♡CHAPITRE 17♡

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La moitié du visage toujours camouflé par ses mains, Izuku écoutait Katsuki lui expliquer l'utilité de la « famille » et des « amis » dans les moments difficiles. C'était assez ironique venant de l'être le moins doué en relation sociale qu'il connaissait. Depuis qu'ils se fréquentaient, Katsuki n'avait jamais eu qu'un seul ami et c'était lui. En voyant le désintérêt de son ami pour tout ce qui touchait au social, Izuku s'était une fois demandé si ce dernier ne restait pas avec lui par obligation : il est vrai qu'ils se connaissaient depuis le berceau, que leurs mères étaient de grandes amies et qu'elles tenaient très à cœur leur bonne entente alors cela pouvait créer des doutes quant à la raison pour laquelle Katsuki acceptait qu'Izuku et lui partagent le même air la quasi-totalité de l'année. Mais la réponse de Katsuki fut claire -Parce que, bien sûr, lorsqu'Izuku menait son questionnement interne, il le formulait aussi tout haut.

« Si c'était pour une raison aussi débile que "faire plaisir à ma vieille", on se serait éloigné dès le jardin d'enfants. Je vais pas rester H 24 avec un gosse qui m'énerve juste parce que ça fait sourire cette femme. » Avait-il dit en regardant vert droit dans les yeux les sourcils froncés. « Et puis... J'ai pas besoin des autres parce que t'es déjà là et ça me suffit ». Avait-il marmonné en détournant le regard.
Si Izuku pouvait faire un top dix des moments les plus heureux de sa vie, il était sûr que celui-ci figurerait au moins dans les cinq premiers.

Toujours était-il que dans l'instant, il trouvait que Katsuki s'échauffait un petit peu trop sur cette histoire. Il n'était pas en sucre, son ami parlait comme si Izuku allait se mettre à fondre d'un moment à l'autre ou qu'il se tuerait s'il s'avérait que sa relation était véritablement vouée à l'échec depuis le début. Certes, il serait triste, mais pas au point d'en mourir. Alors pourquoi Katsuki s'acharnait à lui réapprendre les bases de la société comme s'il n'était qu'un môme ?

— [...] Et je te parle pas seulement de tes histoires de couple. Ça vaut dans tous les domaines. Je te dis pas de raconter ta vie à tout le monde, mais d'apprendre à demander de l'aide ou des conseils quand t'es dépassé [...] Continuait Katsuki comme s'il avait eu connaissance de toutes ses pensées.

Izuku retira ses mains de son visage. D'un regard éberlué, il fixait le vide en réanalysant les paroles de son ami d'enfance depuis le début de cette conversation. Pourquoi ne s'en était-il pas rendu compte plus tôt ? Tous les signes étaient là, sous ses yeux, depuis des mois :
un Katsuki qui réfrénait sa colère, qui s'expliquait longtemps avant de passer à l'action, qui abrégeait de moins en moins ses phrases et retirait petit à petit le langage grossier de son vocabulaire.
Tous ces changements avaient débuté quelques temps après son entrée dans le monde du travail. Et le résultat était là, Katsuki avait considérablement mûri.

Pendant que lui, il se confortait dans l'idée qu'il n'avait besoin de personne pour avoir ce qu'il veut, son meilleur ami se transformait en un adulte sage et responsable. C'étaient là les deux facettes de l'évolution ; Katsuki s'était ouvert au monde, pendant qu'Izuku l'avait rejeté un peu plus, cultivant son obstination de vouloir tout contrôler autour de lui.
C'était assez difficile d'admettre qu'en cinq années passées loin de celui qui nourrissait son mal-être, il avait stagné et peut-être même régressé. À part sa situation matérielle stable et son travail qu'il adorait, Izuku n'avait rien d'un adulte, il était resté le petit collégien qui s'obstinait à passer par le même raccourci en rentrant chez lui, tout en sachant que les brutes qui le martyrisaient en avaient fait leur fief.

Au final, il n'était pas si différent d'Eijiro qui restait bloqué sur une amourette d'adolescent. Il était même pire, car il cultivait les mêmes pensées depuis tout petit :

Je suis un homme, donc je dois me débrouiller seul. Je ne dois pas être un poids pour les autres.

Et c'était pour cela que le Katsuki d'auparavant, n'étant pas doué avec les mots, se contentait de passer derrière lui pour tout arranger.

— Katchan... Appela-t-il son ami qui avait cessé de parler depuis un moment. « Je... Merci pour tes conseils, mais là, je suis vraiment épuisé. Je te rappelle demain après le boulot. » L'homme de l'autre côté du fil se contenta de soupirer et de grogner une réponse qu'Izuku interpréta comme un « oui ».

— N'oublie pas d'appeler Inko-san aussi demain. Ajouta-t-il avant de couper l'appel sans plus de cérémonie.

Le vert s'écroula une fois de plus sur son lit. Il était éreinté par tout ça : cette journée, son couple, son travail, sa famille, ses choix. C'était éreintant de vivre. Même lorsqu'on se pensait sur la bonne voie, on finissait par se perdre.

Les pieds qui touchaient toujours le sol, les bras de part et d'autre du matelas, les poches sous les yeux et les traces de larmes sur ses joues tachetées ; Izuku se laissa porté au pays des songes pour échapper pendant quelques heures au grand tumulte dans son esprit.

Je veux t'aimer ♡ KIRIDEKUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant