Chapitre 31 ; partie 1

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La salle d'exécution ressemblait à une salle d'examen toute simple comme celle que nous avions au Centre Médical d'Espérance. Il y avait des machines un peu partout, notamment le long des murs, permettant de vérifier différents paramètres vitaux chez un patient et au milieu, une table d'examen avec des sangles énormes au niveau des bras, des jambes et de la poitrine.

Lorsqu'on entra dans la pièce, il n'y avait que deux Médecins : un homme maigrichon avec d'immenses lunettes et une femme grande avec un tâche brune au milieu du front qui s'affairaient autour des machines. Autant le premier ne nous jeta qu'un bref coup d'œil, autant la deuxième me regarda avec un sourire compatissant pendant plusieurs secondes avant de demander au Gardien de s'en aller mais il refusa catégoriquement, ce n'était l'ordre qu'on lui avait donné.

Le ton sec qu'il avait utilisé fit sursauter le Médecin maigrichon tandis que la femme eut un tic nerveux révélant son agacement mais cela ne dura qu'une seconde car elle reprit rapidement la situation en main en demandant au Gardien de retirer mes menottes.

Ce dernier accepta à contrecœur sous le regard noir du Médecin en grommelant que je devais rester attachée pour faire obstacle à toute tentative d'évasion. La femme lui répondit alors d'un ton extrêmement cassant qu'il était seulement là pour m'accompagner jusqu'à la salle d'exécution et que désormais j'étais sous l'autorité des Médecins.

Son intonation me surprit autant que son collègue qui releva le nez des écrans de contrôle pour la dévisager. Il attrapa ensuite une fiche sur son bureau et la tendit au Gardien qui recommença à parler dans sa barbe. Il ne semblait pas apprécier ce qu'il voyait sur ce document mais malgré cela, il accepta de partir après avoir terminé de le lire mais à la seule condition que je sois attachée. Cette fois, ce fut l'homme qui souffla d'exaspération avant de m'inviter à m'allonger sur la table d'examen.

Ce fut le Gardien lui-même qui boucla toutes les sangles et qui les vérifia au moins deux fois avant de s'en aller en claquant la porte pour montrer son mécontentement. Il était à peine parti que la femme entreprit de nettoyer mon bras droit sans un mot pour que son collègue puisse ensuite me poser une perfusion. Lorsque celle-ci fut reliée à un sac d'une solution dont je ne connaissais pas les substances, je me mis à trembler.

C'était dans cette poche que reposait le poison qui allait me tuer ? C'était lui qui coulait déjà dans mes veines et qui, petit à petit, arrêterait mon cœur ?

La femme remarqua rapidement mon affolement et vint s'asseoir sur un tabouret à roulettes à côté de la table d'examen.

« Calme-toi, dit-elle d'une voix douce, c'est seulement une solution saline.

-Quand est-ce que vous m'injecterez le produit qui provoquera ma... »

Je fus incapable de prononcer ce mot à voix haute, mes cordes vocales refusaient catégoriquement.

« Pas tout de suite, répondit le Médecin avec une voix aigüe. Monsieur Cadeig voudra peut-être te voir avant. »

Encore lui ?! Je ne pouvais même pas mourir en paix sans voir sa sale tête ?! Qu'est-ce qu'il me voulait encore ?! Je l'avais vu à peine dix minutes plus tôt ! S'il avait un truc à me dire, il l'aurait déjà fait, non ?!

Quoiqu'il en soit, en les attendant les deux Médecins, avec un calme insupportable me relièrent à un électrocardiogramme et replongèrent dans leurs écrans de contrôle et leurs papiers éparpillés aux quatre coins de la salle.

Il n'y avait pas d'horloge, ni aucun objet me permettant de savoir combien de temps il s'était écoulé lorsque Cadeig pointa enfin le bout de son nez dans la salle d'exécution. Tout ce que je pouvais constater s'était qu'il ne restait plus qu'un quart de solution saline dans la poche de perfusion.

Cobayes : Expériences - Tome 1Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt