Chapitre 19 ; partie 1

4 1 0
                                    

Quand le coup de stress de Ruben retomba, c'est-à-dire au moins une vingtaine de minutes plus tard, on retourna dans l'autre sous-sol avec l'un des paquets de riz pour essayer de le faire cuire. Pendant tout le chemin jusqu'à notre planque, Ruben voulut tenir ma main, il fallait croire qu'il avait encore peur que je m'enfuis malgré ma promesse.

Promesse que tu trahiras de toute façon Kaya, souffla la voix. Ne te lamente pas sur ce que pense le Survivant. Tu tiens vraiment à mourir sous ses yeux ?

Non, bien sûr que non... Mais comme je l'avais prévu, j'attendrais le dernier moment pour m'en aller. Je ne le laisserais pas seul tant que je me sentirais bien, tant que la fatigue ne s'immisçait pas dans mon corps et me tuait lentement. Je ne l'abandonnerais pas.

Une fois arrivés dans notre sous-sol aménagé, Ruben attrapa deux des bols posés dans un coin et quitta de nouveau la pièce. Les marches de l'escalier grincèrent sous son poids lorsqu'il monta les marches. Je savais qu'il allait chercher de la neige pour la faire fondre et ainsi avoir une chance de faire cuire le riz. J'espérais vraiment qu'il était encore bon et que nous pourrions le manger sinon il faudrait trouver une autre solution très rapidement.

Lorsque Ruben revint, il posa les bols remplis de neige blanche scintillante à la lueur du feu au plus près de la cheminée grâce à la pique en métal. Dès lors, nous devions prendre notre mal en patiente pour que nous ayons de l'eau suffisamment chaude pour la cuisson du riz.

Ce fut le silence qui occupa une grande partie de notre attente. Il semblait toujours aimé créer des moments gênants où personne n'avait jamais rien à dire ou à faire. J'avais presque l'impression qu'il me narguait en imposant sa loi. Il rigolait bien de me voir assise à côté de Ruben sans que je puisse entamer un dialogue sur un quelconque sujet.

Finalement avant d'avoir eu le temps de défier le silence en trouvant quelque chose à dire, Ruben se leva. Je me retournai pour voir où il allait. Je le vis alors attraper son sac, fouiller à l'intérieur et en sortir une sorte d'ordinateur préhistorique avec deux cubes noirs. Ils ressemblaient aux haut-parleurs que les gouvernements utilisaient pour leurs conférences mais en beaucoup plus petits.

Ruben revint ensuite s'asseoir à côté de moi. Il alluma l'ordinateur et brancha les petits instruments noirs dessus. L'écran lui demanda un mot de passe. Sans aucune hésitation, il écrivit quelque chose que je n'eus pas le temps de voir et le menu principal s'afficha après quelques secondes de chargement.

« Comment tu connais le code de ce truc ? m'étonnai-je.

-La première fois que je l'ai utilisé, il y avait un papier avec ce qu'il fallait écrire pour l'ouvrir, expliqua-t-il les yeux rivés sur l'écran, mais après je l'ai changé pour prendre un mot que je pourrais retenir.

-Et quel est-ce mot ? demandai-je curieuse.

-Mon nom de famille tout simplement, sourit-il. Enfin, celui qu'on m'a donné à l'Orphelinat de Paix... »

Simple mais efficace. De toute façon personne n'essaierait de venir fouiller dans une antiquité pareille. Surtout qu'il faudrait déjà qu'elle trouve l'ancien Centre Médical et ensuite notre planque dans l'un des sous-sol.

Alors que je jetais un coup d'œil à la neige qui continuait de fondre petit à petit, un bruit assourdissant retentit dans toute la pièce. Il était tellement fort qu'il fit trembler les murs. J'eus un énorme sursaut tandis que Ruben arrêtait ce vacarme qui venait de s'échapper des cubes noirs.

« C'était quoi ça ? le questionnai-je en tentant de retrouver un rythme cardiaque normal.

-Désolé, je ne pensais pas que le son des enceintes serait si fort, s'excusa-t-il en rougissant. »

Cobayes : Expériences - Tome 1Where stories live. Discover now