Chapitre 15 ; partie 2

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« Qu'est-ce que c'était ? demandai-je en chuchotant. »

Ruben ne me répondit pas immédiatement, il était en train de faire je ne sais quoi avec la chaîne qui retenait prisonnière sa cheville et cela faisait un bruit monstre dans le silence horrible de la prison.

« Je ne sais pas, finit-il par dire, mais ça a coupé le courant. Il faut qu'on en profite. Ta chaîne s'est déverrouillée normalement, dépêche-toi de l'enlever, on doit se barrer avant qu'ils comprennent qu'on n'est plus enfermé. »

Je ne discutai pas et suivis ses ordres, il avait raison. Les Gardiens et les Haut-Ministres ne mettraient pas longtemps à comprendre que sans électricité nous pouvions nous enfuir et nous devions partir aussi loin que possible tant que les portes à codes étaient hors service. Je retirai donc d'un coup sec la chaîne à ma cheville et me relevai, prête à filer d'ici.

Autour de moi je n'entendais plus Ruben et lorsqu'il posa sa main sur mon épaule, je fis un bond au plafond qui le fit rire.

« C'est bon, c'est moi, dit-il avec un ton plus sérieux. On reste accroché l'un à l'autre sinon on pourrait se perdre, d'accord ? »

Pour seule réponse, je posai ma main sur son bras et attrapai la manche de son tee-shirt. Une fois cela fait, Ruben avança jusqu'à la porte qui ne fit quasiment aucun bruit en s'ouvrant et on se faufila dans le couloir. On se dirigea ensuite vers la gauche, c'était toujours pas là que rentrait et sortait le Gardien, il devait y avoir forcément une sortie de ce côté-là.

Comme nous étions l'un et l'autre en chaussettes, on n'eut aucun problème à ne pas faire de bruit en marchant ce qui était un avantage considérable pour ne pas se faire repérer, même si je n'oubliais pas que les Agents du Projet étaient équipés de lunettes à vision nocturne. Toutefois, si nous restions silencieux, nous avions une chance de leur échapper malgré leur atout technologique.

Arrivés au bout du couloir, j'entendis Ruben ouvrir timidement la porte que j'avais franchie quelques temps auparavant pour me rendre dans la salle d'interrogatoire. Après une seconde d'hésitation, il la passa avec moi sur les talons et on continua d'avancer dans le silence absolu. Je ne savais pas comment il faisait pour se repérer, surtout qu'il était arrivé ici sans connaissance mais je lui faisais confiance. Il avait déjà vécu assez de choses similaires pour savoir où se trouvait le principal danger à éviter.

Pendant plusieurs minutes, on marcha à l'aveuglette en priant pour trouver une sortie. En vain, on était dans un véritable labyrinthe mais ce n'était pas ça qui me faisait le plus peur. Ce qui m'inquiétait beaucoup, c'était le fait qu'on n'avait rencontré personne dans les couloirs, il n'y avait même pas eu un seul bruit.J'en venais presque à croire que les Gardiens avaient volontairement coupé le courant pour nous donner l'espoir de nous enfuir alors qu'ils nous attendaient tranquillement devant la sortie.

Cela paraissait un peu surréaliste mais connaissant de plus en plus le niveau de sadisme des Haut-Ministres, je ne m'en étonnais à peine. J'avais vu assez de choses en très peu de temps pour que plus rien ne me surprenne.

Comme si le destin voulait me contredire après avoir élaboré cette hypothèse, on se retrouva dans un couloir où il y avait justement quelqu'un qui avançait vers nous avec une petite lampe qui m'éblouit durant un instant.

Ruben réagit si vite que j'eus à peine le temps de comprendre ce qu'il se passait. Il fit volte-face et me tira tellement fort par le bras qu'il manqua de me l'arranger, on se mit ensuite à courir aussi vite qu'on pouvait dans la direction opposée à celle de l'inconnu.

Cobayes : Expériences - Tome 1Where stories live. Discover now