Chapitre 29 ; partie 1

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Dès que j'eus retrouvé mes esprits, bien qu'ils soient encore assez brumeux, je sus immédiatement que j'étais de retour à la prison de Vigilance. Je sentais l'énorme chaîne autour de ma cheville et le grillage servant de matelas sur mon maigre lit.

J'essayai d'ouvrir les yeux mais mes paupières semblaient pesées un tonne chacune et je mis beaucoup de temps juste pour les entrebâiller. Les yeux ouverts, je voyais trouble mais je réussissais distinguer toutes les formes et les couleurs de la cellule.

J'entendis quelqu'un tousser près de moi, je tournai vers l'autre lit, pensant qu'il s'agissait justement de Ruben, mais ce n'était pas lui.

Cette personne était assise et lisait tranquillement un livre. Il s'agissait d'un homme au crâne chauve et il me suffit de voir ses yeux rouge sang à travers ma vision encore trouble pour comprendre que l'inconnu était en fait le fils de Tigus, alias monsieur Yeux rouges avant mon arrivée à la prison de Vigilance.

Lorsqu'il remarqua que je le fixais, il referma son livre, le posa sur le lit, puis se mit à me regarder droit dans les yeux. Enfin, c'était ce que je pensais car ma vision n'était toujours pas nette.

« Tu as bien dormi ma jolie ? »

Je fus surprise du ton qu'il venait d'employer, il était calme, comme à son habitude, mais j'avais l'impression qu'il y avait de la gentillesse dans sa voix. Je me mis immédiatement une claque mentale. Non, cet homme ne pouvait pas être gentil.

« Je vous ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça, répliquai-je aussi sèchement que je pouvais. Qu'est-ce que vous me voulez ? »

Je tentai de m'asseoir pour mieux le voir mais ma tête se mit à tourner et je dus me rallonger pour calmer cette horrible sensation.

Tigus fils, voyant que je ne pouvais pas me lever, vint s'asseoir au bord de mon lit. J'aurais aimé le pousser, lui hurler de dégager mais mon corps refusait ces idées, il était encore trop faible pour supporter des efforts pareils.

« Ne sois pas si dur avec moi, me demanda-t-il toujours aussi gentiment. Je suis juste venu te tenir compagnie. Comme ton amant n'est plus là, je me suis dit que tu aimerais voir du monde lorsque tu te réveillerais. »

Comment ça Ruben n'était plus là ? Soudain, je me mis à paniquer. Et s'il avait réussi à tenir tête face aux colosses de Cadeig ? Et s'il s'était battu avec eux ? Ils n'auraient pas osé le tuer ? Non, les Haut-Ministres veulent d'abord des réponses avant d'exécuter quelqu'un et ils devaient encore avoir des questions pour nous à mon avis. Ils ne pouvaient pas l'avoir tuer.

« Où est-il ? demandai-je en essayant de garder un ton sec.

-Qui ? Ton amant ? rigola Tigus fils devenu soudainement cruel. Ne t'inquiète pas pour lui, ma jolie. Echec et le Projet s'occupent très bien de lui en ce moment-même. »

Non. Ce n'était pas possible. Ils l'avaient renvoyé à Echec ? Pourquoi avoir fait ça ? La dernière fois, ils l'avaient amené à Vigilance, pourquoi l'auraient-ils enfermé de nouveau à Echec alors qu'ils savaient pertinemment qu'il trouverait un autre moyen de s'évader ?

Ces questions restèrent en suspens dans ma tête. J'aurais aimé les poser à Tigus fils mais je me sentis sombrer dans l'inconscience.

                                                             * * *

Lorsque j'émergeai pour la deuxième fois, je compris instantanément que je perdrais une troisième fois connaissance comme quand on m'avait jeté à l'extérieur, ils m'avaient injecté cet étrange produit qui contraignait ses victimes à une triple inconscience en seulement quelques heures. Je compris tout aussi vite que je ne m'étais pas réveillée de moi-même, quelqu'un tapait doucement contre la porte de ma cellule ce qui avait visiblement précipité mon réveil.

Cobayes : Expériences - Tome 1Where stories live. Discover now