♡CHAPITRE 54♡

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Ses paroles lui semblaient encore quelque peu maladroites, mais elles résumaient bien sa pensée. Il aurait clairement préféré aborder ce sujet dans un autre contexte, mais cela avait été plus fort que lui. Il n'avait jamais apprécié qu'Izuku s'impose des restrictions ou change sa personne pour attirer ses bonnes grâces, alors lorsque ce dernier avait glissé ce "moi aussi" accompagné d'un sourire en minime partie faux, Eijiro n'avait pas pu se retenir de réagir. 
Il en avait marre des cachotteries, des faux-semblants et des non-dits. Marre de voir Izuku se plier en quatre pour que leur relation fonctionne, alors que lui se tenait naïvement là, à jouer au petit ami idéal sans pour autant essayer de traiter leur manque de communication flagrant. 
Maintenant qu'il avait une vision claire de ses sentiments pour le vert, et à cause des espoirs qu'il portait à leur relation, il ne pouvait plus se permettre de se taire ou de ruminer dans son coin. Il fallait communiquer. Échanger, pour mieux connaître les démons de chacun, mais aussi pour y remédier ensemble, comme un véritable couple le ferait. 

À cause de son agitation, le cerveau d'Eijiro avait complètement oublié de contrôler la force de sa main. Sous l'attente des prochains mots du vert, son stress augmentait en même temps que sa prise se resserrait autour sa paluche, occasionnant un froncement de sourcils chez l'homme encore à la recherche de ses mots. 

Izuku parvint à rompre le contact puis se redressa pour emplir ses poumons d'air. Il fallait tout d'abord qu'ils se calment tous les deux et que la pression baisse. Il avait peut-être été pris de court par la question d'Eijiro, mais au final, il en comprenait pleinement le but et la signification. Leur relation était accablée par tellement de non-dits qu'ils finiraient sans doute l'étouffer dans l'œuf. Ainsi, pour prévenir cela, il valait mieux saisir l'opportunité et démonter l'un des plus grands malaises de leur relation. 
Cependant, même en connaissant la bonne marche à suivre, Izuku ne pouvait empêcher la peur de secouer son être à l'idée d'exposer le fond de sa pensée, et de potentiellement créer un nouveau souci dans leur couple en bonne marche vers le bonheur. 

Toujours est-il que la question avait été soulevée. La boite de Pandore, contenant tous leurs maux, s'était répandue à travers la pièce amoureusement décorée pour qu'ainsi, il n'y ait plus de retour possible. 

Izuku se retourna pour faire face à son petit ami qui l'avait suivi dans son mouvement et c'était aussi relevé en position assise. 

— Tu n'as pas peur ? Demanda-t-il tout brisant le silence qui emplissait la pièce. Cela contrastait radicalement avec la musique qui parvenait, maintenant, difficilement à leurs oreilles. 

— Pardon ? 

— Si je te dis le fond de ma pensée, alors tu devras en faire de même. Ça ne t'effraie pas ?

— Je dois avouer que si. Répondit le rouge calmement après un court instant de réflexion. « J'ai un peu peur de ce que je serai obligé de t'avouer. Mais je pense que ce dont j'ai le plus peur, c'est de jusqu'où ma pensée serait prête à aller pour essayer de comprendre certaines expressions qui passent parfois sur ton visage. » 

Délaissant le regard émeraude, celui rubis s'accrocha à un petit carré blanc délimité par la couture des couvre-lits dépourvus de motifs.

« Parfois, j'imagine ce que tu pourrais penser de moi ou de cette relation et les conclusions sont si terribles que ça me paralyse et m'empêche de faire de nouveaux pas vers toi. » Termina-t-il. 

Alors que le silence avait repris sa place, Izuku fixait attentivement l'expression emmêlée de son homme. La lumière chaude des bougies et des minies lampes sillonnaient les courbes de son visage et accentuait ses traits creusés par sa maturité soudaine. C'était comme si l'éclairage entier s'était donné pour mission de montrer au vert à quel point Eijiro avait pu changer au cours de ces dernières années. Le poids de ses propres pensées se lisait sur sa face et s'illustrait par sa mine épuisée de combattre un ennemi difficilement discernable, combinée à une autre plus rafraîchie par toutes les nouvelles possibilités qu'ouvrirait leur prochaine discussion.

— Moi aussi je m'imagine plein de choses sur nous. Avant, je nous imaginais heureux tous les deux à couler de beaux jours, mais maintenant, tout ce qui passe dans ma tête ne se résume qu'à une seule chose : une boucle.
Je nous vois proches, puis distants, puis proches... C'est sans fin et ça me fait peur. On a beau faire tout pour en sortir, mais au final, on se retrouve toujours au même point de départ.
Je devrais me réjouir de cette journée, mais tout ce à quoi je peux penser en voyant cette sublime mise en scène, c'est le moment où ça s'arrêtera. À chaque instant, j'ai juste l'impression d'être retenue par des chaînes. Des chaînes assez longues pour me permettre d'effleurer mon but, mais juste assez courtes pour que je ne puisse jamais l'avoir entre mes mains.
Je voudrais bien croire en ce comportement attentionné que tu affiches ces dernières semaines, mais qui ne me dit pas que c'est encore un énième feu de paille qui s'estompera l'instant même où je me laisserai totalement emporter par sa vigueur ?

Je veux t'aimer ♡ KIRIDEKUWhere stories live. Discover now