♡CHAPITRE 49♡

185 22 11
                                    

La tête toujours pleine de pensées, Eijiro quitta l'appartement de son ami et prit le train à destination de l'aéroport de Shin-Chitose*. L'heure d'arrivée d'Izuku approchait à grand pas et, malgré la journée épuisante qu'il venait de passer, il semblerait que son organisme ait conservé quelques réserves étant donné les regains d'énergie qu'il percevait à la simple pensée des retrouvailles avec son petit ami. Une énergie qui détendait ses muscles et apaisait son cœur autant qu'elle le faisait, paradoxalement, battre plus vite. L'impatience courait dans ses veines, le faisant presque frétiller sur son siège alors que le temps ralentissait ses pas.
Dieu qu'il avait hâte d'achever cette journée et de retourner à sa routine aux côtés du puériculteur désiré !
Une troisième mimique amusée passa sur son visage, avant qu'il ne détourne la tête du paysage baigné dans l'obscurité de la nuit afin de dévisager une énième fois le fond d'écran de son portable.

Même s'il avait encore du mal à se l'admettre, Hanta avait raison : Izuku n'était pas parfait et de son côté, il n'avait pas que des défauts. Ce n'était pas vraiment une révélation puisqu'il le savait déjà -toute personne un minimum sensée le savait. Mais il y avait une grande différence entre le savoir et arriver à y croire.

Tout ce qu'on lui avait jamais appris au cours de sa vie, c'était comment déprécier sa personne pour aduler autrui. Il ne se rappelait même pas d'un jour où sa famille avait loué une de ses qualités. Où sa mère ne l'avait pas supplié d'être un fils décent et de suivre les pas d'un de ses frères exemplaires. Depuis l'enfance, il avait seulement appris à comparer, à envier, à mimer, au point de complètement oublier ce qui le constituait, lui, à la base. Avait-il jamais eu des rêves, des envies qui ne soient pas conditionnés par ceux des autres ?

Il était difficile de changer un mode vie cultivé depuis l'enfance. De reconstruire sa personne sur de nouvelles bases, plus saines, mais Eijiro s'y appliquait quand même chaque jour. Il avait commencé bien avant de recevoir le conseil bienveillant de son cher ami et il continuerait bien après. Pour lui, pour sa relation, il devait devenir une meilleure version de lui-même.













En foulant le sol de l'aéroport qu'il n'avait quitté que ce matin aux côtés de sa famille adorée, Izuku sentit une bulle d'impatience éclatée dans ses veines. Sa journée à la capitale avait été splendide, c'était indiscutable. Cependant, il ne pouvait s'empêcher de rêver de sa ville, de son appartement, de ce petit coin douillet de liberté qu'il s'était créé, ainsi que de son magnifique-mais-parfois-complètement-déboussolant petit ami. Il avait hâte d'être dans ses bras et de pouvoir lui raconter à quel point son cadeau n'aurait pas pu mieux tomber.
Le sourire naissant sur son visage tacheté fut tué dans l'œuf par une tape à l'arrière de sa tête.

- Aie ! Katchan ! Cria-t-il en devinant l'auteur de cet acte bien trop habituel.

- Fais au moins semblant d'être plus triste de nous quitter. Rétorqua l'assaillant. Izuku ne répondit que d'une mimique gênée qui fit soupirer longuement le blond au regard carmin. « N'oublie pas tes bagages. » Dit-il en avançant un trolley rouge et en décrochant le fameux sac à dos de son épaule.

Le regard d'Izuku vira de la gêne à l'épuisement. L'idée de se trimballer un bagage qu'il n'avait pas à l'arrivée ne l'enchantait guère, mais il n'avait pas vraiment le choix. Entre les cadeaux d'anniversaire inespérés qu'il avait reçu, les montagnes de Tupperwares préparés par Katsuki et les vêtements à offrir de Mitsuki, un simple sac à dos ne suffisait plus. Et malgré les complaintes du vert, l'idée du bagage en plus avait germé jusqu'à se transformé en un petit trolley rouge dont la famille Bakugo ne se servait plus vraiment.

Izuku souffla pour montrer une fois de plus son épuisement, avant d'empoigner ses bagages et alors qu'il ajustait les sangles de son sac à dos, Katsuki Bakugo laissa place à Inko Midoriya. La tristesse pouvait se lire clairement sur son visage, ramenant une certaine culpabilité sur celui du vert. Ils ne parlèrent pas et se tinrent juste fortement dans les bras, respirant l'odeur de l'autre une énième fois.

- On se revoit bientôt n'est-ce pas? Demanda la petite femme, la voix empreinte d'émotion.

- Oui. Repondit-il d'une voix rassurante. « On se revoit dans quelques mois, dès le début de mes congés. Mais entre-temps, je t'appellerai tous les jours en visio. Et on planifiera ensemble ton installation à Sapporo. »

La maman acquiesça d'un signe de tête, soulagée que son fils ait vraiment pris en compte son désir d'être auprès de lui. Après une longue minute d'accolade, le duo se sépara quelque peu, les mains toujours liées.

- N'oublie pas de prendre soin de toi d'accord ?

- D'accord. De ton côté n'oublie pas de bien suivre les conseils des médecins. Izuku dessouda leurs paluches pour reprendre la plus âgée une dernière fois dans ses bras. « N'en fais pas trop et, dorénavant, dit le moi si quelque chose ne va pas. »

Inko secoua sa tête d'un signe affirmatif, puis les deux se turent pour savourer les dernières minutes avant leur séparation. Le nez soudé contre l'épaule de celle qui l'avait mis au monde, le jeune homme à la chevelure bouclée gonfla ses poumons de l'odeur imprégnée sur le col rond de sa robe fleurie. Il releva difficilement la tête et mit fin à l'étreinte, se rappelant que le temps pressait et que deux dernières personnes attendaient non loin d'eux.

- Ah ! je pensais que tu nous avais oubliés ! Déclara Mitsuki Bakugo alors qu'Izuku se dirigeait vers eux.

- Comment pourrais-je ? Repondit-il dans un sourire en arrivant à destination. Masaru dépassa sa femme et prit Izuku dans ses bras.

- Prends bien soin de toi petit prince. À l'entente du surnom qui l'avait suivi tout au long de sa vie et surtout de la soirée, la gêne d'Izuku refit surface.

- Masaru, il va mourir de gêne à cette allure.

- Ah désolée ! S'excusa-t-il en se détachant du vert. « On dirait que je suis bien trop habitué à t'appeler ainsi. »

- Non ce n'est pas grave oncle Masaru ! Je m'y suis bien habitué aussi au fil des années. C'est juste que parfois, j'oublie que, moi aussi, j'ai été un petit garçon. Expliqua Izuku les joues encore plus rosées.

- Ah... Les jeunes de nos jours... Soupira Mitsuki, avant d'étreindre Izuku à son tour brièvement. « Ce n'est pas parce que tu es un jeune adulte maintenant que tu peux oublier ce que cela faisait d'être un enfant, au contraire. Les enfants savent naturellement se tourner vers leur entourage lorsqu'ils sont tristes ou qu'ils ont mal, ils sont parfois bien plus sage que nous les adultes. » Déclara-t-elle ensuite, d'un ton à mis chemin entre la bienveillance et l'accablement. On pouvait lire dans son regard mature une certaine inquiétude, mais surtout une affection profonde.
« Bon trêve de bavardage ! » Se reprit-elle. « Il est temps pour toi d'y aller. En plus, tu dois encore enregistrer ton deuxième bagage. »

- Rentre bien.

L'air apaisé de Katsuki finit de combler le cœur du vert. Il fit, une dernière fois, le tour de sa famille, s'arrêta, momentanément, sur chacun de leurs sourires gracieux, puis se retourna le corps et le cœur étonnamment plus léger qu'à l'arrivée.









_______________________

*L'aéroport de Shin-shitose est l'un des aéroports internationaux desservant la zone métropolitaine de Sapporo. Il est situé à environ 45km de Sapporo, non loin de la ville de Chitose. À ce jour, il s'agit de l'aéroport le plus grand et le plus fréquenté de la région d'Hokkaido.

Je veux t'aimer ♡ KIRIDEKUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant