd et bestial me fit lever instinctivement la tête. Déséquilibrée par mon mouvement brusque, je fis un pas de côté. Mon pied dérapa sur un morceau de poutre et ma cheville céda sous mon poids.

Lorsque j'entendis le cri de désespoir de Connors, j'étais déjà en train de dégringoler dans l'abime obscure s'ouvrant en contrebas. 

Virgin Territory-Isolated System Tome 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant