Cobayes : Expériences - Tome 1

Chapitre 24 ; partie 3

Après une demi-heure, si ce n'est plus, de bataille acharné contre les soldats de la Colonie, Alex annonça enfin que nous en avions terminé avec eux. L'entendre dire ça me soulagea mais seulement à moitié car plus loin, de l'autre côté de l'étage très certainement, il y avait encore des coups de feu incessants.

« Ce sont Lyloo, Juliette, Stéphanie et Ruben, m'expliqua Alex. Il y a deux entrées dans la Planque et ces enfoirés nous ont attaqué des deux côtés. On va aller les aider. Dans dix minutes maximum, on en aura définitivement terminé avec eux. »

Etienne me donna une arme ce qui me fit penser que celle que Clément m'avait donné était resté dans le local du niveau -2. Tant pis, j'irais la rechercher plus tard, pour le moment nous devions soutenir le reste du groupe.

Plutôt sereins, nous allions enfin quitter notre cachette pour les retrouver lorsque deux garçons apparurent dans le couloir et nous visèrent. Etienne et Alex réagirent trop tard et on dut tous les trois poser nos armes sur le sol tandis que nos assaillants se rapprochaient de nous avec leurs armes toujours pointées sur nos têtes.

Lorsqu'ils furent assez près, je me rendis compte que le plus jeune des deux devait avoir à peine douze ans. Cela ne perturba absolument pas Alex qui sortit à toute vitesse le pistolet qu'il cachait dans sa ceinture contre son dos et leur tira dessus. Les deux garçons s'effondrèrent en même temps alors qu'Etienne hurlait à Alex qu'il était complètement malade de tirer sur des enfants. Son ami, loin de se soucier de ces reproches, rangea son pistolet et reprit son autre arme avant de s'approcher du plus grand de ses victimes qui devait avoir aux alentours de treize ou quatorze ans.

« Pourquoi vous nous avez attaqué ? »

Le ton qu'Alex employait était plutôt gentil par rapport à son visage complètement fermé et cela sembla délier la langue du blessé qui s'empressa de répondre.

« Je sais pas, on nous a dit qu'il fallait venir ici et tuer tout le monde, dit-il en commençant à pleurer, on a pas eu le choix. Ils ont enrôlé tous les Six et les Sept pour leur mission, on voulait pas venir mais on a été obligé.

-Quand tu dis « ils », reprit Alex calmement, tu parles des Uns et des Deux ? »

Qu'est-ce que c'était que tous ces chiffres ? Je ne comprenais rien à leur discussion. Est-ce que cela avait un rapport avec la hiérarchie instaurée dans la Colonie et dont Malo m'avait parlé ? Dans ce cas, les Uns devaient être les plus puissants et les Sept les plus soumis.

« Des Uns, confirma le garçon entre deux sanglots. Mais ils obéissent à d'autres personnes. Je sais pas qui ils sont, ils viennent des fois voir les Uns pour leurs donner des ordres.

-Des gens plus influents et respectés que les Uns ? s'étonna Alex en se tournant vers Etienne. C'est possible ça ?

-Il faut croire, lui répondit son ami. »

Pendant plusieurs secondes, ils se regardèrent sans rien dire. On aurait dit qu'ils avaient une conversation silencieuse entre eux et je n'aimais absolument pas ça. En faisant cela, ils m'oubliaient un peu et je me retrouvais avec deux garçons enrôlés de force avec chacun une balle logée dans leur abdomen.

« J'vous en supplie, reprit le garçon qui nous avait parlé, aidez-nous. J'veux pas retourner là-bas, j'veux pas mourir. »

Tout en disant cela, il tourna légèrement la tête pour chercher son ami étendu un peu plus loin et lorsqu'il se rendit compte que ses yeux étaient sans vie, il hurla d'horreur et se mit à pleurer encore plus en nous suppliant une nouvelle fois de le sauver.

Alex et Etienne ne semblaient pas se préoccuper du blessé plus que ça et continuaient leur discussion silencieuse. Je pris donc en charge la situation avant qu'une autre catastrophe arrive. Je m'assis près du garçon en faisant bien attention de dissimuler le corps de son ami derrière moi pour ne pas le paniquer encore plus.