Chapitre 20 ; partie 1

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Après deux jours de recherches, hormis quelques oiseaux, nous n'avions rencontré aucune âme qui vive. Deux jours à marcher dans la neige. Deux jours à supporter le froid.

Parfois, j'essayais d'hurler le nom de mon meilleur ami sans trop espérer une réponse et le silence n'arrêtait pas de me narguer lorsque ce n'était que l'écho de ma voix qui me répondait à sa place. C'était ce silence insupportable qui venait m'entourer dès que j'appelais Malo dans cette forêt recouverte de neige où il n'y avait personne.

Mon cerveau me jouait des tours aussi, ce qui n'arrangeait rien à la situation. Quelques fois, j'avais cru entendre mon prénom mais soit j'avais rêvé comme le disait Ruben, soit c'était justement ce dernier qui m'appelait pour une raison ou pour une autre.

Les premières vingt-quatre heures que nous avions gâchées en restant planqués me faisaient extrêmement peur. Pendant tout ce temps, il avait pu arriver n'importe quoi à Malo. Plus les heures passaient, plus des hypothèses sinistres naissaient dans mon esprit.

Le pire, c'était le soir lorsque je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Je ne pouvais pas m'empêcher d'imaginer mon meilleur ami blessé, seul dans le noir. Dès lors, je faisais des cauchemars où je passais à côté de lui sans m'en rendre compte et qu'il finissait par mourir de froid et de faim.

Ce rêve effroyable revenait me hanter à chaque fois que je m'endormais et je me réveillais toujours en hurlant après. Les deux premières fois, alarmé par mes cris, Ruben s'était relevé, paniqué, avant de me rassurer en disant que ce n'était que des cauchemars et se recoucher.

La troisième fois où cela était arrivé, j'avais réussi à ne pas hurler en me réveillant mais j'avais encore eu une belle frayeur. Ruben dormait toujours près de l'entrée de la petite grotte où nous nous étions abrités. Même si je savais que je n'aurais pas dû, je m'étais levée pour retourner m'allonger contre lui. Le sentir près de moi m'avait immédiatement rassuré.

Peu de temps après m'être installée, il s'était mis à bouger avant de se réveiller et il avait paru complètement désorienté de me voir à côté de lui. Je m'étais attendue à ce qu'il me repousse mais lorsque je lui avais expliqué que c'était encore ce cauchemar, il avait accepté que je reste près de lui. Il m'avait même prit la main comme avant pour me rassurer.

Il n'avait pas semblé très dérangé par ma présence, pourtant ce matin lorsque je m'étais réveillée, il n'était plus près de moi. Il était assis devant notre petite grotte et attendait que je me lève pour repartir.

Durant toute la matinée, nous n'avions pas échangé un seul mot alors que ces deux derniers jours nous avions toujours eu quelque chose à dire à un moment ou à un autre. Même maintenant, alors que nous venions de nous arrêter pour déjeuner, aucun de nous n'osait prendre la parole.

Ruben était en face de moi et mangeait silencieusement le riz froid qu'il avait fait cuire avant de partir lorsque je dormais dans le sous-sol du Centre. Il ne me regardait pas, il fixait le lac auprès duquel nous avions fait notre pause.

Le lac en question était complètement gelé et les rayons du soleil qui se reflétaient sur la glace rendaient l'endroit magique. Les sapins recouverts de neige qui l'entouraient ne faisait que rajouter du charme à ce lieu déjà magnifique.

Hormis un léger vent faisant trembler les branches des arbres, il n'y avait aucun bruit, pas même le chant d'un oiseau. Depuis que nous étions sortis de notre planque, nous les entendions presque tout le temps mais bizarrement aujourd'hui, ils étaient silencieux. Je ne les avais jamais vus, c'était Ruben qui m'avait dit qu'ils existaient toujours et que c'étaient eux qui chantaient à longueur de journée.

Cobayes : Expériences - Tome 1Where stories live. Discover now