♡CHAPITRE 58♡

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Les secondes s'éternisaient. À l'extérieur, le jour déclinait petit à
petit sans que les lueurs dorées de l'après-midi ne parviennent jusqu'aux tourtereaux, toujours emmitouflés l'un contre l'autre. Les larmes d'Izuku s'étaient taries depuis belle lurette, mais c'est à peine s'il daignait retirer sa tête de l'épaule d'Eijiro. Il le serrait contre lui, tenant le tissu de sa chemise aux manches courtes, trop honteux. Il n'avait toujours pas déterminé la cause de ses pleurs cependant, il se sentait plus léger, soulagé. Comme si, par ses mots, Eijiro avait retiré une enclume de son dos. 

C'était la première fois qu'ils parlaient ainsi, à cœur ouvert. La première fois que son petit ami lui disait sincèrement ce qu'il pensait de lui. Et ces mots, qui avaient presque sonnés comme une déclaration à ses oreilles avides, étaient tout ce qu'il avait toujours souhaité. Tout ce qu'il avait toujours rêvé d'entendre. Ce n'était plus une spéculation ou un désir : Eijiro tenait à lui. Si auparavant il ne pouvait que le deviner, maintenant il pouvait l'affirmer et garder cette certitude bien au chaud dans sa poitrine. 

En constatant ses erreurs, il avait été prêt à tout abandonner. Libérer Eijiro du fardeau qu'ils s'étaient incombé, pour ensuite tenter de sauver ce qu'il restait de leur amitié. Mais les mots s'étaient enchaînés, lui démontrant que toutes ses entreprises n'avaient pas été vaines, qu'elles n'étaient peut-être pas toutes erronées. Et qu'à la toute fin, il parvenait quand même a touché ses proches par ses actes maladroits. 

Est-ce qu'il était heureux dans cette relation ? Oui, parfois. Est-ce qu'Eijiro l'était ? Il semblerait bien aussi, parfois. Comme il se l'était toujours répété, tout n'était pas rose pour eux, il y en avait –et il continuerait d'en avoir– de toutes les couleurs.






Un chantonnement s'éleva dans l'air et, bientôt, Eijiro balança leurs bustes accolés au rythme de la musique traînante. Il teint fermement Izuku contre lui, la main droite caressant les cheveux naissants au bas de sa nuque. Tandis que celle de gauche s'était trouvé une place de choix dans le creux du dos. Il baisa à maintes reprises le crâne du vert, alors que leurs corps se mouvaient toujours subtilement à chaque variation de tempo. Bientôt, il voulut se lever. Il invita son petit ami à en faire de même et, toujours comme envoûtés par le moment, ils se tinrent debout, accrochés l'un à l'autre, pendant que les pas s'enchaînaient. Langoureux, mais maladroits.

Sous l'éclairage bienveillant des bougies et des illuminations, comme une pause pour soigner leurs cœurs éprouvés, ils pratiquèrent leur véritable première danse. Pas cette cabriole que l'on faisait entre amis lorsque l'alcool nous montait au cerveau, ou encore les petits pas incertains que l'on disposait çà et là, terrassé par la gêne d'une relation qui débute. Non, c'était ce moment bien plus intime où on s'accrochait à son partenaire comme une bouée de sauvetage, où on le tenait fermement –mais avec une douceur démesurée– comme pour fusionner, et pendant lequel on susurrait des mots doux que seul l'autre pouvait deviner. 

Encore et toujours emportés par l'ivresse de la passion, ils s'embrassèrent longuement, se délectant des lippes adverses à satiété, avant de poser leurs fronts l'un contre l'autre dans le but de grignoter un bout d'air. Les paupières closes, les deux hommes savourèrent cet instant de calme, de pure béatitude, après la tempête qui avait troublée leurs âmes. Izuku fut le premier à revenir chercher les lippes de son partenaire. Il les butina sans répit, comblant d'un baiser ardent chaque millimètre de croissant rosé. Ses pensées s'éloignèrent et sa raison, qui lui affirmait que l'endroit n'était, en aucun cas, propice pour leurs instants bien trop intimes, aussi. La nuit n'était pas encore tombée que son esprit se brouillait déjà sous les caresses. Sa peau semblait se liquéfier à chaque contact avec les paumes rêches, divinement tièdes de son amant. Son corps entier frissonnait de plaisir lorsque le souffle de ce dernier s'écrasait contre son oreille, sillonnant sa mâchoire, puis son cou, pour enfin remonter se mélanger au sien. En un instant, ils se retrouvèrent sur les couvertures. Les vêtements tombaient mètres par mètres, alors que les respirations commençaient à dérailler. Allongé sur le lit de fortune, Izuku, seulement revêtu de sa tenue d'Adam, contemplait les muscles dorsaux d'Eijiro rouler sous sa peau alors qu'il se décidait sur quel flacon choisir, parmi tous ceux disposés dans le panier face à lui. Sans grande réflexion, il en prenait toujours un au hasard, regardant le nom, lisant la notice, puis humant les flagrances qu'il dégageait.

— Bon, je pense qu'on va utiliser celui-ci. Chuchota-t-il pour lui-même après en avoir validé un. Il continua d'une voix plus haute tout en se tournant vers son copain. « Je n'avais pas vraiment prévu de les utiliser comme ça, mais tant qu'on y est... »

Au départ, cette journée aurait dû pivoter simplement sous le thème de la relaxation. Les plats englobés, ils se seraient reposés, parlant de tout et de rien le temps de leur digestion, puis l'heure du massage serait arrivé. Un simple massage platonique, sans arrières-pensées, ni connotations lubriques. Juste pour le plaisir de voir Izuku épanoui. Seulement, planifier était une chose et l'exécuter en était une autre. Loin de la détente, il les avaient lui-même lancés dans une conversation houleuse qui avait presque précipité la fin de leur relation. Et maintenant il bafouait ses propres plans en s'abandonnant aux plaisirs de la chair. 

De ses doigts agiles le jeune homme au regard plein de braises, parcouru le torse de son aimé de long en large. À califourchon sur celui-ci, il n'avait pas de grandes marges de manœuvre, alors, tout en s'aidant de l'huile préalablement mise, il passa ses doigts sur le buste tacheté, sans oublier d'effleurer les tétons ou de s'attarder un peu plus sur les flancs sensibles. Le bout de son index retraça la ligne du bonheur peu fournie de son partenaire, qui le guida jusqu'à sa broussaille de poils, puis jusqu'à son membre complètement érigé. Bientôt, Izuku ne sut plus où donner de la tête entre les baisers brûlants et les va-et-vient désaccordés de son cher et tendre sur son érection. Il s'accrocha simplement aux gémissements rauques emplis de son nom qui se perdaient dans la pièce. C'était peut-être banal, mais son cœur s'en réjouissait. Son corps frissonnant y répondait avec gaieté et légèreté, comme si un autre poids, logé au plus profond de son être, s'en était allé. Les temps où il donnait de l'amour à son homme l'angoisse au ventre étaient révolus. Ou du moins, c'était son souhait. 

Plus besoin d'user de tactiques grotesques, de tenter par tous les moyens de se perdre dans son plaisir pour oublier qu'il suffisait d'un soupir de l'autre pour que ses rêves se brisent une fois de plus. Rappeler à Eijiro sa présence, son existence alors qu'il était dans son attirail le plus vulnérable, tout cela était fini. Avant qu'il ne le demande, son prénom et mille autres appellations avaient déjà traversées la pièce, accompagnant sa jouissance de la plus grandiose des façons. 

Je veux t'aimer ♡ KIRIDEKUWhere stories live. Discover now