♡CHAPITRE 50♡

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Le regard pivotant d'une personne à l'autre, Eijiro scannait le visage ou encore la silhouette de chaque nouvel arrivant. L'atterrissage de l'airbus en provenance de Tokyo-Haneda avait été annoncé depuis belle lurette, les passagers épuisés défilaient, rejoignaient leurs proches sans pour autant que n'apparaisse l'homme qu'il attendait. Plus les secondes s'écoulaient, plus son impatience s'accroissait, rongeant peu à peu ses sens. Sa vue était bien trop troublée par l'anticipation de ses retrouvailles avec le vert ; tandis que son ouïe se retrouvait acculée par l'agitation de son organe vital, qui tambourinait littéralement contre sa cage thoracique. Il avait tenté à plusieurs reprises de refréner son organisme mi-excité mi-affolé, mais tout exercice de respiration lente s'était révélé inutile face à la quantité d'adrénaline parcourant son sang.

Alors que son regard errait une fois de plus dans la petite foule, Eijiro remarqua une touffe verte caractéristique –bien que plus courte, et son cœur fit une nouvelle embardée. Izuku, dont le regard vagabondait entre les passants, l'aperçu lui aussi. Son expression autrefois perdue s'illumina, puis il s'empressa de le rejoindre non sans un air totalement ravi.

Eijiro, pour changer, ne sut que faire, partagé entre l'envie de le rejoindre et son corps qui n'en faisait qu'à sa tête. Le même conflit apparut lorsqu'il se demanda comment l'accueillir. Devait-il le saluer tout simplement ou le prendre dans ses bras ? L'embrasser n'était pas une option puisque tous les deux, ils n'étaient pas très friands des démonstrations en public, mais peut-être qu'un baiser sur le front passera comme à l'accoutumée ?
Le rouge ne put tergiverser plus longtemps que la distance entre eux s'était déjà réduite. Izuku était face à lui, muni d'un sourire aussi grand que ses muscles faciaux pouvaient le permettre.

— Tadaima* ! Déclara-t-il joyeusement, abrégeant les réflexions d'Eijiro. Ce dernier ne répondit pas de sitôt, tout d'abord troublé. Son cœur, qui avait déjà supporté tant de cascades, avait, une fois de plus, battu à mille à l'heure avant de ralentir considérablement sa course. Dans ce même laps de temps, l'abdomen assez ferme d'Eijiro s'était serré puis réchauffé, d'une chaleur aussi agréable que les doux feux d'hiver.
Oui, Izuku était rentré. Il était à la maison et le rouge voulait être assez rêvasseur pour se considérer comme un membre à part entière de ce "chez-soi".

— Okaeri*. Repondit-il alors, avec autant de sincérité et d'émotions que sa voix pouvait en laisser transparaître. « Tu m'as manqué. »

— Toi aussi. Dit Izuku en passant ses bras autour de son cou, puis en le serrant contre lui. « J'avais hâte de rentrer. »

Ils restèrent là, au beau milieu des arrivants et de leurs familles, à s'écraser l'un contre l'autre. Chacun retrouvait ses repères et tous les deux voulaient juste savourer assez longtemps cette sensation de plénitude qui envahissait leurs êtres. Lorsqu'ils jugèrent le moment propice, ils se séparèrent, non sans garder leurs mains soudées, se sourirent, avant que le plus jeune ne propose de quitter les lieux.
Ce dernier bugua, un instant, à la vue du petit trolley rouge, mais le simple « c'est une longue histoire » accompagné par la mine épuisée d'Izuku, le dissuada d'émettre un commentaire. Il se contenta de prendre le bagage pour alléger son petit ami et d'emboîter le pas.

Le couple marcha assez vite pour être sûr de ne pas rater le dernier bus. Et lorsqu'ils s'assirent enfin dans l'objet mouvant, ils poussèrent tous les deux un soupir de soulagement. Le périple se rapprochait de sa fin, créant bien des heureux. Tous deux pouvaient déjà rêver du lit moelleux ainsi que des draps frais et soyeux prêts à les bercer.

Dans une nouvelle recherche de contact, Eijiro déposa sa tête contre l'épaule d'Izuku. Sa main gauche se fraya un chemin jusqu'à l'une de ses cuisses, camouflées par l'épais tissu en jean, qu'il commença à caresser distraitement du pouce. En réponse, le bras gauche du vert passa ses épaules, puis sa main se dirigea vers sa chevelure écarlate qu'il commença à peloter de la paume.

— Tu as passé une bonne journée ? Demanda Izuku après quelques instants de silence.

— Hm... oui, la routine et toi ?

— Oui, c'était cool et ça m'a vraiment fait du bien de les revoir tous.

Le sourire d'Izuku était niais au possible. Il avait l'impression d'avoir passé son meilleur anniversaire depuis des lustres et ça continuait même après qu'il soit rentré. Cela ne faisait que quelques minutes qu'il était en compagnie de son petit ami, mais Izuku pouvait déjà sentir une certaine différence dans la dynamique de leur relation. Il se sentait plus calme, plus serein, toutes ses frustrations n'avaient peut-être pas disparu, néanmoins, elles étaient passées au second plan, derrière son envie de savourer l'instant avec l'homme qu'il aimait. Les gestes d'Eijiro envers lui le poussaient à être plus serein et un peu plus entreprenant.
Tout cela n'était peut-être dû qu'à cette journée qu'ils avaient passée à chaque bout de l'archipel, loin l'un de l'autre ; cependant, Izuku voulait croire qu'il s'agissait du vent nouveau dont leur couple avait besoin pour avancer.

— J'ai vu ça. Rétorqua Eijiro avec un certain manque d'entrain. « Je suis content que tu aies aimé ta journée d'anniversaire. » 

Et il l'était sincèrement, son cadeau avait eu l'effet escompté, Izuku était rayonnant. Alors même s'il était compliqué pour lui d'arrêter de tout sur-analysé, il s'y efforcerait. Il devait accepter la réalité et non se morfondre en pensant à cet Izuku dix mille fois plus heureux loin de lui. C'était cette vérité de leur relation instable qu'il se devait d'accepter, pour mieux la changer. Afin qu'un jour, leurs moments à deux puissent égaler ceux d'Izuku aux côtés de sa formidable famille.

« Au fait, je sais que je te l'ai déjà dit par message, mais tu es vraiment beau avec les cheveux plus courts. » Termina-t-il alors qu'il ferma les yeux pour savourer les caresses d'Izuku contre son crâne.









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*"Tadaima'' est un mot japonais dont le sens est « Je suis de retour à la maison ». C'est une version abrégée de la phrase japonaise originale « tadaima kaerimashita », qui signifie « je viens de rentrer à la maison ».

* "Okaeri" ou "Okaerinasai" sont des réponses au traditionnel "Tadaima" et cela signifie « Bienvenu à la maison ».

Sourcehttps://www.greelane.com

Je veux t'aimer ♡ KIRIDEKUWhere stories live. Discover now