Chapitre 48 - PETER PETTIGROW

44 9 6
                                    

- Il était une fois un vieil homme qui vivait seul. Il n'avait pas d'enfant et sa femme l'avait quitté quelques mois plus tôt. Incapable de vivre dans cette grande maison qu'il avait partagé avec sa moitié durant tant d'année, il préféra vivre le peu qui lui restait dans un petit appartement situé dans l'Allée des Embrumes. Un matin, en se réveillant, il entendit un bruit d'eau provenant de la salle de bain ; c'était le robinet qui s'était déclenché tout seul.

« Naturellement, le vieil homme appela un réparateur pour qu'il voit s'il y avait un problème avec la plomberie. Ce dernier lui dit que les appartements de l'Allée des Embrumes avaient fréquemment ce genre de problème et qu'il n'était pas surpris. Mais, étrangement, le vieil homme semblait perturbé. Il lui demanda même s'il ne connaissait pas quelqu'un qui pouvait repérer les esprits malveillants. Surpris, le réparateur lui répondit que non et que, de toute façon, la plomberie était mal faite dans ce coin de la ville. Mais le vieil homme n'en démordait pas, il voulait entrer en contact avec un spécialiste des esprits malveillants.

« Lorsque le réparateur lui demanda pour quelle raison il était si convaincu que ce phénomène était paranormal, le vieil homme refusa de lui répondre et le mit à la porte. Il chercha durant les jours qui suivirent ce fameux spécialiste mais il n'eut pas le temps de le trouver. Car un matin d'hiver, on trouva le vieil homme mort, noyé dans sa baignoire. Tout le monde fit le lien à ce moment-là avec le fait que sa femme, quelques années auparavant, s'était suicidée dans sa baignoire.

Un petit silence suivit l'histoire d'Amelia. En regardant tous les visages réunis autour du feu, Peter vit que ce récit avait eu son petit effet sur certaines personnes. Mais cela était loin d'être le cas de Nausicaa.

- Elle est nulle, ton histoire, grogna-t-elle, elle ne fait même pas peur.

Amelia lui adressa un regard noir.

- Tu n'as qu'à en proposer une, toi, répliqua-t-elle.

Nausicaa haussa les épaules.

- J'ai suffisamment d'histoires de famille qui feraient passer la tienne pour un joli conte de fées, répliqua-t-elle, pas vrai, Sirius ?

- Malheureusement, c'est vrai, grogna celui-ci.

- Oh ! Moi, j'en ai une ! s'exclama alors James. Attendez, il faut que je sois prêt pour la raconter. Lumos !

Sa baguette magique se mit à luire d'une douce lumière bleue alors qu'il la positionnait juste sous son menton, rendant son visage effrayant à cause de la lumière qui l'éclairait par le bas. Alors qu'il commençait son récit, quelques élèves eurent un rire amusé.

Peter était bien parti pour l'écouter mais quelque chose le déconcentra. Assise à côté de lui, Bertha Jorkins le regardait de ses petits yeux porcins avec un air étrange sur le visage. Elle avait un sourire béat et Peter voyait bien qu'elle avait bu un peu trop de Bièraubeurre car elle semblait un peu éméchée.

- Tu sais que tu es mignon, toi ? gloussa-t-elle en hoquetant.

- Euh... Euh... Merci...

Jusque-là, Peter ne s'était jamais senti aussi bien malgré le fait qu'il se trouvait au beau milieu de cette Forêt interdite qu'il haïssait tant. La Bièraubeurre l'avait clairement détendu et il s'était même surpris à échanger sans aucune gêne avec des élèves qu'il ne connaissait pas du tout. C'était une expérience inoubliable, pour lui, de pouvoir rire et parler sans ressentir la barrière oppressante de sa timidité maladive.

Mais maintenant que cette fille commençait à faire son numéro un peu malaisant, toute sa gêne était revenue.

- Oh, tu es timide ? dit Bertha à sa grande horreur. C'est marrant, ça... Je n'aurais pas parié qu'un Maraudeur puisse être timide...

- Non, je ne suis pas timide ! protesta Peter alors que James continuait son histoire (histoire qui semblait plus faire rire que faire peur, apparemment).

Bertha eut un rire.

- On pourrait sortir ensemble alors, dit-elle avec un gloussement étrange, comme si elle-même se rendait compte de l'énormité de ce qu'elle venait de dire.

Là, cette fois-ci, Peter fut totalement pris au dépourvu. Une fille lui proposait de sortir avec elle ? C'était bien la première fois que cela lui arrivait ! Se moquait-elle de lui ? Et lui ? Comment devait-il réagir face à une situation si gênante ? Aucune réponse ne voulait se manifester.

Trop mal à l'aise pour regarder Bertha dans les yeux, il laissa son regard courir sur les arbres plongés dans le noir qui entouraient la petite cabane en ruines.

- Allez, poursuivit la fille, on pourrait sortir ensemble... Je suis sûre que ça se passerait bien et que...

Bientôt, la voix de Bertha s'évanouit totalement. Ce qui avait été un véritable choc pour Peter ne tarda pas à passer au second plan. En promenant son regard sur la forêt qui les entourait, il venait de le voir. Encore une fois.

Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Le visage du Lémure le regardait avec ses horribles yeux ronds, en train de flotter entre deux arbres dans l'obscurité de la forêt.

- Oh non, souffla-t-il.

- Quoi, non ? Il y a quelque chose qui va pas ?

Sans même s'en rendre compte, Peter s'était levé tout en continuant de toiser le Lémure. L'apparition ne le quittait pas des yeux. Mais, quelques courtes secondes plus tard, il s'en alla dans la forêt.

Mu par des forces qui le dépassaient, Peter bondit par-dessus le feu, ignorant les cris des autres élèves surpris par ce qu'il faisait, et il fonça comme un boulet de canon entre les deux arbres où se trouvait le visage quelques instants auparavant.

Le Lémure s'enfonçait toujours plus loin dans la forêt. Entendant à peine les autres crier son nom dans son dos, Peter plongea à la poursuite du Lémure.

Les Maraudeurs et le Retour du Némésis (tome 5)Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz