Les Maraudeurs et le Retour du Némésis (tome 5)

Chapitre 105 - JAMES POTTER

Il était presque dix-sept heures et James avait l'impression qu'il avait passé l'éternité dans ce lit à ne pas avoir le droit d'en sortir. Même Mrs Pomfresh, qui n'en pouvait plus de ses sautes d'humeur et de ses sursauts d'impatience, avait fini par céder en lui promettant qu'il pourrait sortir dès demain matin.

Pour le moment, tout était calme. Le château entier semblait dormir. En réalité, toutes les classes étaient soit en cours, soit en séance d'Etude. A cette heure-là, la classe de James était dans les cachots à suivre le cours de Potions et il se surprit à regretter de ne pas y être.

La porte s'ouvrit. Nausicaa entra dans la salle, demanda à Mrs Pomfresh l'autorisation de parler à James et l'infirmière la lui donna très facilement. Avec appréhension, il regarda la fille s'asseoir sur la chaise à côté de son lit. Ils n'osaient pas vraiment se regarder dans les yeux.

- Salut, marmonna-t-il.

- Salut, souffla-t-elle en regardant ses pieds.

Il eut un silence que James se dépêcha de briser.

- Tu n'es pas en cours ?

- J'avais une heure d'Etude, lui expliqua Nausicaa, j'ai demandé à la surveillante si je pouvais venir te voir.

James eut un petit rire.

- Tu as toujours des heures d'Etude, j'ai l'impression.

Elle haussa les épaules.

- C'est l'avantage de la sixième année. Tu verras, c'est plutôt paisible en comparaison de la cinquième.

Un nouveau silence gênant s'imposa entre eux. James ne savait plus quoi dire et il voyait bien que Nausicaa était dans la même situation que lui. Et pour couronner le tout, Mrs Pomfresh jugea bon de quitter la pièce pour aller s'enfermer dans son bureau, les laissant complètement seuls, en tête à tête.

James était des plus troublé par la présence de son ex-petite-amie. Il ne pensait pas la voir ni lui reparler de sitôt. Pourtant, elle était là, assise, les yeux braqués vers le sol, comme si elle cherchait désespérément quoi dire.

- Comment est-ce que tu vas ? demanda-t-elle finalement d'un ton timide qui ne lui ressemblait pas.

- Je vais bien. Mrs Pomfresh m'a dit que je pourrai sortir demain.

- Oh. Tant mieux.

Un nouveau silence. Cette fois-ci, James ne le laissa pas s'éterniser.

- Pourquoi es-tu ici ?

Nausicaa haussa les épaules.

- Pour prendre de tes nouvelles, dit-elle, et aussi pour parler. Pour parler de nous deux.

- Je pensais que tout avait été dit, répliqua James d'un ton qu'il trouva un peu trop froid à son goût.

Elle poussa un soupir et le regarda. On voyait dans ses yeux une certaine tristesse et... de la peur, peut-être.

- James, écoute, je... Je suis désolée, souffla-t-elle, je n'aurais pas dû m'emporter, je sais que tout ça est de ma faute. Je me suis énervée pour rien et tu avais raison : on commet la même erreur que l'année dernière... Je commets la même erreur que l'année dernière.

- Que tu sois jalouse d'Evans n'est pas le problème, répondit James, c'est... pénible, c'est vrai mais j'aurais pu le supporter. En revanche... Tu sais très bien ce qui ne va pas.

- Oui ! Oui, j'ai compris. Et je te jure que je ne le referai plus ! C'est terminé ! Pardonne-moi, je... j'étais en colère et je sais pertinemment que ce n'est pas une excuse. Je le regrette... Vraiment.

James ne la regardait plus. Il avait du mal à la voir dans cet état. Les yeux de Nausicaa s'embuaient de larmes et elle avait un ton presque suppliant.

- Je te crois, dit-il finalement.

Il y eut un silence. Nausicaa s'approcha de lui et posa une main sur l'avant-bras de James qui dépassait des couvertures.

- Alors... Alors peut-être qu'on pourrait oublier toute cette histoire ? On s'est disputés, c'est vrai, mais quel couple ne se dispute pas ?

James regarda la main blanche de Nausicaa sur son avant-bras.

- Tu l'as dit toi-même, lâcha-t-il finalement, on a fait une erreur on se mettant ensemble. On a fait deux fois la même erreur.

- Je ne le pensais pas, répondit-elle d'un ton précipité, c'était stupide de dire ça. C'est toi qui avais raison, on peut le faire. Il faut juste qu'on apprenne mais ça arrivera, je te le jure.

Il resta un moment songeur. Il aurait aimé y croire. Mais c'était fini, pour lui. Là où il parvenait à voir un avenir à leur relation quand tout le monde n'y voyait qu'un espoir de fou, il ne voyait plus rien. C'était comme si le soleil qui éclairait leur histoire s'était soudainement fait voiler par de gros nuages noirs.

- Moi, je le pense, laissa-t-il tomber, je pense que tu avais raison.

- James... Ne dis pas ça...

- Nausicaa, nous sommes trop différents. On ne pourra pas rester dans notre bulle éternellement. C'était bien, c'est vrai. Mais il y aura forcement un moment où cette bulle éclatera.

- Ce n'est pas vrai...

- On n'a pas les mêmes valeurs, on a eu une éducation strictement différente. Il viendra un moment où un bras de fer s'installera entre nous parce qu'on est comme ça, tous les deux. C'est triste mais l'un des rares traits de caractère qui nous unit, c'est qu'on ne se laisse pas faire. Alors on se bouffera, tous les deux. Ce sera juste une lente torture pour nous deux.

- James, arrête...

- Si on se remettait ensemble, je suis sûr qu'on serait reparti pour de bons moments tous les deux. Les premières semaines, ce ne sera que du bonheur mais tu sais comme moi qu'on n'est pas faits pour que notre histoire s'éternise. Tu veux revivre ça une troisième fois ?

Le regard qu'elle lui adressa, malgré les larmes qui en débordaient, était déterminé, voire féroce.

- Laisse-moi une chance, exigea-t-elle d'une voix tremblante.

- Non. Je suis désolé, mais c'est terminé. Je t'ai vraiment aimé. Mais ça s'arrête là, désolé...

Agrippée à son bras, Nausicaa posa son front contre lui et se mit à sangloter doucement. Il ne l'avait jamais vu dans cet état et cela lui déchirait le cœur. Il s'en voulait, même, d'être responsable d'avoir mis une fille si forte et inébranlable dans un tel état. Elle pleura durant quelques minutes, puis se calma. Elle resta un petit moment le front appuyé contre son bras, comme si elle s'était endormie.

Puis, soudainement, sans crier gare, elle se leva d'un seul coup et quitta l'infirmerie d'un pas vif, s'essuyant les joues avec la manche de sa chemise.