Cobayes : Expériences - Tome 1

Chapitre 16 ; partie 2

Quand Pauline remarqua notre malaise, elle prit immédiatement les choses en mains comme si c'était elle qui avait prévu notre évasion :

« Déjà, commença-t-elle, on va aller chez moi jusqu'à la fin de la journée...

-Pas question ! protesta Xander. Je ne veux pas que tu te mêles à cette histoire, c'est beaucoup trop dangereux !

-Le problème chaton, c'est que toi tu dois déjà être surveillé à cause des antécédents de Kaya. Si on te voit avec des personnes qui ne semblent pas être de notre Société, il y a de fortes chances qu'ils se fassent prendre et, qu'en prime, tu sois toi-aussi arrêté pour complicité. »

Devant son air autoritaire, Xander ne résista pas longtemps et après avoir soufflé en secouant la tête, il se résigna à écouter la suite du plan en ajoutant tout de même qu'il n'aimait pas la tournure que prenaient les évènements.

En disant cela, il me jeta un coup d'œil mais je savais très bien que ce n'était pas un reproche. Il avait conscience que je n'avais jamais voulu embarquer sa petite-amie dans une histoire pareille et que c'était seulement le hasard qui nous avait fait nous rencontrer. Désormais, en pleine connaissance de causes, Pauline se jetait à son tour dans notre guerre.

« Donc, je reprends, dit-elle en se détachant du soutien de Xander. Vous devez quitter Vigilance au cours de la soirée ou pendant la nuit, la surveillance est moins grande et vous aurez moins de chance de vous faire prendre.

-Et comment on est censés fuir la Société ? demandai-je. Parce que je ne veux pas paraître pessimiste mais le seul moyen d'y arriver, c'est par la gare et qu'on passe obligatoirement des vérifications d'identités avant de monter dans un train.

-Je pense que la gare va être fermée à cause de vous, m'expliqua-t-elle. Quand il y a des fugitifs, même si on ne précise pas systématiquement qui ils sont, on ferme les frontières avec les autres Sociétés. Les seuls trains qui sont encore autorisés à circuler pendant ce temps sont ceux de marchandises. Il va falloir vous cacher dans des caisses à mon avis mais on verra ça en temps voulu, pour le moment, on ferait mieux de partir avant que quelqu'un ne nous remarque. Des questions ? Ou alors, tu as peut-être d'autres objections chaton ? »

Pour simple réponse, Pauline reçut un grognement de la part de mon frère qui paraissait quand même bien assez vexé de devoir l'inclure dans notre plan d'évasion mais elle semblait s'en préoccuper plus que ça et, comme si de rien n'était, nous avertit de comment nous allions procéder pour arriver jusqu'à son box.

Selon elle, avec des fugitifs qui se baladaient dans Vigilance, les Enquêteurs allaient demander à la population de réduire leurs déplacements et si nous, on se promenait à quatre, cela serait louche. La stratégie de Pauline était donc de faire deux groupes et de faire un ou deux détours. Sans même demander notre avis, elle décida d'elle-même qu'elle partirait avec moi et que dans une vingtaine de minutes, les garçons nous suivraient en espérant que, si Xander était vraiment surveillé, l'Enquêteur chargé de le suivre ne remarquerait pas que Ruben n'était pas d'ici.

Pauline avait une telle autorité qu'aucun de nous n'osa reprocher quelque chose à son plan pour nous cacher. Même Xander ne trouva rien à redire et se contenta de lui demander si elle était certaine de vouloir faire une chose pareille. Il ne semblait toujours pas se faire à l'idée que sa petite-amie voulait nous aider et je comprenais sa réaction. Moi-aussi, si Romain voulait nous donner un coup de main dans une histoire comme celle-ci, je ferais tout pour qu'il revienne sur sa décision et qu'il ne prenne aucun risque.

Quoiqu'il en soit, malgré les protestations de Xander, nous étions partis moins d'une minute plus tard avec Pauline en laissant seuls les garçons. Intérieurement, je priais pour que personne ne vienne ici pendant les vingt minutes d'attente et qu'ils ne leur arrivent rien. S'ils se faisaient prendre mais pas moi, je préférais me rendre pour ne pas les laisser affronter seuls les Haut-Ministres.