Cobayes : Expériences - Tome 1

Chapitre 9 ; partie 1

Le lendemain, lorsque je me réveillai pour partir à Croyance, Romain dormait toujours et j'essayais de faire le moins de bruit possible pour sortir de son box. Normalement, j'aurais dû simplement passer la soirée chez lui mais impossible de le lâcher et j'avais fini par rester dormir.

Je soulevai doucement ma veste posée sur son bureau mais malgré mes précautions, sa bague d'Espérance, qui se trouvait sous mon blouson pour je ne sais quelle raison, tomba sur le carrelage. Elle rebondit plusieurs fois, créant un bruit monstre dans le silence ambient. Je réussis à la rattraper et, après l'avoir maudite à cause du vacarme qu'elle avait fait, je la reposai sur le bureau.

Dans le lit, Romain se tourna vers moi et ouvrit difficilement les yeux.

Merde ! J'aurais aimé ne pas l'avoir réveillé mais c'était raté. Sans un mot, il se leva et vint me prendre dans ses bras. Je me laissai aller contre lui, au moins, son réveil nous permettait de nous dire au revoir.

« Mon stratagème a marché, chuchota-t-il victorieux à mon oreille. J'étais sûr que tu allais faire tomber la bague et que cela allait me réveiller.

-Tu l'as fait exprès ? demandai-je un peu vexée.

-Oui, souffla-t-il. Tu vas partir pour plusieurs jours, je voulais t'embrasser une dernière fois avant. Tu ne veux toujours pas que je vienne ?

-Toujours pas, murmurai-je. On en a déjà parlé hier soir Romain, et au cas où tu l'aurais oublié, on a dit que l'on n'évoquerait plus ce sujet, que la discussion était close. »

Il souffla d'exaspération, faisant voler quelques-uns de mes cheveux au passage. Je comprenais qu'il soit déçu mais il serait beaucoup plus en sécurité à Espérance auprès d'Ashley qu'avec moi dans une Société inconnue où il pourrait lui arriver n'importe quoi.

On se regarda pendant plusieurs secondes sans rien dire. Je voyais bien dans ses yeux verts qu'il était triste mais je ne pouvais rien pour lui. Finalement, comme si nos visages étaient aimantés, ils se rapprochèrent encore un peu plus l'un de l'autre. Nos lèvres se trouvèrent rapidement et on ne se lâcha plus.

J'avais l'impression que c'était un baiser d'adieu, comme si nous n'allions plus jamais nous revoir. La peur grandit alors en moi. Et si Cadeig profitait que je sois loin de chez moi pour m'éliminer ? Ou pire, est-ce qu'il tenterait de s'en prendre à Romain pendant mon absence ?

J'essayai d'oublier ces horribles scénarios de mon esprit pour me concentrer sur Romain collé contre moi. Non, il n'arriverait rien durant notre séparation, je me le promis. Tout se passerait bien.

Tout ira bien, me répétai-je, tout ira bien.

Malgré tous mes efforts, je ne pus retenir une larme. Elle roula sur la joue pendant quelques secondes avant que Romain ne pose son doigt dessus pour l'arrêter.

« Ne t'inquiète pas, murmura-t-il comme s'il lisait dans mes pensées. On se retrouva séparé seulement pour quelques jours, c'est tout. Ce n'est pas comme si tu partais pour plusieurs mois.

-Je sais, dis-je en posant ma tête contre son épaule, mais tu vas quand même me manquer.

-Tu me manqueras aussi, répondit-il. Tu en as pour combien de jours à ton avis ?

-Il y a déjà cinq jours de train rien que pour faire un aller-retour, réfléchis-je en fermant les yeux. En comptant au moins un jour sur place, je serais de retour dans six jours au minimum.

-Et au maximum ? »

Jamais.

C'était ce que j'avais envie de lui répondre. Si Cadeig et Hylos, le Haut-Ministre de Croyance, décidaient de m'attaquer puisque que leurs deux Sociétés participaient au Projet, je ne reviendrais jamais.