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On ne se fout pas de la gueule des gens, bordel. Les personnes comme ça, j'ai envie de leur faire du sale. Peu importe la moquerie, on n'en fait pas. Ce doit être très blessant et rabaissant pour ceux qui reçoivent ces moqueries ou qui se font rire à la gueule, donc non. C'est méchant, c'est puéril, c'est digne d'une mauvaise éducation.

Il faut, par moment, savoir se mettre à la place des gens. «Kama tadin tudan wela comme tu fais, on te fera» cette phrase est juste véridique. Combien de choses que j'ai faites et que je me suis toujours reçues à la gueule par la suite. Il ne faut pas tomber dans ces gamineries parce que ça nous retombe toujours dessus à un moment.

Elles m'avaient envahie de haine. Je ne comprenais même pas ce qu'elles faisaient là, sincèrement. Ce n'était pas le moment de s'embrouiller donc je ne leur avais pas porté plus d'attention que ça, j'avais tourné le regard. Mes yeux s'étaient à nouveau posés sur son petit frère Anas. Soubhan'Allah, la ressemblance qu'il avait avec Moad.

Peu de temps après le propriétaire avait ouvert la chambre où se trouvait Moad. La famille y était allée avant les connaissances et les khey. Ils s'étaient enfermés à l'intérieur, puis quelques minutes après qu'ils soient rentrés, la porte s'était ouverte et tous les petits étaient sortis en pleurs, ils avaient tous couru jusque dehors.

Leurs pleurs résonnaient jusque dans le funérarium, ça nous avait tous foutus mal. Ça m'avait serré le gelb, il allait tomber au sol. Mes yeux ne quittaient plus Anas, je n'avais pas réussi à le lâcher du regard. Je n'aurai aucun mot pour exprimer ce que j'avais ressenti sur le moment. Ils m'avaient tous peiné, mais bien plus Anas.

Leur père m'avait tellement fait de peine, yay. Ça s'était ressenti qu'il était très éprouvé et à bout de tout ça. Il courrait de partout pour essayer de calmer la situation. Il allait voir les petits pour les assister, il retournait à l'accueil pour surveiller qui rentrait et il allait à l'entrée de la chambre pour voir ce que les gens faisaient.

Sa souffrance, je la comprenais, celle de perdre un enfant. Comparé à mon cas, lui ça devait être une douleur bien plus forte, par le fait qu'il avait vécu seize années avec lui, qu'il avait eu le temps de s'attacher à la chair de sa chair, qu'il l'avait vu grandir, qu'il l'avait éduqué, etc. Tout ce dont moi, je n'avais pas eu le temps de vivre.

En soit, ça restait la même chose, le fait d'avoir perdu un enfant, mais les deux situations étaient malgré tout, quelque peu opposées. Il était très humble, et même, ils étaient très humbles, hormis celles qui étaient venues pour le paraître. C'était ça qui était beau à voir, le fait qu'on était plus ou moins, tous humbles.

La famille était sortie de la chambre et ils avaient laissé les autres y aller. La chambre était vraiment très petite, il pouvait vraiment y avoir peu de personnes à l'intérieur, genre, dans mes souvenirs, on était toujours une douzaine à l'intérieur, et encore en se serrant les uns les autres. On avait donc laissé les premières personnes y aller.

En plus de ça, il y en avait deux qui étaient restée très présente à l'intérieur, malgré tout, mais c'était très compréhensible. Elles étaient devant la porte de la chambre, enfin dans mes souvenirs, c'était deux femmes de leur famille. Elles surveillaient tous les faits et gestes que chacun de nous pouvait avoir, au moment même où on mettait un pied à l'intérieur.

Elles étaient vraiment très stressées et à bout de nerfs, ça s'était vraiment ressenti en tout cas. Elles ne faisaient que de répéter «Vous ne le touchez pas et vous ne l'embrassez pas. Vous faites des du3as, vous faites une fois le tour et vous sortez.» Leur comportement était très compréhensible, parce qu'il y avait toujours des gens pour forcer.

Il y avait eu beaucoup de monde ce jour-là, en plus de la veille où il y avait déjà des gens qui étaient venus au funérarium. La preuve était là, il était apprécié pour la personne qu'il avait été. Il y avait eu des professeurs, des éducateurs du quartier et tout pleins d'autres, que personnes n'auraient pensé qu'ils seraient venus.

Cause à effetWhere stories live. Discover now