♡CHAPITRE 12♡

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L'atmosphère était étrange dans la petite habitation. Elle n'était pas pesante, mais elle n'avait rien de légère non plus. C'était un agréable et détestable entre-deux. Une ambiance détendue que l'on voulait faire perdurer couplée à une autre, plus compacte, qui essayait de se frayer un chemin dans l'esprit de nos protagonistes.

Un silence assourdissant réveilla les sens d'Eijiro.
Surtout son ouïe qui sembla être à l'affût du moindre bruit dans la pièce comme à l'extérieur.

Le bruit des nouilles aspirées goulûment par les deux hommes ou celui de la voix d'Izuku qui racontait gaiement sa journée. Le bruit des gouttelettes d'eau qui tombaient, à un intervalle de temps régulier, sur l'évier en métal. Le bruit de fragments de conversations provenant sûrement de ses voisins du dessus. Le bruit de la ville en contrebas qui était filtré par les tonnes de bétons de l'immeuble où il vivait.

Cependant, les oreilles du rouge eurent beau percevoir tout cela, son cerveau lui indiquait que c'était le silence qui restait dominant. Comme si ce dernier avait baissé le volume du monde pour confronter Eijiro à ses pensées tumultueuses.

« C'est trop tôt... Je ne peux pas... »

Cette réplique tournait en boucle dans sa tête comme un refrain un peu trop entraînant. Il la retournait dans tous les sens, mais elle ne voulait pas dévoiler ses secrets. Était-il seulement prêt à les entendre ?

Ils avaient besoin de parler. Une discussion franche qui clarifierait la situation. C'était la seule solution, mais personne ne voulait entamer le sujet. Ainsi, ils continuaient de se nourrir et de discuter allègrement autour de la table basse. Comme s'il ne s'était rien passé. Comme si tout allait pour le mieux. Comme si pendant leur douche, Eijiro n'avait pas perçu, juste pendant un instant, le regard troublé de son petit-ami.

Il se doutait bien que cela avait un rapport avec lui. Cela avait toujours un rapport avec lui, l'opportuniste, la sangsue, le parasite. Izuku lui offrait le monde et tout ce qu'il donnait en retour, c'était de la douleur, des incertitudes et de la peur. Cette relation n'avait rien d'équitable et elle ne rappelait que trop au rouge son expérience passée. Il revivait sa vie d'adolescent sauf que maintenant, il était celui qui prenait tout à un homme qui l'aimait beaucoup trop. Maintenant, c'était lui le méchant de l'histoire. Et cela réveillait encore plus de questions dans son esprit : Est-ce que son ex-petit-ami avait aussi ressenti ce mal-être en l'observant se plier en quatre pour son bonheur ? Est-ce que, comme lui, il avait ressenti un peu plus de culpabilité chaque jour en n'étant pas capable de rendre pleinement l'amour qui lui était donné ? Est-ce que seulement, avait-il, lui aussi, un peu souffert ?

À la fin du repas, Izuku débarrassa la table pendant qu'Eijiro se redressa pour s'asseoir sur le canapé. Il regarda l'heure inscrite sur son portable et se rendit compte que ses cours commençaient dans moins de trois-quarts d'heure. À pieds, son école n'était qu'à quinze minutes de chez lui donc il pourrait être à l'heure s'il se mettait en route dans vingt minutes. Mais tout son être lui criait de ne pas y aller. Sa tête n'était pas disposée à assister à trois heures de management, mais connaissant l'homme qui revenait à l'instant vers lui, il ne pourrait pas y échapper même s'il lui faisait les yeux doux.

— C'est bientôt l'heure... Marmonna le vert en s'asseyant aux côtés d'Eijiro.

— Ouais... Répondit-il en soupirant. Il se décala sur le canapé puis se pencha pour poser sa tête sur les cuisses fermes de son petit-ami.

— Merci... C'était un bel après-midi.

— Hmm... Le rouge, couché de profil jusque là, se mit de dos pour observer Izuku « Mais tu sais... Je pourrais aussi ne pas y aller et -

— Bien tenté mais c'est non. Le coupa l'homme qui l'observait de ses yeux émeraude intransigeants, exactement comme il l'avait prédit.

— Mais ce sera juste pour aujourd'hui et après je ne sécherais plus jamais.

— Qui te le dis ? Il suffit de sécher une fois pour y prendre goût. Je le dis par expérience.

— Tu as l'air tellement vieux quand tu dis ça. Se moqua le rouge.

— Mais je suis vieux ! Plaisanta le vert « En tout cas plus que toi alors tu devrais suivre mes conseils sans rechigner. »

— Ok senpai*. Ils rigolèrent en cœur pendant quelques instants avant que le plus vieux ne force Eijiro à se lever pour aller se préparer. Ce qui fit ce dernier non sans se plaindre d'être épuisé.





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*Senpai: Particule honorifique japonaise pour désigner une personne plus âgée ou qui a plus d'expérience dans le domaine partagé.


Sourcewww.kanpai.fr

Je veux t'aimer ♡ KIRIDEKUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant