Cause à effet

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Mon frère, j'en parle très peu, voire jamais, et même dans la famille, rare sont les fois où ça en parle. On ne l'oublie pas, on pense à lui constamment, mais on évite d'en parler entre nous, parce que c'est difficile, et ça fait bien plus mal au vu des circonstances de sa mort. Ça n'a pas changé depuis qu'on a appris son décès en 2005.

Je n'avais jamais été réellement proche de lui, enfin, on avait une relation, je dirais normale. On se voyait peu par rapport au fait qu'il avait décidé de vivre en Algérie, mais on avait gardé un certain contact ensemble, et on n'hésitait pas à se voir quand on en avait l'occasion. On s'entendait bien alhamdulillah.

À ce jour, il aurait trente ans. C'était mon grand-frère et ça l'est toujours fi 9albi, donc forcément, j'avais toujours été impressionné face à lui, c'est d'ailleurs pour cette raison que je l'avais toujours respecté. Je n'avais jamais eu ne serait-ce qu'une parole ou un geste de déplacer envers lui. Mon respect était immense, pour lui.

Je ne sais pas si ceux qui ont des grands frères, ils ont déjà ressenti cette sensation, mais moi, quand je le voyais, j'avais mes yeux qui brillaient et mon gelb qui cognait fort. Je l'estimais énormément, et je le voyais comme quelqu'un à qui je voulais ressembler. On ne se l'était jamais dit, mais je l'aimais et je l'aime à n'en plus finir.

Les gars avec qui il avait vécu en Algérie, je les avais connus à l'époque, mais j'étais relativement jeune, donc je n'en avais eu strictement rien à faire d'eux, mais par la suite, et surtout, après son décès, j'avais essayé de prendre contact avec eux, mais ça n'avait rien donné au final. C'était rester comme ça un bon moment.

Une autre fois, j'y étais allé avec une forte détermination, accompagner de mes cousins, parce que j'avais voulu savoir des choses, mais ils avaient refusé de répondre à mes questions. J'avais eu envie de tout retourner ce jour-là, mais le certain respect que j'avais envers eux, m'avait poussé à ne rien faire, et à répondre par le silence.

Depuis, j'avais toujours gardé en tête ce qu'ils avaient fait. C'est vraiment très dur pour un membre de la famille qui attend des réponses sur ces choses-là, de se les voir refuser, ça fait vraiment très mal. C'était qui eux, pour Maamar, par rapport à moi, pour qu'ils en viennent à me refuser les réponses que j'attendais.

Suite à ça, j'avais eu une profonde haine envers eux, mais avec du recul, je m'étais posé les bonnes questions, et j'avais fini par plus ou moins comprendre, pourquoi ils m'avaient refusé ces réponses. Mon intérieur est comme mort depuis qu'il est parti, mais je m'étais dit «Emir, fait pas le con. Ça doit être très difficile pour eux aussi»

J'étais le petit frère, donc forcément, j'étais le premier touché par ça, mais j'avais tendance à oublier que je n'étais pas le seul. Ces gars avaient vécu avec mon frère et du jour au lendemain, ils avaient appris son décès, donc j'avais fini par me mettre à leur place, et comprendre la raison qui les avait poussé à refuser.

Ça avait dû être dur pour eux ce que je leur avais demandé. Ils ne m'avaient jamais réellement dit la raison pour laquelle ils avaient refusé, mais en y réfléchissant, c'était facile à le comprendre. Mes mots avaient été durs ce jour-là, parce que j'étais envahi par la haine, donc ça s'était ressenti dans mes paroles, indéniablement.

Ça faisait quelques années maintenant, donc je m'étais dit que j'allais pouvoir réessayer. Ces réponses, je les attendais toujours, et même d'autres, c'était des choses auxquelles j'avais pensé tout au long de ces années. J'avais voulu en avoir le cœur net pour stopper toutes ces idées que je m'étais faite par rapport à tout ça.

Les choses auxquelles je pensais, il n'y avait que moi pour les penser, sérieusement. Que ce soit le padre, la mama ou même Nina, aucun d'eux pouvaient se poser ce genre de question par rapport à Maamar et à cette affaire. J'en ai connu des bourbiers, donc je le savais pourquoi je devais leur poser toutes ces questions.