♡CHAPITRE 20♡

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— Bonjour Izuku, alors tu daignes enfin prendre des nouvelles de ta mère ? Attaqua aussitôt la quinquagénaire. Izuku grimaça en se préparant mentalement à la conversation qui allait suivre. Mitsuki Bakugo était semblable à son fils en tout point. Tous les deux avaient les mêmes traits fins, le même regard sanguin, la même chevelure couleur paille. Mais, ce qui les rassemblait le plus était leur caractère indomptable.

Tout comme Katsuki, la blonde ne mâchait pas ses mots et ne manquait jamais d'expliquer le fond de sa pensée.

— Désolé Mitsuki-san, j'ai été tellement occupé ces temps-ci... Je sais que c'est impardonnable ce que j'ai fait...

— Un peu que c'est impardonnable. Je te pensais pas aussi ingrat que Katsuki. Qu'est-ce que ça vous coûte d'appeler au moins une fois dans la semaine ? Moi encore ça va puisque j'ai Masaru. Mais Inko, tu sais bien qu'elle n'a jamais eu que toi.
Introduction faite, elle enfonça le clou en rappelant à Izuku tous les sacrifices que sa mère avait fait pour son bien. « Tu étais encore dans son ventre qu'elle se tuait déjà pour ton avenir. Entre son boulot et toi, elle n'a jamais pu avoir un semblant de vie sociale. Elle se tuait à la tâche tous les jours pour toi et maintenant que tu voles de tes propres ailes, elle ne sait plus comment occuper ses journées, elle se sent inutile. Enfin, je sais même pas pourquoi je t'explique tout ça... Tu n'as pas d'enfant, tu ne peux pas comprendre ce que ça fait d'être délaissé par la chair de sa chair. »
À chaque phrase, le vert avait l'impression que plaques de bétons lui tombaient sur la tête. Il avait déjà été témoin des réprimandes de Mitsuki-san à son fils, mais ne les avait jamais expérimentés directement. Alors, c'était cela que Katsuki avait supporté durant toute son enfance ? Encore que là, il y avait une différence puisque la femme ne criait pas. Son ton était juste sec et direct, ce qui permettait aux mots de s'insinuer sans ménagement dans l'esprit d'Izuku.

— Mitsuki-san je... Le jeune homme ne savait plus quoi dire face aux assauts de sa presque " tante", les mots étaient là, mais l'assemblage semblait ardue pour son esprit brouillé.

Izuku avait été témoin des sacrifices de sa mère. Étant une mère célibataire, elle était tout le temps au four et au moulin et pourtant elle gardait toujours du temps pour lui, pour l'écouter, pour le consoler. Une véritable héroïne.
Soucieux de son bien-être, il s'était acharné pour devenir un peu plus indépendant chaque jour. Se laver, se vêtir, aller à l'école dans la rue d'à côté, cuisiner des plats simples, faire le ménage, la vaisselle et la lessive, à 10 ans, le petit garçon s'était déjà accaparé la plupart des tâches domestiques de sa mère.
À la fin du collège, il s'était mis un point d'honneur à vite quitter le nid, pour permettre à sa chère mère de refaire sa vie.

Ainsi, pour celui qui a toujours été attentif au bonheur de sa génitrice, les paroles de Mitsuki-san étaient difficiles à entendre.

— Bref, ce n'est pas pour cela que j'ai voulu te parler. Le coupa-t-elle, jugeant avoir suffisamment attendu sa réponse. « Je voulais te parler de la santé de ta mère. Je sais que j'ai dit à Katsuki que ce n'était pas très grave, mais les choses ont évolué. » Elle marqua une pause pour approvisionner abondamment ses poumons en air et en rejeter les déchets, puis continua. « La dernière fois que tu es venu à Musutafu, tu avais bien remarqué qu'elle avait perdu du poids non ? » Izuku, dont la voix était emprisonnée dans sa gorge, se contenta d'hocher la tête comme si son interlocutrice était en face de lui. « Moi aussi » Répondit-elle en ayant deviné son geste. « Je voyais sa taille s'affiner, mais comme tout le monde, j'ai gobé son excuse du régime minceur... Tu la verrais maintenant, elle a perdu plus de dix kilos. Ça aurait été bien si ce n'était pas à cause des repas qu'elle manque et des heures sup qu'elle fait au boulot. » Au fil des mots, son ton s'était adouci, on pouvait presqu'y déceler une pointe de regret.

« Hier matin, en allant au bureau, elle a fait un malaise. On l'a transportée à l'hôpital et c'est de là-bas qu'on m'a appelé puisque je suis inscrite comme la personne à prévenir en cas d'urgence. » Elle accorda une nouvelle pause au fils de son amie comme pour le préparer à ce qui allait suivre.
« D'après le médecin, elle est en sous-nutrition, déshydratée et manque de sommeil, la perte de poids incontrôlée a affaiblit ses muscles. Il a signé un arrêt maladie de deux mois pour l'instant, mais il se pourrait que ça se prolonge, suivant son état. Pour l'instant, on la force à se reposer et le nutritionniste va réintégrer petit à petit tous les éléments dont elle a besoin dans son alimentation. Je pense que tu as dû le remarquer tout à l'heure, mais elle-même ne mesure pas la gravité de la situation donc bientôt elle aura des rendez-vous avec un psychologue parce qu'ils pensent qu'elle fait une dépression ou un autre truc dans le genre. Voilà, tu sais tout. »

Je veux t'aimer ♡ KIRIDEKUWhere stories live. Discover now