Chapitre 70 - SEVERUS ROGUE

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Les périodes de Noël avaient toujours été des moments étranges aux yeux de Severus. Lors de ses trois premières années à Poudlard, il était résolument resté au château. Ici, les vacances étaient calmes et posées. C'était comme cela qu'il aimait Poudlard : avec peu de monde. Il pouvait profiter de la bibliothèque, de la Grande Salle ou de la salle commune sans supporter la plupart des idiots qui peuplaient habituellement ce château. Cependant, il se sentait aussi un peu mal. Voir les trois quarts de Poudlard prendre le train pour rentrer avec joie dans leurs familles respectives lui rappelait à quel point il était sans famille.

Severus haïssait au plus haut point son père. Quant à sa mère, même s'il lui arrivait de ressentir un peu de compassion pour elle de temps en temps, il avait commencé à développer du mépris pour sa faiblesse. Le concernant, il resterait à Poudlard même durant les vacances d'été, s'il le pouvait.

Lors de sa quatrième année, il était resté au château pour les vacances de Noël mais il en gardait un souvenir horrible. D'une part parce que pratiquement tous les élèves étaient restés à Poudlard et que, à cela, se rajoutaient les élèves de trois autres établissements pour l'occasion de la Traque du Flambeau. D'une autre part à cause de ce maudit Bal de Noël où il avait dû regarder des couples danser avec impuissance ; comme Lily avec Griffiths ou Nausicaa avec Potter.

Mais cette année, ce fut un Noël plus traditionnel qu'il retrouva avec joie. Il avait mangé à la Grande Salle dans un calme très agréable ; cette année-là, seule une quinzaine d'élèves était resté durant les vacances.

Lorsqu'il eût fini de manger, il quitta la Grande Salle en silence pour aller passer un petit moment seul au sommet de la tour d'Astronomie. Il regardait ce vaste château de Poudlard sous la neige et il méditait. Il pensait à Lily, à son avenir en tant que sorcier et à l'envie de ses amis de devenir des Mangemorts. Il s'étonnait, parfois, de ne plus avoir un avis si négatif à propos des sbires du Seigneur des Ténèbres. Même s'il ne se sentait pas l'envie de devenir un Mangemort, il commençait à voir d'un bon œil tout ce qui entourait ces sorciers en cape noire. Ils étaient comme des chevaliers craints par la plèbe pour leur puissance. Ils étaient tout simplement des loups que les moutons voyaient d'un mauvais œil. Et si Severus avait le choix entre rester un mouton ou devenir un loup, son choix restait vite fait. Mais il se reprenait souvent, en se disant qu'il y avait probablement d'autres moyens de devenir un loup sans être un Mangemort, sans écarter Lily de sa vie.

Lorsque le froid qui régnait en haut de cette vertigineuse tour eut raison de ses réflexions, Severus retourna dans les entrailles du château et parcourut les couloirs et les escaliers en direction de sa salle commune.

C'est alors que, au détour d'un corridor, il fut surpris par des éclats de voix vers la bibliothèque. Le professeur McGonagall semblait furieuse.

- Vous n'avez rien à faire ici, Monsieur ! s'exclama-t-elle. Il ne me semble pas que le professeur Dumbledore vous ait donné l'autorisation de fouiller cette aile du château !

Une voix doucereuse lui répondit :

- Toutes mes excuses, Madame. Mais je me doute que mon objectif a plus de chance d'être là où ce cher professeur Dumbledore ne veut pas que je fouille.

Severus jeta un coup d'œil dans le couloir. Devant la grande porte close de la bibliothèque, le professeur McGonagall faisait face au chef de la Garde du Ministère, Pyrites.

- Voyez-vous cela, dit-elle avec un rire jaune en travers de la gorge, on dirait que vous n'avez toujours rien compris : vous êtes dans une école ! Qu'espérez-vous trouver, bon sang ?

- Cela fait un mois que je suis entre les murs de ce magnifique château, ma chère, répondit Pyrites en joignant ses deux mains gantées sur le pommeau de sa canne, et chaque jour qui passe confirme ce que je ressens depuis le début : votre cher directeur cache quelque chose. Nous resterons ici jusqu'à ce que nous découvrions ce que c'est.

- Ce que vous faites est à peine légal. Mais vouloir vous introduire dans une pièce importante d'une école dont vous n'avez pas accès est un pas supplémentaire vers une entrée par effraction, Monsieur. N'oubliez pas que le professeur Dumbledore est un ami du chef du bureau des Aurors...

- Cette affaire ne concerne nullement les Aurors, ma chère Minerva, rétorqua Pyrites, et notre bon ami Fleamont Potter est un employé du Ministère tout comme moi ; il obéit à Mr Minchum. Et ma présence ici est un ordre de Mr Minchum en personne. Il m'a demandé de vérifier si Poudlard n'a rien à cacher au gouvernement et c'est ce que je compte faire. Or, vous m'empêchez de fouiller l'une de seules ailes du château que je n'ai pas encore fouillé. Vous comprenez que cela suscite ma méfiance, n'est-ce pas ?

McGonagall fit un pas vers Pyrites ; elle était plus petite que l'homme mais Severus la trouvait effrayante dans sa posture.

- Cette aile n'est composée que d'une bibliothèque, de sa réserve et de l'infirmerie de l'école, dit-elle entre ses dents, ce n'est en aucun cas un QG pour les opposants au gouvernement.

Pyrites resta un moment silencieux, comme s'il réfléchissait. Puis, il exécuta une sorte de révérence.

- Je me contenterai de votre parole pour le moment, ma chère madame, dit-il avec une galanterie trop ostentatoire pour être sincère, je vous souhaite une bonne nuit et un joyeux Noël. Je retourne à mes appartements.

- Faites donc, siffla McGonagall alors que le chef de la Garde du Ministère s'éclipsait dans un couloir adjacent.

Alors que le professeur de Métamorphose disparaissait par un autre couloir, Severus poursuivit sa descente vers les cachots, pensif. Il était fort probablement là, le problème. Ce n'était pas particulièrement le Seigneur des Ténèbres et ses Mangemorts mais bien ce fichu gouvernement qui faisait tout de travers...

Les Maraudeurs et le Retour du Némésis (tome 5)Where stories live. Discover now