Chapitre 24 - PETER PETTIGROW

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Il y avait une époque où ces sorties nocturnes mettaient Peter dans un certain état d'angoisse. Il avait toujours fait de son mieux pour ne pas le montrer à James, Sirius et Remus par crainte d'être bouté hors du groupe. Mais ces derniers temps, il remarquait que ces sorties hors du château ne lui causaient plus autant de peur. L'habitude, sans doute.

Car oui, c'était devenu une véritable routine. Réveil à deux heures du matin, sortie du dortoir dans le silence pour ne pas réveiller les autres, se glisser sous la cape d'invisibilité, vérifier si la voie était libre grâce à la Carte du Maraudeur, quitter le château, cachés la cape et la carte et, enfin, se transformer en animal.

Cette fois, Peter parvint à prendre la forme d'un rat sans beaucoup de difficulté ; il nota même que cette transformation n'était plus si douloureuse que ça. A ses côtés, James était devenu un cerf et Sirius, un chien. Et, face à lui, la pleine lune éclairait de ses rayons d'argent le grand Saule cogneur qui menaçait de ses branches quiconque essayait de s'approcher.

Sous sa forme de rat, Peter parvint à grimper le long du tronc sans se faire toucher par l'arbre et appuya sur le petit nœud formé par les racines s'entrecroisant. L'arbre s'immobilisa, comme soudainement apaisé. Et le rat, le cerf et le chien purent emprunter le tunnel qui courait sous terre pour rejoindre Remus dans la Cabane Hurlante.

Les Maraudeurs étaient de nouveau réunis. Si quelqu'un les avait surpris, tout ce que cette personne pouvait voir aurait été un cerf, un chien, un rat et un gigantesque loup qui couraient entre les arbres de la Forêt interdite. Peter devait s'avouer qu'il aimait bien ces moments. Accroché sur le dos de Sirius, il profitait de la vitesse de pointe du chien qui gambadait dans les bois. Parfois, Remus lançait un long hurlement à la pleine lune qui trônait dans le ciel, comme s'il la mettait au défi.

Tout se déroulait bien, sans anicroche. Mais Peter savait par expérience que rares étaient les sorties qui se déroulaient sans un problème. Et ce problème, ce fut Sirius qui le remarqua.

Au début, Peter se demanda pourquoi le chien sur lequel il se trouvait s'était soudainement figé. Il couina, comme pour demander à Sirius ce qui se passait. Puis, il remarqua que le cerf s'était lui aussi figé. James et Sirius semblaient regarder dans la même direction. Peter sentit son petit cœur de rat se mettre à battre violemment. Était-ce de la peur qu'il voyait dans les yeux de ces deux animaux ?

Il regarda avec crainte dans la même direction.

Dans une clairière de la Forêt interdite, la pleine lune découpait de ses rayons d'argent la silhouette d'un homme qui se promenait. Qui était-ce ? Qui pouvait bien se balader au beau milieu de la Forêt interdite à une heure pareille ? Peut-être un professeur ? Mais dans ce cas, pourquoi y avait-il tant d'horreur dans les regards du cerf et du chien ?

Peter comprit enfin. Remus ! Le loup-garou, qui furetait quelques mètres derrière eux, ne devait surtout pas voir cet homme qui traversait cette clairière ! Mais tout se passa d'une rapidité si saisissante que personne n'aurait pu faire quoique ce soit.

Remus s'était approché d'eux d'un pas tranquille et, dés qu'il s'arrêta entre James et Sirius, ses oreilles se redressèrent. C'était déjà trop tard. Les deux yeux rouges du loup-garou avaient déjà repéré l'homme qui marchait à quelques mètres de là, entre les arbres de la forêt.

Peter se prépara à sauter du dos de Sirius. La tension était à couper au couteau. Le cerf et le chien semblaient prêts à se jeter en travers du chemin du loup-garou pour l'empêcher d'attaquer cet homme. Etaient-ils assez forts pour empêcher cet énorme loup de bondir sur sa proie ?

Il ne le sut pas. Car, étrangement, Remus se contenta de regarder cet homme s'éloigner, détourna la tête et commença à fureter entre d'autres arbres de la forêt. James et Sirius échangèrent un regard qui devait être ahuri et Peter comprenait pourquoi. Comment se faisait-il que le loup-garou ne s'était pas transformer en une horrible bête sanguinaire face à cette proie potentielle ? Comment Remus s'y prenait-il pour continuer à renifler les arbres comme s'ils n'avaient fait aucune rencontre ? Peut-être ne l'avait-il pas remarqué ?

Peter se détendit. La silhouette de l'homme avait disparu, à présent, progressant toujours plus loin dans la forêt. Il sentit son rythme cardiaque se calmer, alors que James et Sirius suivaient Remus dans les bois. Mais ce calme ne dura pas...

Il suffit que Peter balade son regard sur les arbres autour de lui pour qu'une terreur telle qu'il n'en avait jamais ressentie le saisit brutalement. Entre deux arbres, un horrible visage le regardait, lui. Pas un visage humain, ni animal. Une face affreusement déformée, entre un aspect fantomatique et physique. Un sourire, ou une grimace de douleur, s'étirait. Et ses yeux... D'horribles yeux jaunes le transperçaient comme des flèches.

Tout se déroula très vite. Peter crut que son cœur venait d'exploser dans sa poitrine. Il glissa du dos de Sirius et sombra dans l'inconscience avant de heurter le sol.

Les Maraudeurs et le Retour du Némésis (tome 5)Where stories live. Discover now