Chapitre 29 ; partie 2

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                                                             * * *

« Maman, pourquoi on est obligés d'être enfermé à Espérance ? »

Ma mère me regarda avec un sourire bienveillant en continuant de me coiffer.

Ce souvenir qui ressurgissait de ma mémoire me rappela l'époque bien heureuse où le Projet n'existait pas, où les Survivants n'étaient traqués pas par les Haut-Ministres et où j'avais encore l'ignorance de la Grande Dévastation du haut de mes quatre ans.

« Parce qu'il y a très longtemps, répondit Maman en commençant à me coiffer, les hommes ont fait la guerre et que l'air est devenu toxique. »

Etrangement, malgré le fait que j'étais encore petite, j'avais compris entièrement les explications que Maman m'avait fournies.

« Et on pourra retourner dehors un jour et y vivre ? avais-je demandé d'une voix fluette.

-Peut-être que oui, avait souri Maman. Mais avant il faudra être sûr que l'air que nous respirons ne soit pas dangereuse.

-Et comment on fait pour savoir si c'est dangereux ou pas ? la questionnai-je de plus en plus curieuse.

-Eh bien, je suppose qu'il y aura des tests et que des personnes se porteront volontaires pour aller les premiers à l'extérieur et voir si l'air est respirable.

-Et si personne n'est volontaire ? On ne va pas obliger les personnes à sortir si elles ne veulent pas. Alors comment on fait ? »

Cette fois, du moins dans mon souvenir, le visage de Maman se crispa légèrement avant de retrouver son sourire bienveillant de mère.

« Je ne sais pas ma chérie, avait-elle finalement dit en terminant ma tresse. Mais jamais on ne forcera une personne à sortir si elle ne veut pas, les Haut-Ministres ne l'autoriseraient pas. Ils sont là pour nous protéger Kaya, tu peux avoir confiance en eux. »

Maman finit à peine sa phrase que le souvenir se dissipa en petits nuages de poussière autour de moi, me laissant à nouveau seule dans le noir le plus total.

                                                             * * *

Mon troisième réveil se fit plus facilement que les deux autres et surtout, il était beaucoup moins douloureux. Je me sentais beaucoup mieux, plus de mal de tête et tous mes sens semblaient être fonctionnels.

Le souvenir qui avait hanté mon inconscience me revient en mémoire, en particulier la dernière phrase de Maman par rapport aux Haut-Ministres. Si elle savait ce qu'ils faisaient désormais, elle n'aurait sûrement pas le même discours... Peut-être qu'avant, ils protégeaient la population mais aujourd'hui, ils forçaient des gens à aller à l'extérieur et ne leur donnaient même pas le strict nécessaire pour survivre. 

Penser à cela me rappela instantanément Ruben et instinctivement, je me tournai vers l'autre lit mais bien évidemment, il n'était pas arrivé pendant que j'étais sans connaissance. Il était toujours à Echec et redevenait un cobaye. Je n'imaginais même pas quelles horreurs il était en train de subir.

En voulant ramener mon regard sur le plafond, je vis du coin de l'œil quelque chose posé par terre qui attira mon attention. C'était une assiette de riz, mal cuit comme lors de mon précédent séjour ici, avec un bout de pain qui semblait rassis. Malgré cela, je tirai l'assiette en carton jusqu'à moi et commençai à manger sans vraiment en avoir envie, je me forçai juste pour garder des forces.

Cobayes : Expériences - Tome 1Where stories live. Discover now