Cobayes : Expériences - Tome 1

Chapitre 32 ; partie 2

                                                             * * *

La gare de Silence se trouvait à l'extérieur de la Société. En fait, ce n'était même pas une gare, il n'y avait pas un seul quai et on descendait directement sur les rails dans le tunnel.

Avec Harry, on fut les seuls à quitter le train mais en même temps, je n'étais pas sûre qu'il y ait quelqu'un d'autre ici hormis le conducteur puisque cette voie ne desservait que Silence.

Pour rentrer dans la Société, il fallait passer un point de contrôle qui n'en n'était pas vraiment un selon mon frère. Ceux qui voulaient entrer à Silence étaient forcément des fous ou des criminels en cavale et si on pouvait tous les enfermer dans un endroit où il était impossible de s'échapper, personne ne refusait.

Le train ne s'arrêtait pas longtemps à Silence et Harry eut juste le temps de me serrer dans ses bras une dernière fois.

« Fais attention p'tite sœur, chuchota-t-il comme si quelqu'un pouvait nous entendre. Envois-nous des nouvelles fréquemment avec ton portable.

-Promis, soufflai-je. Prend soin de tout le monde pour moi.

-Promis, répondit-il. »

Mon frère remonta dans le train et à peine quelques secondes plus tard, il partit. Je me retrouvai alors rapidement seule dans ce tunnel lugubre avec face à moi juste une porte éclairée par une ampoule qui clignotait. Malgré ce peu de luminosité, je pus tout de même voir l'écriteau : « Bureau des admissions à Silence ».

En voyant cette porte qui était très loin de m'inspirer confiance, je fus tentée de repartir dans le tunnel et d'essayer de trouver le chemin d'Espérance ou d'Echec pour aller sauver Ruben mais je savais que c'était suicidaire de faire une chose pareille. Je n'avais ni nourriture, ni eau et je n'avais même pas de lampe pour me repérer. Et puis, même si j'arrivais à Echec, qu'est-ce que je ferais ? Ruben se trouvait dans une zone beaucoup trop sécurisée.

Seule, je ne pouvais rien faire mais l'Alliance des exilés, elle, pouvait m'aider. Avec son soutien, je pourrais sauver Ruben du Projet, cela me permit d'enfin accepter le fait que j'allais passer les semaines suivantes à Silence et je réussis à avancer vers la vieille porte hideuse marquant l'entrée de la Société.

Une fois devant, j'inspirai autant d'air que je pouvais et en le relâchant, je toquai trois petits coups. J'attendis ensuite l'autorisation d'entrée mais au bout d'une minute, je n'eus aucune réponse et je dus frapper à nouveau.

Alors que je n'avais toujours pas de signal de la part de l'Agent censé se trouver de l'autre côté, j'essayais de patienter calmement au lieu de m'énerver en me disant qu'il était sûrement occupé et qu'il ouvrirait d'une minute à l'autre.

Finalement, après cinq longues minutes, je compris que personne ne viendrait m'ouvrir et je toquai une troisième fois à la porte un peu plus fort avant d'entrer.

Je fus étonné de pouvoir rentrer dans le bureau sans difficultés, il n'y avait aucune sécurité. Bon, après tout, j'étais à Silence, ce genre de chose ne devrait pas me surprendre.

Je dus allumer la lumière en entrant et une fois cela fait, j'étais certaine qu'il n'y avait pas une âme qui vive dans la pièce et l'ordinateur était même éteint ce qui me conforta dans l'idée que personne n'était là. Derrière le bureau, je vis une porte avec écrit : « Privé » dessus ce qui me laissait supposer qu'il s'agissait du box de l'Agent chargé des admissions. De plus en plus inquiète de ce qu'il allait se passer, je toquai doucement.