Chapitre 28 ; partie 1

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Les quatre jours de voyage que nous avions prévu se transformèrent en six jours de marche interminable, en partie à cause de cette fichue maladie que j'étais attrapée et qui était, selon Ruben, dû au froid de l'extérieur.

Si j'avais eu le droit à la totale lorsque nous nous étions enfuir d'Echec avec le mal de tête, la gorge sèche et tout le reste, je m'estimais chanceuse de n'avoir plus qu'un par un ces symptômes. Lorsque l'un d'eux disparaissait, je pouvais être sûre que dans les cinq prochaines minutes quelque chose d'autre allait venir m'embêter.

Nous essayions d'avoir un rythme semblable à celui des Sociétés et de la Planque grâce à une montre qu'Esteban avait donné à Ruben mais cela restait compliqué à suivre avec la pénombre et la fatigue de notre marche qui nous invitaient à seulement dormir.

Mais, malgré cela, on tentait d'avancer. Les fois où je sentais mes jambes trop lourdes Ruben avait tenu à me porter pour que nous puissions continuer d'avancer. Les fois où la fatigue s'abattait sur nous, nous continuions d'avancer. Quoiqu'il arrivait, on se forçait à continuer d'avancer. Nous avions pris beaucoup de retard et la nourriture commençait à manquer, nous ne pouvions pas nous permettre de perdre plus de temps.

Le pire pour moi dans tout ce voyage, c'était lorsqu'on s'arrêtait pour dormir. Je n'y arrivais pas tout simplement. Cela faisait comme à la Planque, j'avais tout le temps sommeil et dès que je me couchais, je n'avais plus envie de dormir.

Pour ne rien arranger, j'avais extrêmement froid dans ces moments-là, même en ayant ma veste, nos deux couvertures et Ruben contre moi. Il me tenait tout le temps près de lui et si pendant un moment cela sembla calmer mes grelotements, un autre problème apparut.

Les tâches violettes sur mon corps se mirent à me faire mal et généralement, quand Ruben me touchait, ne serait-ce que pour m'aider à me relever après une pause, des douleurs atroces parcouraient tout mon organisme. Il fallait croire que cette maladie que j'avais attrapé à l'extérieur amplifiait les effets de la radioactivité dont je n'étais plus protégée.

Lorsqu'on était arrivé à la jonction des tunnels de Puissance et d'Espérance, je n'étais même plus capable de tenir sur mes jambes tellement j'étais malade et Ruben avait dû me porter sur la fin du trajet.

Je m'en voulais d'être aussi faible, j'étais un véritable fardeau pour lui. Il se fatiguait beaucoup trop en m'aidant et cela était très dangereux car sa vigilance baissait. Il était le seul à pouvoir repérer les trains qui venaient et le fait qu'il soit moins attentif me stressait beaucoup. Une seconde d'inattention et nous finissions écrasés.

Heureusement, même si Ruben avait fourni des efforts considérables pour me porter, il réussit à détecter tous les trains à temps et je ne gardais d'eux qu'un souvenir venteux.

On arriva à la gare d'Espérance au milieu de la nuit, et comme lorsque j'étais partie pour sauver Malo, il n'y avait personne hormis le Contrôleur, monsieur Moustache, somnolant dans sa cabine. Ce fut donc très facilement qu'on passa de la gare à la cage d'escalier remontant dans la Société.

J'avais demandé à Ruben de se rendre au Centre Médical puisque c'était là-bas que nous avions le plus de chances de trouver Ashley. Au pire des cas, si elle n'y était pas, je connaissais le numéro de son box et nous irions la chercher chez elle. S'il y avait bien une personne qui pouvait nous aider, c'était ma formatrice. Elle saurait quoi faire, je le savais.

Dans les escaliers, il n'y avait personne et je n'entendais que les chaussures de Ruben claquer sur les marches. J'étais vraiment impressionnée par le fait que, malgré tous ces jours de marche à me porter, il puisse encore avoir la force de monter autant d'étages, en me supportant, littéralement.

Cobayes : Expériences - Tome 1Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang