♡CHAPITRE 39♡

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Ses heures de travail étaient arrivées à leurs termes et, sans hésitation, Eijiro avait pris la direction de l'appartement de son petit-ami. Ce n'était pas vraiment un choix raisonnable puisque la personne qui remplissait cet endroit de vie ne s'y trouvait pas. Toutefois, le rouge n'avait pas envie de rejoindre son logis. Quitte à tuer le manque, autant que ce soit dans un endroit rempli des affaires de l'intéressé.

En passant le seuil de la porte, le rouge se sentit submergé par l'omniprésence d'Izuku dans l'habitation. Aucun recoin du logement n'avait été laissé pour compte. Quelle que soit la pièce dans laquelle il se trouvait, l'endroit où il posait son regard, il ne pouvait s'empêcher de penser à son homme. Car tout dans l'habitation révélait une chose sur son propriétaire. L'odeur aseptisée qui s'estompait et les objets bien rangés, rappelaient le côté maniaque de ce dernier. Le mélange de couleurs froides et chaudes dans toutes les pièces, montrait que le vert pouvait être bon vivant et chaleureux, tout en tenant les autres éloignés et en conservant une part d'ombre. La présence d'un oreiller de la taille d'une personne sur le lit qu'ils avaient maintes fois partagé, soulignait à quel point Izuku avait horreur qu'on le colle pendant qu'il dormait.

À sa dernière pensée, un sourire ne put s'empêcher de germer sur le visage d'Eijiro. Il s'assit au bord du lit et passa sa main sur les draps frais et soyeux. Izuku avait dû les changer avant d'aller à son travail.

— Et dire qu'il n'a même pas pu en profiter. Pensa le rouge, tout haut.

Sans même prendre le temps de retirer son jean qui l'encombrait plus que tout autre chose, il se glissa dans les draps et câlina le traversin qu'on avait acheté à cet effet. Il y plongea son nez avant de le retirer, déçu. L'odeur qu'il recherchait n'y était pas. Et cela était normal, puisque Izuku l'utilisait bien moins que lui. L'homme au regard carmin abandonna l'objet et se mit sur le dos. Ses actions le firent bien rire pendant quelques secondes. Il pensa qu'il devait être sérieusement atteint pour avoir un comportement aussi niais.

Le temps passa, ramenant la faim et la fatigue. La première tiraillait ses entrailles, tandis que la seconde alourdissait aussi ses paupières. Alors que la fatigue pensait avoir déjà gagné la bataille, le creux dans le ventre d'Eijiro devint tellement insupportable qu'il se décida à se lever. Il se traîna jusqu'à la cuisine et ouvrit le réfrigérateur dans l'espoir d'y trouver son bonheur. Fort heureusement, cette maison appartenait à un homme rangé et prévoyant qui ne laissait jamais son frigo entièrement vide. Dans la panoplie d'articles, il piocha des œufs et quelques tranches de bacon. Connaissant la cuisine presque par cœur, il n'eut pas de mal à trouver le pain de mie et les différents ustensiles de cuisine. Ses ingrédients enfin réunis, il s'activa et en deux temps trois mouvements, ses pains et son bacon étaient grillés, son omelette était prête, le tout joliment posé sur la table de la cuisine. Il sortit le jus de mangue, puis commença à manger sans attendre. Le repas n'était pas le plus copieux du monde, mais au moins il tiendrait jusqu'à ses cours. Ensuite, il aviserait.

Enfin repus, le glouton soupira de satisfaction et se plaqua contre le dossier de la chaise. Maintenant qu'il avait terminé son déjeuner, le bruit des couverts ne masquait plus le silence dans l'appartement. Et son sourire se fana suite à ce constat désolant. Il détestait le silence et supportait encore moins de ne pas avoir d'occupations. Car cela ramenait habituellement des pensées indésirables.

Que faisait-il ? Où était-il ? Avec qui était-il ?

Les mêmes questions inutiles revenaient à chaque fois, lorsqu'il s'agissait de son premier amour. Comme un disque rayé qui se bloquait en permanence au même endroit.
Et face à ces dernières, Eijiro avait toujours la même réaction. Il attrapait un objet et le serrait fortement dans ses paumes, pour résister à l'envi d'aller fouiner sur les réseaux sociaux. Ses mains carrées avaient jeté leur dévolu sur son tout nouveau jean bleu marine. Elles exerçaient tellement de pression dessus que la peau de ses cuisses commençait à en pâtir, tandis que ses jointures blanchissaient à vue d'œil. Si ses ongles avaient été plus longs, peut-être auraient-ils réussi l'exploit de trouer l'épais tissu.

Il ne succomberait pas. La dernière fois qu'il n'avait pas su résister à cette envie, il avait fini meurtri. Il s'était abandonné aux soins de son bon vieil ami l'alcool et avait fini ensuite par heurter Izuku dans sa bêtise. Il ne fallait pas que ça se reproduise, pas maintenant.

Dans une dernière tentative, le rouge relâcha sa prise et se redressa. Il tira le portable de sa poche arrière, le déposa sur la table, avant de se lever précipitamment pour se diriger dans le salon. Sa sacoche empoignée, il coursa jusqu'à l'entrée et enfila ses chaussures à la hâte. Après avoir quitter l'appartement, le petit-ami d'Izuku ne prit pas la peine d'attendre l'ascenseur et, comme s'il avait le diable à ses trousses, il dévala les marches d'escaliers deux par deux. Dès sa sortie de l'immeuble, il initia un sprint digne des plus grands sportifs.

Il était hors de question de recommencer cette boucle infernale. Même si ça lui coûterait beaucoup, Eijiro était prêt à aller de l'avant. Il était déterminé –plus que jamais– à tout donner pour Izuku.

Alors, il courrait jusqu'à ce que ses jambes n'en puissent plus. Il se ferait violence, si cela pouvait lui permettre de conserver cette belle histoire en devenir.

Je veux t'aimer ♡ KIRIDEKUWhere stories live. Discover now