Les Maraudeurs et le Retour du Némésis (tome 5)

Chapitre 107 - SEVERUS ROGUE

Un nouveau samedi de retenue. Depuis que Severus avait complètement perdu le contrôle et s'était attaqué à Potter, il passait tous ses samedis après-midi avec Rusard qui lui faisait faire des tâches toutes plus ingrates les unes que les autres. Mais aujourd'hui, c'était pire. Le concierge lui avait fait comprendre avec un sourire ironique qu'ils allaient travailler dehors, dans la cour de l'école. Là où près de quatre-vingt-dix pourcent des élèves se prélassait sous ce soleil d'été.

D'un geste brusque, Rusard ouvrit la porte du cabanon construit contre le mur d'enceinte où Mrs Bibine rangeait son matériel pour les cours de Vol sur balais qu'elle dispensait aux première année. Il faisait frais, à l'intérieur. Alors que ses yeux s'accoutumaient à l'obscurité, Severus attendit à l'entrée du cabanon alors que Rusard fouillait dans quelques étagères, Miss Teigne lovée à ses pieds.

- Tiens ! rugit le concierge en lui jetant un chiffon. Ça va te faire les bras !

Severus jeta un regard irrité au chiffon qu'il avait eu du mal à rattraper.

- Qu'est-ce que vous voulez que je fasse avec ça ? grogna-t-il d'un ton boudeur.

Rusard eut un ricanement.

- Aujourd'hui, tu vas m'aider à nettoyer le mur d'enceinte, Rogue, répliqua-t-il en lui jetant son regard de fou, il y a des petits merdeux qui se sont amusés à faire des graffitis dessus. Pff ! Un édifice vieux de près d'un millénaire et voilà comment vous autres chenapans le traitez !

Severus aurait été tout à fait d'accord avec lui s'il ne l'avait pas englobé dans le lot. Il continua à lui adresser un regard noir.

- Pourquoi ne pas vous servir de la magie ? répliqua-t-il. Un coup de baguette magique et tous ces graffitis disparaîtraient.

Le regard de Rusard se fit plus hésitant.

- Eh bien... Eh bien, c'est parce que... C'est pour t'apprendre la vie, sale voyou ! Qu'est-ce que tu crois ? Que tu peux te comporter comme bon te semble et faire ta punition en un coup de baguette magique ?

Tout cela n'avait aucun sens.

- Donc... Ça veut dire que vous vous punissez vous-même avec moi, fit-il remarquer en montrant le chiffon que Rusard tenait.

- Q-quoi ?

D'hésitant, les gros yeux exorbités du concierge passèrent à la fureur. Cette remarque semblait l'avoir fait sortir de ses gongs.

- Tu veux que je te donne encore plus de retenus, Rogue ? vociféra-t-il. Tu veux que je rallonge ta peine jusqu'à la rentrée prochaine ?

- Non...

- Alors tu la fermes et tu fais ce que je te dis ! Maintenant, écoute-moi bien.

L'homme venait d'attraper un gros pot de peinture qu'il y avait sur les étagères du cabanon. Alors qu'il la débouchait pour lui montrer son contenu, l'esprit de Severus ne put s'empêcher de vagabonder vers les cris des autres élèves qui s'amusaient dans la cour, en-dehors du cabanon.

Dans le pot, un liquide brun avec des reflets d'argent clapotait.

- Tu dois penser que c'est de la peinture, dit Rusard, mais en fait...

- C'est une potion Efface-tout, soupira Severus d'un air blasé, je le sais très bien, on apprend à la faire dès notre première année.

- Ah. Bon, alors...

Rusard attrapa un autre pot fermé et le lui colla dans les bras.

- Tu as un chiffon et un pot rempli de potion Efface-tout, je suppose que ta tâche est assez claire, gros malin.

Ils sortirent du cabanon et, cette fois, Severus fut aveuglé par le soleil qui brillait avec force dans le ciel. Ils longèrent le mur d'enceinte où deux escabeaux étaient placés à une dizaine de mètres l'un de l'autre.

- Ça, c'est le mien, dit Rusard, toi, tu prends l'autre et tu frottes sans dire un mot.

Severus allait se diriger vers son escabeau lorsqu'il remarqua qu'un canapé se trouvait juste à côté. Il trouvait étrange de retrouver cela, dans la pelouse, au beau milieu du parc.

- Qu'est-ce que ce canapé fiche là ? demanda-t-il. Ce n'est pas celui qu'il y a dans la salle d'Etude, normalement ?

Rusard soupira dans sa barbe en montant à son escabeau, armé de son chiffon et de sa potion Efface-tout.

- Si, grinça-t-il, mais comme des voyous dans ton genre s'amusent à abîmer le matériel de ce château, j'ai été obligé de le nettoyer. Je le laisse sèche au soleil. J'ai mis trois heures à travailler dessus pour le rendre aussi propre que s'il était neuf alors n'y touche surtout pas !

Severus grommela dans sa barbe. Il contourna le canapé et grimpa à son escabeau, encombré de son pot de potion et de son chiffon. Il trouvait cela humiliant de se mettre à travailler comme un vulgaire concierge alors que les autres élèves s'amusaient dans son dos.

Il déboucha le pot une fois arrivé au sommet de l'escabeau branlant et faillit bien perdre l'équilibre. Mais à peine débouché, Severus s'aperçut que quelque chose n'allait pas. Le liquide marron qui flottait dans le pot n'avait pas l'odeur de la potion Efface-tout. C'était une autre odeur, plus chimique.

Cet imbécile de concierge s'est trompé ! Il m'a refilé un pot de peinture marron au lieu de la potion Efface-tout.

Mais ce que Severus ignorait, c'était que Rusard n'était pour rien dans tout cela. Et moins d'une seconde plus tard, de nouveaux ennuis s'abattirent sur Severus.