♡CHAPITRE 23♡

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Pas un seul regard, une seule petite attention ou même un sourire. Aux yeux d'Eijiro, Izuku l'avait complètement ignoré pendant deux heures.

Cela avait commencé avec les courses qu'il avait rangées en répondant brièvement aux questions que lui posait le rouge. Ensuite, il s'était mis à cuisiner silencieusement et pour ne pas rester inactif, Eijiro avait insisté pour au moins couper les légumes. Leur repas s'était déroulé dans une ambiance lourde entre le silence d'Izuku et les regards pleins d'incompréhension de l'autre. Celui-ci ruminait sans cesse et réfléchissait pour tenter de percer le mystère du comportement du vert.

Alors que la télévision diffusait une émission d'investigation, Izuku pianotait sur son téléphone tandis qu'Eijiro surveillait l'heure de son départ qui se rapprochait. Il redoutait de devoir repartir sans avoir une occasion pour discuter avec son petit-ami, comme il le voulait ; et n'espérait plus profiter de sa présence comme il l'aurait souhaité. Cependant, un mouvement inattendu balaya ses craintes et ses regrets. L'homme qui traitait le rouge comme un outil de décoration, venait de poser la tête sur ses cuisses. Sans un mot, il avait enfouit son visage, parsemé de taches de rousseur, dans le bas de son abdomen et avait fait passer son bras gauche dans son dos pour agripper son habit.

Déconcerté, Eijiro mit du temps à réagir. Après quelque minutes, un sourire attendri, par l'image d'Izuku qui frottait son front contre son polo, se dessina sur son visage. Ensuite, guidé par un sentiment encore difficile à déterminer, il passa sa main dans ses cheveux bouclés.

— Tu es bizarre aujourd'hui. Dit le rouge en continuant ses caresses.

— Hum... Marmonna le vert, bercé par celles-ci.

— Pourquoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ? S'enquit-il.

Izuku ne répondit pas instantanément et raffermit sa prise sur le polo dont le col, à l'avant, se rapprochait du cou de l'homme à la chevelure écarlate. Ce dernier déboutonna deux boutons pour libérer sa trachée, mais ne fit aucune réflexion au vert, jugeant le moment inapproprié.

— Ma mère est à l'hôpital. Elle fait une dépression à ce que j'ai compris. Répondit finalement Izuku après un long moment de silence. «... Et puis... je me sens un peu fatigué depuis hier. Surtout... Émotionnellement. C'est pour ça que j'avais besoin d'un peu de temps pour me reprendre. » Termina-t-il avec peu d'assurance.

— Je suis désolé pour ta mère... J'espère qu'elle se rétablira vite.

— Je l'espère aussi.

De ce qu'Eijiro savait, Izuku était très proche de sa mère alors il était bien normal qu'il soit si abattu quand tous ses efforts pour la rendre heureuse semblaient échouer.

Il se demanda, un instant, si lui aussi serait dans cet état en apprenant une nouvelle similaire. Surement pas, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu de nouvelle de sa famille. Et pour lui, "loin des yeux" signifiait forcément "loin du cœur".

Avec toutes ses frasques passées, sa famille avait perdu espoir en lui. Elle lui offrait le gîte et couvert, mais plus personne dans la maisonnée ne se mêlait de ses affaires. Alors, en tentant une dernière fois l'épreuve du baccalauréat, il s'était mis à faire des petits boulots ici et là dans l'espoir d'avoir quelques économies et recommencer sa vie ailleurs. C'était comme ça qu'il avait atterri à Sapporo. Il était parti comme un voleur, ne laissant aucune lettre, juste un numéro où le joindre, mais son téléphone n'avait jamais sonné pour découvrir un de ses proches au bout du fil.

Sans doute, s'étaient-ils senti libérés après son départ.

Eijiro, qui fixait le vide, balaya ses tristes réflexions d'un mouvement de paupières et reporta son attention sur son seul proche désormais.

— Mais si tu te sens encore fatigué, ne restes plus dans ton coin et repose-toi sur moi d'accord ? Le visage d'Izuku sortit de sa cachette et Eijiro put observer ses prunelles émeraude qui brillaient plus que d'ordinaire. Ils se regardèrent à en figer le temps. Puis, Izuku acquiesça d'un signe de tête. Il se releva doucement et relâcha sa prise à l'arrière pour la réitérer, cette fois, à l'avant et avec sa main droite. Le vêtement gris d'Eijiro, qui se déformait sous la tension exercée, servit d'appuis à Izuku pour qu'il puisse passer ses jambes de part de d'autres des cuisses du rouge et s'asseoir à califourchon sur lui. Il délaissa définitivement le tissu sous ses doigts et s'écrasa, de tout son poids, sur le torse d'Eijiro. Ses bras le long de son corps et la tête reposée sur son épaule droite.

Corps contre corps, Izuku n'avait jamais paru aussi lourd. Mais cela ne dérangea en aucun cas Eijiro. Pour la première fois, son petit-ami s'abandonnait complètement à lui. Pour la première, lui qui était si fort paraissait vulnérable. Et enfin, pour la première fois, Eijiro avait l'impression d'avoir quelque chose à apporter au vert. Il voulait le soutenir et lui donner autant de force qu'il pouvait.

Alors il passa ses bras autour des hanches de son homme, tout en chérissant cet instant.

Je veux t'aimer ♡ KIRIDEKUWhere stories live. Discover now