Chapitre 30 ; partie 2

1 1 0
                                    

Malgré toutes les tentatives de Ruben pour que j'arrête de pleurer, je mis plus de temps que je ne l'aurais voulu pour retrouver mon calme et cela m'enrageait. Il devait à peine me rester plus de cinq minutes avec lui et mes larmes n'arrêtaient pas de couler, je me détestais moi-même.

Finalement, après encore plusieurs minutes atroces remplies de pleurs, je réussis à reprendre le contrôle et lorsque je fus certaine que je ne repartirais pas dans une nouvelle crise, j'essayai de trouver le visage de Ruben et le pris entre mes mains.

« Promets-moi de survivre, soufflai-je. »

Je ne savais pas réellement ce que je sous-entendais en lui demandant cela. Survivre aux Haut-Ministres ? Survivre au Projet ? Survivre à ma mort ? Cette dernière hypothèse me paraissait un peu égoïste de ma part mais je le savais capable de faire n'importe quoi sous le coup des émotions et je ne voulais pas qu'il fasse quelque chose d'insensé s'il venait à apprendre la nouvelle de ma mort.

Etonnamment, il ne me demanda pas d'explications sur ce à quoi il devait survivre et me promit de faire son possible pour rester en vie. Après cela, il m'embrassa longuement et je me rendis compte à cet instant précis qu'il avait compris qu'il allait se passer quelque chose de grave pour que je lui demande de me faire une promesse pareille mais il ne me questionna pas, il respectait mon choix de ne pas parler.

Soudain, la porte de la Boîte s'ouvrit et une lumière blanche jaillit à l'intérieur, me forçant à lâcher Ruben même si je n'en avais vraiment pas envie.

Dans l'encadrement de la porte, je vis deux Agents entrer avec derrière eux Cadeig. Je ne voyais pas très bien mais il me semblait que le Haut-Ministre d'Espérance souriait encore plus méchamment que d'habitude.

Tant bien que mal, le cœur lourd, je me mis debout et Ruben suivit mon exemple même s'il dut se tenir au mur pour ne pas tomber. Je le voyais pour la première fois depuis qu'il était de retour à Echec et je fus horrifiée en remarquant dans quel état il était.

Il avait d'énormes entraves à ses poignets et ses chevilles qui étaient reliées au mur ; son visage était couvert de sang plus ou moins séché, à tel point que je ne pouvais même plus apercevoir sa tâche de naissance ; son tee-shirt lui collait à la peau autant à cause de la sueur qu'à cause du sang qui imbibait complètement ses vêtements et sa jambe gauche était tellement tordue qu'elle ne laissait pas de doute sur le fait qu'elle était cassée.

Comment son état avait pu se dégrader en si peu de temps ? Je le revoyais sur la tablette de Tigus quelques jours plus tôt, il semblait souffrir mais ne paraissait pas si amoché. Je n'étais même pas sûre de vouloir réellement savoir ce qu'il avait fait pour que le Projet s'en prenne autant à lui en seulement quelques jours.

« Mathing, ils vous attendent, annonça Cadeig. »

Son intervention me fit sortir de mes pensées. Cadeig ne faisait pas allusion aux Agents qui se tenaient devant moi quand il disait « ils », il parlait des personnes chargées de me tuer. En voyant la mort arriver si vide, dans quelques minutes à peine, je ne pus m'empêcher de trembler et je fus incapable de bouger. Ma réaction fit rire le Haut-Ministre d'Espérance.

Pendant ce temps, Ruben attrapa ma main et me força à le regarder dans les yeux même si je ne voulais pas, il ne fallait pas qu'il me voit aussi perturbée.

« Qu'est-ce qu'il se passe Kaya ? me demanda-t-il de plus en plus inquiet. Kaya, regarde-moi. Dis-moi ce qu'il se passe.

-Vous ne lui avez pas dit Mathing ? s'étonna Cadeig. Eh bien, mon cher Farghot, il se trouve que cette jeune demoiselle est attendue deux étages plus hauts pour son exécution.

Cobayes : Expériences - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant