♡CHAPITRE 61♡

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Izuku en était sûr. Sous l'apparence intentionnellement nonchalante d'Eijiro, quelque chose se tramait. Ses sourires forcés, ses regards distraits, son attitude nerveuse, rien de cela n'avait de secret pour lui. Il ne les connaissait que trop bien pour ne pas les remarquer. Il s'était résolu à ne pas en parler comme à son habitude, à lui laisser de l'espace et du temps pour qu'il puisse se calmer et faire face à tout ce qui occupait son esprit. Mais à mesure que les débuts de conversations maladroites et les rires –un peu trop bruyants pour être vrais– s'étaient empilés lors du trajet pour leur retour au domicile, le vert s'était dit qu'il devait tenter quelque chose. Lancer la perche tout du moins, pour que son homme sache qu'il était à ses côtés quels que soient ses tracas. Si au terme de sa tentative, Eijiro ne voulait tout de même pas en parler alors il n'insisterait pas, c'était son choix.

Leur repas terminé et la vaisselle rincée, Izuku tournoyait des bribes de phrases dans son cerveau, se préparant à faire le premier pas, mais sa manœuvre fut écourtée par la prise de parole complètement inespérée de son petit ami.

— Aujourd'hui j'ai eu une crise d'angoisse en venant te chercher à l'hôpital. Avait-il déclaré doucement, alors qu'il essuyait sa dernière assiette aux côtés du vert qui nettoyait les dernières traces de son passage sur les rebords de l'évier. Ce dernier, jusqu'alors obnubilé par ses réflexions, sursauta, pris au dépourvu.

Depuis quelques semaines, ils s'attelaient, tant bien que mal, à améliorer leur communication. S'efforçant d'être honnêtes l'un envers l'autre même s'il était toujours difficile pour eux de dévoiler leurs angoisses. Izuku avait dû évoquer ses appréhensions vis-à-vis de leur couple, et même vis-à-vis de leur intimité puisqu'il était toujours effrayé à l'idée de n'être qu'un remplacement, qu'une roue de secours, pour son petit ami torturé par ses précédentes expériences. Eijiro quant à lui s'était un peu confié sur ses difficultés, sur ces pensées peu glorieuses, et même sur l'origine de celles-ci. Le vert avait ainsi pu connaître, de façon plus détaillée, le passé affectif, mais surtout familial de son cher et tendre.

« Je t'ai vu avec deux femmes et je n'ai pas pu m'empêcher de me sentir mal... C'était si soudain... Je... J-J'ai bien crû que j'allais m'effondrer, là, devant ton lieu de travail... ». Izuku pouvait écouter la prise d'Eijiro se raffermir sur le torchon qu'il tenait, le dernier couvert entreposé à son emplacement permanent sur l'égouttoir. Sa main libre agrippait sa poitrine comme de peur que son cœur ne se fasse la malle, alors que sa posture recourbée et sa respiration désordonnée finirent d'alerter un Izuku déjà aux abords de la panique.

— Eiji ça va ?! Demanda-t-il alarmé et encore moins sûr de comment s'y prendre maintenant qu'il connaissait l'origine du comportement étrange de son homme. Son expression torturée, en partie camouflée par la chevelure écarlate relâchée, fut le déclic pour qu'il tente une action. Il invita le rouge à prendre place autour de la table de la cuisine et tira, en même temps, une autre chaise pour s'asseoir près de lui. Eijiro posa sa tête sur son épaule, tandis que de son côté, il manipulait l'homme dans ses bras comme si ce dernier était fait du verre le plus fin. Il lui parla d'une voix basse, l'intimant de se caler sur le rythme de sa respiration pendant que, de ses doigts, il dessinait des cercles à peine perceptibles sur le haut du dos crispé.

Ils restèrent ainsi plusieurs minutes, les paupières closes et les respirations synchrones. Eijiro sentait ses muscles se relâcher et son corps s'alourdir du trop-plein d'énergie consommé en une seule journée. Lorsque sa respiration fut assez stable, il tourna sa tête et cala son nez juste dans le creux du cou parsemé de points plus ou moins foncés pour savourer, autant qu'il le pouvait, les délicieuses fragrances qui parvenaient à ses récepteurs olfactifs.

— Ça va mieux ? Demanda Izuku en s'apercevant que la quiétude avait repris ses rênes dans la pièce. Eijiro, la gorge verrouillée et la voix enrouée, ne répondit que d'un simple mouvement de tête. Il continua de se gaver des effluves qu'il collectait jalousement, les paupières de plus en plus lourdes et le corps groggy. Parmi les différentes tournures de phrases qui virevoltaient dans sa tête, Izuku opta pour la gratitude avant les explications et les interrogations.

« Merci de m'en avoir parlé, ça représente beaucoup pour moi. » Dit-il d'un ton reconnaissant, tout en resserrant, avec délicatesse, sa prise autour du rouge. « Ça montre à quel point on a évolué toi et moi. Maintenant, tu te sens assez confortable pour me dire ce qu'il t'arrive et je te suis tellement reconnaissant pour ça. » Sa main jusqu'alors sur son dos, remonta vers la chevelure complètement désordonnée pour continuer ses caresses.

« Je t'aime. » Finit-t-il par déclarer. Une déclaration à laquelle le plus jeune répondit en enlaçant Izuku avec toute la force qui lui restait. Il se réfugia encore plus contre son cou et murmura un « moi aussi » qui pris le plus vieux de court, tant il s'était familiarisé avec le silence qui talonnait toujours ses aveux. Lorsqu'il reprit ses sens, le corps complètement chaud et les yeux larmoyants, il sourit niaisement tout en enfonçant son visage contre l'épaule de son partenaire.

Je veux t'aimer ♡ KIRIDEKUWhere stories live. Discover now