♡CHAPITRE 45♡

228 26 5
                                    

La nostalgie s'étalait progressivement dans la poitrine d'Izuku alors qu'il remontait toujours plus loin dans les messages échangés avec son homme. Comme témoins de leur relation instable, mais ô combien délicieuse, les mots défilaient sur l'écran du combiné. Parfois courts et expéditifs, parfois simples, mais réconfortants ; illustrant chaque étape de leur couple avec brio.

En arrivant à ses conversations, presque à sens unique, d'il y a un peu plus de sept mois, le tacheté se sentit soudain fier. Ils avaient fait du chemin. Eijiro s'investissait plus et lui, il avait appris à être patient, à ne pas le brusquer. Ils avaient appris tous les deux à mieux communiquer et à mieux s'appréhender, ayant pour objectif commun l'établissement d'une base solide pour leur relation qui n'était encore qu'en début de phase de gestation.

Comme pour prouver ses pensées, une notification apparue et le redirigea directement aux conversations plus récentes. Plus précisément, à la conversation du jour. À la vue du nouveau message, le cœur d'Izuku s'accéléra et il ne sut dire si la cause était la photo absolument mignonne qu'il venait de recevoir, ou alors le fait qu'il ne s'attendait pas à une réponse de sitôt.

Négligeant les mots inscrits, le vert rejeta son dévolu sur le visage structuré de son homme. Il l'observa attentivement, comme si c'était la première fois qu'il le voyait. Et plus il passait du temps à regarder cette simple image à la qualité assez médiocre, plus il sentait son ventre se retourner agréablement, repu d'amour. Cela était sans doute dû au fait que l'échange de photos constituait une nouvelle manœuvre pour leur couple. Si l'on omettait les clichés volés, Izuku n'était pas sûr de posséder une image décente de son petit ami. De même qu'il n'existait aucune photographie de leur couple. À cette dernière pensée, l'homme aux grands yeux d'émeraude soupira. Lors de leur mise en couple, il avait tellement eu d'attentes. Il avait osé rêver d'une relation solide et parfaite, de deux amants passionnés qui auraient usé de toutes les occasions pour se créer des souvenirs ensemble. Bien entendu les débuts auraient été difficiles, il s'y était préparé. Mais jamais le jeune homme ne se serait imaginé qu'après un peu plus d'une année à se fréquenter, leur relation aurait encore été à un stade si précaire.

— Il t'a enfin répondu ?

— Ouais... Encore obnubilé par ses réflexions, le vert répondit par réflexe sans vraiment chercher à découvrir qui était son interlocuteur.
Ce n'est qu'après quelques secondes qu'il se rendit enfin compte de la présence de Katsuki derrière lui. Ce dernier épiait ouvertement son écran de portable.
« Katchan c'est ma vie privée ! » Cria-t-il en plaquant le mobile contre sa poitrine.

— Hum... Concéda faussement le concerné. Pris en flagrant délit, il délaissa son poste pour aller piocher deux bières dans le réfrigérateur.

— Tu n'es pas censé cuisiner ?! Attaqua Izuku encore furibond et méfiant.

— Ça mijote. Se contenta de rétorquer l'autre, avant de revenir partager les boissons. Il prit place ensuite en face d'un vert suspicieux, qui protégeait encore sa précieuse possession des regards curieux.
Le cuisinier ignora les yeux scrutateurs et pleins de reproches. Il ouvrit nonchalamment sa canette, bu à grande gorgée avant de la redéposer bruyamment sur la table de cuisine en bois massif, tout en poussant un grand « aahhh » de satisfaction. Enfin, de ses prunelles sanguines, il observa Izuku pendant plusieurs secondes, amusé par sa réaction.

— Comment t'as su que j'attendais sa réponse ?

— Facile. Depuis la sortie de la clinique tu tirais ta tête d'enfant perdu. Maintenant tu souris comme un gamin.

— Ma tête ? Quelle tête ? J'ai pas fait de tête.

— Si. Même que t'avais ta petite ride entre les sourcils. Dit-il en pointant le front du vert. « Et là c'est parti. » Le vert fixa encore longuement son ami, boudeur. Puis il abdiqua. Déposant son téléphone non loin de lui sur le bois, il entreprit aussitôt de boire sa bière brune.

« Sinon il est pas mal. » Izuku manqua de s'étouffer en entendant la dernière réplique de son ami. Il toussa à plusieurs reprises, puis reporta son attention sur le cuisinier qui observait des gouttes d'eau fraîche s'écouler sur les parois de sa canette.

— Katchan tu es sûr que ça va ? S'enquit le tacheté.

— Pourquoi t'es étonné ? J'ai jamais dit qu'il était moche. J'ai dit qu'il était beaucoup de choses, mais pas qu'il était moche.

— Ouais... Mais quand même c'est bizarre de t'entendre dire ça...

— Quoi, tu préfères quand je l'insulte ? Je peux continuer, ça me dérange pas. C'est pas comme si j'avais changé d'avis sur lui de toute façon. À mes yeux il est toujours une couil–

— Non c'est bon ! S'empressa de rétorquer le tacheté. « C'est bon, t'as gagné. » Son vis-à-vis sourit d'amusement. Il se cala contre le dossier de la chaise les bras croisés, surveillant du coin de l'œil les casseroles dont le contenu embaumait la pièce entière d'une délicieuse odeur.

Cela relevait d'un miracle que Katsuki eût daigné trouver une qualité à un homme qu'il ne portait aucunement en estime. Izuku savait que l'être rancunier faisait de gros efforts pour son bien et il lui en était reconnaissant. En dehors de l'application des deux partenaires, un couple avait aussi besoin de soutien extérieur pour s'élever et se fortifier ; ainsi l'amoureux sentit un poids quitter ses frêles épaules en songeant que, peut-être, son plus proche ami et confident pourrait, dans un avenir proche, mieux le soutenir dans ses choix et dans son avancée concernant l'homme qu'il aimait.

Je veux t'aimer ♡ KIRIDEKUTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon