Chapitre 19 ; partie 3

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                                                             * * *

Lorsque je me réveillai, la première chose que je remarquai était que le matelas de Ruben n'était plus à côté du mien. Il se trouvait désormais de l'autre côté du sous-sol. La couverture était posée en vrac dessus et l'oreiller était déformé ce qui me fit penser que Ruben avait sûrement dormit lui-aussi. Il n'était pas là d'ailleurs mais je ne m'inquiétai pas plus que ça, son sac était toujours là, il ne m'avait abandonné pendant que je dormais.

Je m'assis contre le mur et remarquai qu'un bol surmonté d'un autre à l'envers, servant ainsi de couvercle, était posé par terre juste à côté de mon matelas. Il y avait une fourchette en plastique posé dessus. Doucement, j'ouvris cette boîte improvisée qui était encore tiède et un peu de vapeur s'éleva dans l'air. Je découvris alors à l'intérieur une petite portion de riz qui était encore chaude.

Mon ventre, comme attiré par cette nourriture, se mit à gargouiller. Cette fois, il me disait qu'il avait faim. Je n'attendis pas une seconde de plus et commençai à manger par petites bouchées. Cet apport de nutriments réjouit autant mon estomac que moi. Je me sentais déjà mieux rien qu'en mâchant ce repas, qui était en plus assez bon. Finalement, après 500 ans, le riz sous vide était toujours comestible.

Tandis que j'entamais le fond de mon bol, j'entendis les marches de l'escalier grincer. Instinctivement, je relevai la tête pour voir qui venait. Sans surprise, je vis qu'il s'agissait de Ruben. Il tenait à la main plusieurs boîtes en plastique qu'on utilisait aujourd'hui pour conserver les aliments au réfrigérateur.

« Bonjour, dit-il en finissant de descendre. Tu as bien dormi ?

-Salut, répondis-je en me levant. Oui ça va.

-Tant mieux, commenta-t-il en s'asseyant devant la cheminée. On va avoir beaucoup de chemin aujourd'hui et on doit être au meilleur de notre forme.

-Du chemin ? m'étonnai-je. »

Où est-ce qu'il voulait aller ? Il ne me l'expliqua pas. Il me tournait le dos désormais et était concentré sur les bols qu'il tirait loin du feu. Si je n'insistais pas, je n'obtiendrais aucun renseignement, je le savais.

Ruben semblait ne pas vouloir me parler plus que nécessaire. C'était à cause de notre discussion de la veille ? En tant qu'ami, il pouvait très bien me dire ce qu'il comptait faire, et surtout où il voulait aller. Déterminée à avoir des réponses, j'allais m'asseoir à côté de lui. Ce n'était plus la peine de jouer les mystérieux avec moi.

« Où est-ce qu'on va ? lui demandai-je plus sèchement que je ne voulais. »

Sans me jeter un seul coup d'œil, il continua la tâche qu'il était en train de faire. C'est-à-dire, sortir le riz cuit des bols et les mettre dans les coffrets en plastique qu'il venait de rapporter de la réserve.

« Je te ramène à Echec, dit-il en refermant l'une des boîtes. On ne sait pas combien de temps il te reste et je ne veux pas prendre de risques. Plus tôt tu retourneras à l'intérieur, mieux ce sera. Je t'expliquerai sur le chemin comment il faut faire. Je suis sûr que tu arriveras à te débrouiller.

-Pourquoi tu m'expliqueras tout en route ? m'étonnai-je. Je vais en oublier la moitié ! Tu ferais mieux de tout me dire au fur à mesure qu'on avancera dans Echec.

-Je ne rentrerai pas avec toi, dit-il d'un ton neutre. »

Cette réponse me fit l'effet d'un coup de poing dans l'estomac. Comment ça il ne retournerait pas à l'intérieur ?! Qu'est-ce qu'il lui prenait de faire un truc pareil ?

Cobayes : Expériences - Tome 1Where stories live. Discover now