♡CHAPITRE 34♡

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Une chose à laquelle il tenait. Comme un rêve ou un objectif qui embellirait ses journées de labeur...

Eijiro n’essayait pas vraiment de penser au futur. Il ne se donnait pas les moyens de rêver plus loin que pour deux jours ou quelques semaines. Se laissant traîner au gré du vent, sous peine d’être heurté pour avoir beaucoup trop espéré. 

Bien sûr tout cela, il ne l’avait pas dit à son ami. Il avait préféré s'enfuir, en se précipitant dans le vaste ensemble de magasin.
Arrivé dans l'enseigne qui l'employait, il avait changé son haut et s'était posé derrière le comptoir, aussi bleu que son uniforme, sans grand enthousiasme. Il n’avait pas envie de faire travailler ses neurones, autre que pour cette tâche quasi imprimée dans ses muscles, mais les mots de Hanta et le regard d'Izuku le hantait. Si bien que son sourire commercial disparaissait très vite derrière une face pensive, dès que les acheteurs tournaient le dos. 

Une vie sans rêve. Est-ce vraiment à cela que se résumait la sienne en ce moment ? 

Son travail, il ne le faisait que pour la bonne paye. Avec son parcours scolaire et sa petite expérience, il n’aurait dû trouver que des petits boulots sans grands avantages, mais on lui avait laissé sa chance et maintenant, il pouvait même faire des folies comme retirer de l’argent pour acheter un billet d’avion, non prévu dans ses dépenses du mois. 

Quant à ses cours, il avait jugé que c’était une bonne idée pour progresser, mais cela, non plus, ne l’intéressait pas grandement. Juste qu'en restant tous les jours aux côtés d’Izuku et en découvrant sa vie professionnelle "parfaite", un mal-être indéfinissable était né. Il avait pu le fuir en se persuadant qu’il voulait absolument continuer ses études. 

Il y avait bien des choses qui trottaient dans sa tête depuis longtemps, mais il se doutait que ce n'était pas vraiment à cela que Sero faisait allusion.

Depuis son arrivée à Sapporo, sa seule pensée avait été : « Je veux construire une nouvelle vie et oublier mon ex. ». Il se l’était répété comme les paroles d’une chanson attractive, pour que cette phrase ne fasse plus qu'une avec son être et guide tous ses pas. 

Oui, pour elle, Eijiro pouvait bien dire qu'il avait beaucoup sacrifié. Cependant, quelques fois, la route semblait encore si longue qu'il doutait de sa réussite totale. 

Et puis, comme si son souhait n’était pas assez ardu à réaliser, Izuku était venue le rejoindre sur sa voie, lui faisant goûter à la délicieuse saveur d’être aimé et supporté par quelqu’un.

Le désir de conserver jalousement cette divine sensation, ainsi que le besoin pressant de rendre l'amour qui lui était offert venaient appesantir sa feuille de route.

La peur de tout foiré, l’angoisse de le perdre, la terreur de ne plus l’intéresser glaçaient ses muscles, l’empêchaient d'avancer à la vitesse souhaitée et le confinaient dans le rôle de ce jeune homme incapable d'adresser même un « Je t'aime » à la personne qui partageait sa vie. Pas qu'il n’avait jamais essayé, ou qu'il n'en avait pas envie, juste que les mots sincères restaient cloîtrés au fond de sa gorge comme les pierres précieuses enfouies au plus profond de la terre. 

Alors, voilà sans doute le souhait qui pourrait solliciter son dévouement le plus total : Aimer Izuku à un point où les sentiments ne pourraient plus se cacher derrière de fausses excuses. Il voulait ressentir dans toutes ses tripes, l’urgence de lui murmurer des mots doux à chaque instant de la journée, sous peine d’être complètement submergé par l'émoi que susciterait cet attachement. 

Un message du vert sortit Eijiro de ses pensées désordonnées. Après moins deux heures de vol, il venait de fouler le sol de l’aéroport de Haneda*. 

En relisant la suite de mots sur son écran de portable, Eijiro mit un doigt sur cette lourdeur qu’il ressentait depuis l'annonce pour l'embarquement d'Izuku. Cela pourrait sembler ridicule puisqu'il était le seul responsable de leur courte séparation, mais le rouge ressentait le manque de son petit-ami au regard d’émeraude. Un manque instinctif qui l'avait gagner dès l'instant où son avait eu la confirmation qu'ils ne passeraient pas la journée dans la même ville, ni même dans la même province ou région.

Pour palier à cette désagréable sensation, il se mit à penser à ce que son homme pouvait bien faire au même instant. 

Était-il déjà sorti de l'aéroport ? Cela ne devrait pas être long puisqu'il n'avait pas de bagages en soute à récupérer.
 Avait-il déjà rencontré son autre surprise ? Sans doute pas encore, sinon il aurait déjà reçu des nouvelles des retrouvailles inopinées.

Penser seulement à l'expression qu'Izuku pourrait faire à cet instant détendait ses muscles faciaux. Son cœur, qui semblait maintenant fait de papier, flottait dans sa poitrine et l'étrange sensation le fit sourire, sincèrement, de toutes ses dents. 

Le visage particulièrement heureux, Eijiro ferma les yeux, attendant que cette sensation de flottaison se propage dans ses membres. Lorsqu'il ouvrit les yeux, un vendeur et son client se tenaient face à lui et le regardait étrangement. Ce qui était sûr, c'était que ces deux-là n'avaient pas vu sa tête la plus professionnelle. Il se retint de rougir, se racla la gorge pour reprendre contenance, avant de revêtir ses traits de caissiers et s'empressa de s'occuper d'eux.

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*L' Aéroport International de Haneda est l'un des deux principaux aéroports de Tokyo. Il reçoit majoritairement les vols nationaux et internationaux des compagnies aériennes locales. Étant plus proche du centre-ville que son jumeau ( L'aéroport International de Narita ) , il est plus rapide, pour les voyageurs, de rejoindre leurs destinations, situées au cœur de la capitale.

Je veux t'aimer ♡ KIRIDEKUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant