♡CHAPITRE 29♡

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Les jours avaient défilé aussi vite que les paysages à bord d'un train. Parfois, assez beaux pour susciter l’admiration des voyageurs, mais beaucoup trop éphémères pour que ces derniers en profitent véritablement. 

Une semaine était passée, ramenant le week-end. Une semaine pendant laquelle Eijiro s’était efforcé de tenir sa promesse. 
Enfin, on ne pouvait pas vraiment parler d’efforts lorsque celui-ci avait squatté volontairement les draps du vert pendant cinq nuits d’affilée, trouvant comme prétexte le nouvel l'horaire du puériculteur qui ne leur permettait pas de se voir en journée. 

Chaque semaine, Izuku, accompagné de son équipe, changeait de créneaux horaire, conformément aux réformes apportées par la cheffe de service. Trois groupes se succédaient dans la journée : Celui de 5 h 30 à 14 h, un autre de 14 h 30 à 22 h et un dernier de 22 h 30 à 5 h. Tous hétérogènes, composés d’infirmiers, de sages-femmes, de puériculteurs, etc. Les différentes plages horaires étaient interchangées à chaque fin de semaine. 
Et cette semaine-là, le groupe d’Izuku avait hérité de celle qui débutait à la fin du service d'Eijiro et qui se terminait lorsque l'autre rentrait de ses cours. Ainsi, pour qu’ils puissent se voir un minimum, le rouge, ayant enfin obtenu son double des clés, avait décidé d’investir l’appartement de son petit-ami à chaque fin de soirée. Il lui était arrivé de s’endormir avant l’arrivée du propriétaire, mais au moins ils pouvaient échanger quelques mots au réveil. 


Pour la quatrième fois dans la même semaine, Izuku se réveilla avec la moitié de son corps engourdi. 

S’il avait bien appris quelque chose en dormant quotidiennement aux côtés d'Eijiro, c’était que ce dernier recherchait toujours la chaleur de la personne qui partageait sa couche. Contrairement à lui, qui préférait rester de son côté du lit et avoir une liberté de mouvement, le rouge pouvait en délaisser toute la moitié pour retrouver l’autre dans les extrémités. Et lorsqu’il capturait enfin sa proie, le prédateur pouvait rester dans la même position jusqu’à l’heure de son réveil. 
Des inconvénients pour Izuku qui avait besoin de changer de position au moins toutes les cent-vingt minutes, pour limiter le risque de crampes. 

Résigné par les postulats de ses précédentes expériences, le vert ne bougea pas, attendant simplement le réveil de celui qui écrasait presque tout son côté droit. Il divaguait en réfléchissant à ce qu’ils pourraient bien faire de leur dimanche. Une sieste réparatrice s’avérait déjà obligatoire. Ainsi qu'un grand ménage. Après, ils pourraient aussi sortir un peu, cela faisait un bon moment que tous les deux n’avaient pas eu un rendez-vous à l’extérieur. 

Eijiro remua légèrement, puis se leva et dodelina jusqu’à la salle de bain. Izuku prit cette aubaine et sauta presque du lit, avant de pester contre ses articulations raides. Il tenta de s’étirer, mais ses membres droits, plus lourds, suivirent péniblement les mouvements. 

— Tu es réveillé ? Remarqua Eijiro, le sommeil dans la voix, alors qu’il entrait dans la pièce. Izuku, n’ayant pas envie de parler, acquiesça simplement. « Je pensais qu'on ferait la grâce mat' puisque personne ne travaille aujourd’hui. » Dit-il en s’allongeant paresseusement sur le lit, les yeux mi-clos. 

Izuku voulut répondre que c’était lui qui l’avait fait fuir, mais il se ravisa. De toute façon, le rouge était déjà retourné au pays des songes. 

Le propriétaire des lieux se lava avec de l'eau brûlante pour désengourdir ses membres, puis il passa le reste la matinée à s’activer dans toute la maison. Eijiro ne pointa le bout de son nez qu’à midi, alors qu’Izuku s'était confortablement vautré sur le canapé, son téléphone en main. Un baiser sur le front et il le rejoignit en soulevant ses jambes pour s’asseoir en dessous. 

— Bien dormi ? Demanda Izuku, les yeux toujours rivés sur son écran.

— Oui, je n’ai jamais aussi bien dormi que pendant cette semaine. Répondit le rouge, tout sourire. Son teint rayonnait, ses yeux étaient pleins de vitalité comme s'il avait fait une cure de jouvence.

— Tant mieux. Dit le vert d'un ton las et désintéressé.

— Toi par contre, on dirait que tu es passé au rouleau compresseur… Tu travailles trop, je pense que tu devrais prendre des congés. 

Izuku arrêta son action et leva les yeux de son écran pour les diriger vers celui qui venait de répliquer. Il pesa le pour et le contre dans sa tête et ne sortit rien de sa bouche pendant un long moment. Le cumul de sommeil le rendrait peut-être trop crus dans ses mots.

 Il se contenta de sourire et d'assurer à Eijiro que tout allait bien.

— De toute façon même si je prenais des congés, je ne pourrais pas bien dormir tant que tu n'auras pas ton traversin*. Continua-t-il.

— J'ai pas compris le rapport... Et puis… Je n'ai jamais demandé un nouvel oreiller… Répliqua Eijiro, l'air perdu. 

— Si mais tu en as besoin, ça t’empêchera de venir me coller au milieu de la nuit. L’auteur des faits rougit légèrement et rigola de gêne.

— Donc tu dors pas bien, à cause de moi ?

— C'est pas ça... Essaya de rectifier le vert. « C’est juste que tu mets beaucoup de force dans ton étreinte donc je suis bloqué dans la même position pendant toute la nuit. Et même quand je réussis à m’extirper, tu reviens à la charge quelques minutes après. »

— Ah… 

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*Traversin : Coussin long et généralement cylindrique qui s'étend dans toute la largeur du lit. On y pose sa tête ou un oreiller, mais il peut aussi servir d'oreiller pour le corps.

Je veux t'aimer ♡ KIRIDEKUWhere stories live. Discover now