Chapitre 30 ; partie 1

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Lorsque le train freina à l'approche d'Echec, j'étais partagée entre la peur de ma mort et le soulagement de pouvoir revoir Ruben une dernière fois.

Après plusieurs heures à avoir attendu dans la salle d'interrogatoire à Vigilance, Tigus était finalement revenu pour m'annoncer que Cadeig avait accepté ma demande. Vu comment on me l'avait annoncé, j'étais sûre que le Haut-Ministre d'Espérance avait une idée derrière la tête en me permettant de venir à Echec mais je ne savais pas quoi. Ce que je savais cependant, c'était que Tigus avait refusé que Ruben vienne à Vigilance, il préférait que ce soit moi qui parte. Il fallait croire qu'il avait trop peur qu'il s'échappe à nouveau si on le sortait de l'enceinte du Projet. J'avais donc gagné quelques jours de plus avant mon exécution pour rejoindre Echec mais je ne m'en réjouissais pas pour autant, je savais que je mourrais quoiqu'il arrive.

Le train finit par s'arrêter complètement et je me mis debout devant la porte de ma cellule. Le Gardien, le même jeune que j'avais vu à mon retour à Vigilance, n'allait pas tarder à venir me chercher pour m'emmener jusqu'à l'endroit où était retenu Ruben.

Désormais, il y avait une ligne de train qui venait jusqu'à Echec par les anciens tunnels de différentes Sociétés. Les travaux venaient tout juste d'aboutir pour mieux desservir les zones de travail des Agents du Projet d'après ce que j'avais entendu à travers la porte de ma cellule. Je ne m'en plaignais pas, cela m'évitait de marcher pendant des heures dans les tunnels lugubres, entourée des colosses des Haut-Ministres.

J'entendis le bruit distinctif du verrou de ma cellule qui se débloquait et une seconde plus tard, le Gardien apparut et m'attrapa doucement mais en restant toujours assez ferme par le bras pour me menotter les mains dans le dos avant de me faire rapidement sortir du train en me tenant par l'épaule.

En quittant le train, je découvris à nouveau Echec et, cette fois, sans aucune maladie m'empêchant d'observer ce qu'il se passait autour de moi.

J'étais dans une sorte de gare, à la fois pour les trains et pour les grands véhicules avec lesquels nous avions pu retourner à l'intérieur avec Ruben. Il n'y avait pas beaucoup de monde, seulement deux ou trois personnes qui marchaient le long de ces véhicules noirs et deux autres Agents qui vidaient l'un des wagons du train.

Je n'eus pas le temps d'en voir plus, le Gardien m'entraina vers une minuscule porte grise dans un coin de cette immense gare. Dès qu'on la passa, on se retrouva dans un couloir mal éclairé qu'on traversa en entier et où on ne croisa personne. Ensuite, on tourna plusieurs fois à droite et à gauche, on monta et on descendit plusieurs escaliers pendant une dizaine de minutes. Je soupçonnais sérieusement le Gardien de faire volontairement des détours pour que je ne puisse pas réussir à me repérer.

Après encore cinq bonnes minutes de marches, on arriva en bas d'un escalier exigu où s'alignait à droite comme à gauche des portes à perte de vue.

Lorsqu'on avança dans le couloir, je pus entendre des gens parler ou hurler de l'autre côté de ces portes en entendant notre passage. Certains demandaient à ce qu'on leur laisse un peu de lumière, d'autres disaient qu'ils étaient malades, qu'ils devaient voir un Médecin et plein d'autres doléances que je me forçais à ne pas écouter pour ne pas finir en larmes.

C'était donc ça les Boîtes ? Ces petites pièces où l'on retenait les Survivants semblaient encore plus horribles rien qu'en voyant le sinistre couloir où elles se trouvaient.

Le Gardien, qui semblait totalement imperméable aux appels des Survivants, m'emmena au bout du couloir où se trouvait une porte sécurisée. Pour la franchir, mon geôlier dut présenter un badge et taper un code. On se retrouva alors dans un sas où il dut refaire la même manipulation avec un autre code avant d'arriver dans un nouveau couloir.

Cobayes : Expériences - Tome 1Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum