Les Maraudeurs et le Retour du Némésis (tome 5)

Chapitre 28 - SIRIUS BLACK

Ces dernières semaines d'octobre avaient rapporté beaucoup de pluie. Mais en ce samedi matin, le château de Poudlard s'était réveillé sous une jolie éclaircie qui venait rehausser les feuilles rougeoyantes des arbres entourant le domaine. Une certaine effervescence s'était emparée du château, comme chaque jour de match de Quidditch. La première rencontre entre Gryffondor et Serpentard devait avoir lieu cet après-midi-là et la perspective de ne pas y participer rendait Sirius malade de colère.

Ce matin, les Maraudeurs s'étaient tous réfugiés dans leur habituel QG situé tout en haut d'une aile du château, sous la toiture, dans une ancienne salle de classe abandonnée depuis quelques années déjà. C'était ici qu'ils avaient façonné tous ensemble leur Carte du Maraudeur et c'était ici qu'ils se retrouvaient souvent pour pouvoir parler tranquillement sans être entendu des autres élèves.

James s'était allongé sur un canapé de la salle et lisait un numéro des Chroniques de Poudlard ; ce journal qu'Evans avait créé était devenu un véritable phénomène dans toute l'école, ces dernières semaines. Remus était penché sur la Carte du Maraudeur, assis à la table centrale du QG, dans l'attention de tester de nouveaux charmes dessus. Installé non loin de lui, Peter était plongé dans plusieurs livres qu'il avait ramenés de la bibliothèque avec un sérieux qui ne lui était pas commun.

Et Sirius, s'efforçant de ne pas penser à ce nouvel après-midi de retenue qui les attendait dans l'atelier de Rusard, était allongé sur un autre canapé, occupé à balancer une balle rebondissante contre le mur du fond avant de la rattraper.

- Je dois avouer qu'Evans a un style qui est très mordant, commenta James en tournant une nouvelle page du journal, la bouche remplie de suçacides.

- Tu continues à lire ces bêtises ? fit Sirius. Tu es convaincu qu'elle va parler de toi là-dedans, ou quoi ?

- Ce n'est qu'une question de temps, lui assura James, mon nom devrait apparaître dans un de ses articles tôt ou tard. Elle ne peut pas s'empêcher de penser à moi et, honnêtement, qui peut l'en blâmer. Tu as vu comment elle me regarde ?

- Comme on regarderait deux Scroutts à pétard en pleine copulation ?

James eut un éclat de rire.

- Tu es loin du compte, mon pote. Cette fille m'adore.

- Oh, James... Tu es désespérant.

Sirius balança de nouveau sa balle, mais un peu trop fort, cette fois. Elle rebondit sur le sol, puis sur une poutre de la toiture avant de frapper de plein fouet la table, juste sous le nez de Peter, toujours plongé dans sa lecture.

- Eh ! s'exclama celui-ci. Mais qu'est-ce que tu fiches ? Tu vois bien que je suis occupé ?

Avec un rictus en coin, Sirius se retourna pour regarder dans la direction de la table où étaient installés Remus et Peter.

- Occupé, hein ? Je peux savoir ce que tu fiches ? Tu révises ? Toi ? Ne me dis pas que les profs ont réussi à te retourner le cerveau avec leur histoire de BUSE ?

- Non, maugréa Peter en tournant une page, j'essaye de découvrir ce que j'ai pu voir il y a quelques semaines dans la Forêt interdite. Cette espèce de drôle de visage qui flottait et qui me regardait.

Sirius se leva, fit quelques pas vers la table et prit un des nombreux livres que Peter avait ramené de la bibliothèque.

- Spectres et apparitions en milieu forestier, lut-il, dis donc, tu prends cette histoire vachement au sérieux.

- Vu que personne ne veut m'aider, pas même Remus, je suis bien obligé de m'y mettre avec sérieux.

- Au moins, si l'épreuve de Défense contre les forces du mal tombe sur les spectres, tu seras paré.

- Mmh.

Derrière, James referma le journal et le laissa tomber sur la table-basse devant la cheminée éteinte avant de se lever. Sirius eut un sourire devant son air légèrement déçu.

- Je devine que Miss Parfaite n'a pas parlé de toi, le railla-t-il.

- Non, pas encore, du moins. Qu'est-ce que tu fiches, Lunard ?

Remus venait mettre un dernier coup de baguette à la carte.

- Et voilà ! dit-il d'un ton réjoui. Normalement, ça a marché !

Sirius, James et Peter se penchèrent sur la carte mais ils ne virent rien d'anormal. Elle indiquait que Rusard était dans son bureau avec Miss Teigne, Dumbledore semblait discuter avec McGonagall dans la classe de Métamorphose et Nick Quasi-Sans-Tête se trouvait avec le Moine Gras dans les cachots du château. Plus loin, Sirius remarqua avec rictus moqueur le nom de Severus Rogue dans la bibliothèque de Mrs Pince, puis de Flitwick dans son bureau et, dans une pièce non loin, de plusieurs élèves réunis dont faisaient partis, entre autres, Lily Evans, Jenna Potter ou encore une certaine Stella Lovegood ; la fameuse équipe des Chroniques de Poudlard. On pouvait même voir, des étages au-dessus, les quatre noms des Maraudeurs réunis autour d'une même table.

- Et alors ? dit Sirius après quelques secondes d'observation. Je ne vois aucun changement sur la carte.

- C'est bien là le problème, soupira Remus, il nous sera impossible de vérifier si mon charme a fonctionné.

- Et de quel charme est-ce que tu parles ?

- J'ai fait en sorte que seuls les Maraudeurs puissent voir leurs noms sur cette carte, lui expliqua Remus, en gros, si on demandait à quelqu'un d'autre de regarder la carte, cette personne verrait tous les noms présents dans le château et le parc, mais dans notre QG, il n'y aurait personne.

- Mais... A quoi ça sert ? dit Peter d'un ton dubitatif. On ne comptait pas faire découvrir la carte à qui que ce soit, de toute façon.

- C'est au contraire très brillant, dit James, si jamais on perd cette carte et qu'elle tombe entre de mauvaises mains, on ne pourrait pas l'utiliser contre nous. On reste invisibles aux yeux des autres. Bien joué, Lunard !

- Merci, Cornedrue. Méfaits accomplis !

Alors que la carte s'effaçait toute seule, la cloche se mit à sonner dans tout le château. Sirius échangea un regard blasé avec les trois autres.

- Allez, dit Remus, il est temps d'aller manger dans la Grande Salle.

- Oui, grinça Sirius, allons prendre des forces avant de passer tout l'après-midi coincés dans cet atelier avec Rusard.