Cobayes : Expériences - Tome 1

Chapitre 12 ; partie 1

Lorsque ma montre afficha 23h, j'attrapai mon sac, le mis sur mes épaules et quittai mon box. J'avais pris le strict minimum d'affaires pour mon voyage, j'allais marcher pendant quatre jours et je ne voulais pas me charger avec des choses inutiles.

Une tenue de rechange, de la nourriture et de l'eau ainsi qu'une petite trousse de premiers secours, une lampe torche et une couverture, c'était tout ce que j'avais sur moi. Je m'étais résignée à prendre mes papiers d'identité, de toute façon avec mes empreintes, je serais vite reconnue. Je ne m'étais pas non plus encombrée de ma tablette de communication. Elle ne me servirait à rien, surtout qu'elle pouvait être tracée et donc elle pouvait potentiellement trahir mon déplacement à Echec.

Heureusement pour moi, à cette heure tardive, il n'y avait jamais personne dans les couloirs d'Espérance. Normalement les seules personnes debout étaient les Gardiens de nuit qui travaillaient plusieurs étages plus haut dans les locaux du gouvernement.

J'espérais qu'à la gare il n'y avait quasiment personne aussi sinon cela s'annoncerait compliqué pour passer dans le tunnel vers Echec. Si j'avais bien lu les plans que j'avais étudié juste avant de partir sur le commencement des Sociétés, il y avait un tunnel direct entre Echec et Espérance qui avait existé.

Pour y accéder, je devais marcher sur une dizaine de kilomètres dans le tunnel partant vers Puissance et tourner sur la gauche dans un autre souterrain dont l'entrée était censée être bouchée aujourd'hui mais j'avais espoir qu'il ne soit pas complètement condamné. Ruben était apparemment passé par là pour venir à Espérance, avec un peu de chance, je pourrais me faufiler dans le tunnel fermé sans trop de difficulté.

Je descendis tous les étages d'Espérance en quelques minutes seulement et me retrouvai devant la porte conduisant à la gare. J'hésitai à rentrer. Qu'est-ce que j'allais dire si je me faisais prendre lorsque je passerai dans le tunnel à pied ?

Tu réfléchiras à ça plus tard, souffla la voix. Pour le moment, essayes simplement de ne pas te faire attraper. Rentre dans ce tunnel, va à Echec et sauve Malo, c'est aussi facile que ça.

Facile... Mais bien sûr... Je fis taire ce murmure hantant mes pensées et rentrai dans la gare. Je fus soulagée de constater qu'il n'y avait aucun passager qui attendait je ne sais quel train pour je ne sais quelle Société. Je trouvai seulement un Contrôleur avec une moustache somnolant dans sa cabine du point de contrôle. En plus, il n'y avait pas de train arrêté ici ce soir ce qui me rassura encore un peu. Personne, hormis monsieur Moustache s'il se réveillait, pourrait me voir me faufiler dans le tunnel.

C'était le silence absolu et cette ambiance un peu étrange, presque sinistre, me rappelait celle de la gare de Croyance où je m'étais retrouvée toute seule quelques jours plus tôt.

Discrètement, en essayant de ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller le Contrôleur, je me glissai doucement vers l'entrée du tunnel. Je m'assis au bord du quai et sautai sur les rails. Je ratai complètement mon atterrissage sur la voie et m'étalai de tout mon long sur les graviers ce qui créa un bruit monstre dans le calme de la gare.

J'attendis plusieurs secondes de peur que ma chute ait réveillé monsieur Moustache mais rien ne se produit. Il n'y avait pas un seul bruit, le Contrôleur n'avait pas bougé apparemment et devait toujours dormir.

Soulagée de ne pas avoir été repérée, je me mis à marcher à pas de loup sur la voie en essayant de ne pas trop faire crisser les graviers sous mes pieds. Sans aucune hésitation, j'entrai dans le tunnel qui reliait Espérance à Puissance.

Pendant au moins un bon kilomètre, je continuai de marcher tout doucement et sans lumière par mesure de sécurité. Je me laissai guider par la paroi glacée sous la paume de ma main. Ce ne fut que lorsque je ne pouvais plus apercevoir la lumière de la gare et que je me retrouvai dans le noir complet, que je me décidai enfin à sortir ma lampe.