Chapitre 15 ; partie 1

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Après avoir admis le fait que rien n'empêcherait de notre expulsion des Sociétés, je sortis les quelques carreaux de chocolat de leur emballage et les partageaient avec Ruben. Si on venait vraiment nous chercher dans les prochaines heures, ma réserve ne servirait plus à rien, je ne pourrais pas l'emporter avec moi.

On finit ensuite le jus d'orange et le paquet biscuits. Malgré la satisfaction de mon estomac à avoir plus de nourriture que d'habitude et le fait de ne pas ressentir la faim, je ne réussis pas à me sentir mieux.

Accepter d'être jetée dehors, c'était une chose ; accepter de mourir en était une autre. Autant je m'étais résignée à la première, autant pour la deuxième, je n'arrivais pas encore à reconnaître ma mort prochaine, pourtant, je n'avais pas le choix, il fallait que je me soumette à cette réalité.

Dès qu'on eut fini notre petit goûter, Ruben voulut qu'on se repose. Il disait qu'on devait être au meilleur de notre forme pour les premières heures lors de notre sortie. Ce seraient elles qui allaient être cruciales, elles qui décideraient si nous allions mourir ou vivre. Pour moi, cela ne changeait rien. Premières heures décisives ou pas, je mourrais.

J'acceptai tout de même de m'allonger sur le sol et d'essayer de me reposer. J'avais déjà beaucoup dormi et mon corps était loin d'avoir envie d'une nouvelle sieste mais Ruben, lui, semblait encore en manque de sommeil et s'endormit rapidement en tenant ma main, comme toujours.

Je me surpris à l'observer pendant qu'il dormait. Même avec le peu du lumière que nous avions, la tâche argentée sur sa joue brillait. En la regardant bien, j'avais l'impression qu'il y avait en fait des millions de paillettes microscopiques de toutes les couleurs qui, de loin, donnait cette couleur argentée.

Ruben bougea. Il passa son bras autour de moi et me serra contre lui sans pour autant se réveiller. Surprise, je me raidis un peu de ce geste inattendu mais je finis par me détendre et passer moi-aussi, un bras autour de sa taille.

Qu'est-ce que tu fais ? pesta la voix dans ma tête. Et Romain dans tout ça ? Tu l'as déjà oublié ? Tu l'as remplacé par ce Survivant ? Il t'aime. Après ta « mort », il s'est senti coupable et a tenté de se suicider. Est-ce que tu veux vraiment le laisser dans cet état ?

Non, bien sûr que non... Je ne voulais pas oublier Romain. J'avais envie de le retrouver, de lui prouver que j'étais vivante, de lui dire que je l'aimais... Ruben ne remplacerait jamais Romain, jamais. Pourtant, malgré cela, mes relations avec eux deux se modifiaient de plus en plus et je ne savais plus quoi en penser.

Nous nous étions déjà disputés plusieurs fois avec Romain et à chaque fois cela avait failli mal finir. Notre dernière dispute avait même abouti sur une rupture, du moins, désormais je considérais ça comme une séparation.

Peut-être qu'on sera de nouveau ensemble après que cette histoire avec le Projet soit terminer ? Peut-être qu'on ne le sera plus jamais ? Même si je tenais énormément à Romain, je ne pouvais pas savoir quelle réaction il aurait en me voyant. M'en voudrait-il de ne pas l'avoir averti plus tôt ? Il voudra sûrement ne plus jamais me voir dans ce cas là... Je n'arrivais pas à m'imaginer que cette séparation avec lui soit définitive.

Pourquoi parles-tu de séparation et de rupture ? souffla la voix. Jamais il ne t'a quitté. Il s'est juste éloigné et le Projet n'a fait qu'agrandir cet écart. Tout redeviendra comme avant lorsque tu l'auras retrouvé.

Peut-être... Ou peut-être pas. Cela me tapait sur le système de ne pas savoir quelle réaction Romain aurait en me voyant vivante. J'avais peur de ce qu'il allait dire.

Cobayes : Expériences - Tome 1On viuen les histories. Descobreix ara