Chapitre 27 ; partie 3

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                                                             * * *

Lorsqu'on arriva à Echec, je le sus immédiatement. D'une part car le véhicule se mit à rouler sans aucun à-coup et d'autre part parce que ce que je supposais être le bruit des portes métalliques marquant l'entrée de la Société me réveilla en sursaut. Le son strident des roues sur les rails m'avait fait prendre un coup de panique horrible, et à Ruben aussi d'ailleurs. Nous nous étions relevés tous les deux en même temps et en un instant.

La deuxième fois qu'on entendit ce bruit atroce, je me dis que l'entrée s'était refermée derrière nous et qu'enfin, nous étions de retour dans les Sociétés. Dès lors, je pus entendre des voix, des moteurs semblable à celui du véhicule dans lequel nous étions et plein d'autres bruits qui ne firent que confirmer mon hypothèse.

Au bout de quelques minutes à écouter tout ce vacarme à l'extérieur du véhicule, je crus percevoir un cri, puis un autre et un troisième. Cela me fit froid dans le dos.

« Ce n'est quand même pas un Survivant qu'on entend ? demandai-je inquiète à Ruben.

-J'aimerais te répondre avec certitude que ce n'est pas le cas, commença-t-il en hésitant, mais il y a de fortes chances que, malheureusement, c'en soit un. Beaucoup d'entre nous ravale leur haine mais d'autres préfèrent l'exprimer au moyen de hurlements. »

J'eus un nouveau frisson. Même sans voir ce qu'il se passait à Echec, je pouvais me faire une idée des atrocités que subissaient les Survivants ici. Ce garçon criant à la mort me semblait être le parfait exemple pour appuyer mes suppositions sur le Projet.

Je tentai de faire abstraction de ces hurlements, en vain, c'était impossible. Le moteur du véhicule ne faisait pas assez de bruit pour les camoufler et maintenant que je les avais entendu, mon attention était fixé sur ça malgré moi. Cela me faisait vraiment mal au cœur et je finis par me boucher les oreilles et fermer les yeux avant de me coller contre Ruben. Il ne dit rien, ou du moins, s'il me parla, je ne l'entendis pas.

Après deux ou trois longues minutes à rester comme cela près de lui, je finis par sentir le véhicule s'arrêter. Le moteur fut coupé et je m'autorisai à retirer mes mains de sur mes oreilles en espérant ne pas entendre de nouveaux cris. Par chance, ce ne fut pas le cas. Les seuls bruits que je percevais, c'étaient des bottes claquant sur le béton autour du véhicule et des personnes parler avec des termes médicales que je ne connaissais absolument pas malgré ma formation au Centre d'Espérance.

Ruben réagit au quart de tour lorsque le moteur fut coupé. Il me poussa gentiment pour se dégager et sortit de sous la bâche sans un mot. Intriguée et pensant qu'il s'agissait de la suite du plan, j'allais le suivre lorsqu'il réapparut à côté de moi. Il mit alors un doigt sur ses lèvres pour me faire comprendre de ne rien dire tandis qu'il tenait ma couverture dans son autre main.

Cette couverture je l'avais sorti de mon sac à peine cinq minutes après notre départ pour la poser sur Clément. J'avais peur qu'en étant allongé sur le sol glacé il ait froid et qu'il tombe malade ce qui serait une vraie catastrophe pour sa semaine de ramassage.

Toujours en silence, Ruben plia rapidement ma couverture, la rangea tout aussi vite dans mon sac et éteignit notre lampe en me chuchotant le plus bas qu'il pouvait :

« Il va falloir encore attendre un moment avant de pouvoir sortir, expliqua-t-il. Les Agents vont venir prendre Clément mais il ne faut absolument pas qu'on bouge ou qu'on fasse de bruit pendant ce temps. Compris ? »

Cobayes : Expériences - Tome 1Donde viven las historias. Descúbrelo ahora