♡CHAPITRE 41♡

257 32 5
                                    

Les douleurs articulaires s'installaient, tandis que la respiration d'Eijiro déraillait sans interruption. Après seulement dix minutes de course effrénée, le sportif s'avoua vaincu. Ses poumons étaient au bord de l'explosion. Il suait à grosses gouttes comme de la glace fondue et ses jambes menaçaient de céder, accablées par leurs récents efforts. Tout en essayant de reprendre son souffle, le rouge pensa que c'était un effet secondaire légitime.

Depuis son arrivée dans la ville du Nord, il avait habitué son corps à l'effort pour éviter que son cerveau ne fasse des siennes. En couple ou pas, la majeure partie de son temps libre s'épuisait toujours à la salle de sport ou dans un parc. Mais comme venaient de lui avertir ses muscles en surchauffe, Eijiro avaient perdu ses habitudes sportives en même temps qu'il avait commencé à s'investir totalement dans sa relation avec Izuku.

À peu près remis de son effort, le rouge se mit à marcher lentement, tout en observant la rue dans laquelle ses jambes l'avaient conduit. Elle semblait familière et pourtant, sa mémoire n'arrivait pas à trouver l'origine de cette impression. Des commerces en tout genre peuplaient l'allée, certains se préparaient tout juste à ouvrir, alors que d'autres étaient, vraisemblablement, actifs depuis les premières lueurs du jour. L'agréable odeur de pâtisseries traditionnelles effleura ses narines, mais il l'oublia vite en posant ses yeux sur une enseigne faite en bois de sapin. À cet instant, le jeune homme comprit d'où lui venait la sensation de "déjà vu". L'enseigne qui se profilait à quelques mètres de lui était l'un des premiers endroits témoins de sa relation avec Izuku. Qui plus est, il s'agissait du dernier lieu public dans lequel ils s'étaient retrouvés avant d'arriver au point de non-retour.

Un modeste Izakaya* familial, se tenait fièrement au milieu de commerces extravagants. Izuku et lui y avaient passés bon nombres de leurs soirées, discutant autour d'une bière et d'un bon repas chaud.
Eijiro s'avança pour mieux détailler le lieu. Ce n'était pas encore totalement ouvert à cette heure, mais il pouvait déjà affirmer que pas grand grand-chose n'avait changé. Comme si le bistrot avait été figé dans le temps, préservant les deux hommes insouciants et confiants qu'ils avaient été autrefois.

Après leur dernière soirée dans ce lieu, tout avait changé pour eux. Ils avaient succombé aux plaisirs de la chair la même nuit et étaient devenus presque des étrangers par la suite —En fait, Eijiro avait fait de son mieux pour qu'ils le deviennent, même après avoir donné un moyen d'espérer à Izuku en devenant son petit-ami.

La honte traversa ses traits quelques instants, avant que le caissier ne se ressaisisse. Tout était différent maintenant. Oui, il faisait des efforts, il se sentait même prêt à passer la grande étape qui constituait d'aimer sincèrement son petit-ami sans peurs, ni excuses.
Serrant ses poings, l'homme à la chevelure écarlate se jura d'arranger la relation qu'il avait autrefois sabotée afin qu'ils puissent, un jour, revenir dans ce coin où ils avaient eu tant de belles conversations.

Le rouge continua sa route et erra un certain moment dans les rues de Sapporo avant de se décider à rentrer. Il s'était assuré d'avoir à peine le temps de se doucher, avant de filer jusqu'à ses cours. Rester actif était, pour lui, le seul moyen efficace contre les pensées amères.










À peine Izuku avait-il pénétré le salon de coiffure, qu'il s'était fait happer par l'atmosphère familière qui y régnait. Il n'avait pas fallu longtemps avant que le jeune homme ne baisse la garde, abandonnant généreusement sa tête entre les mains d'une sexagénaire qui l'avait pratiquement vu grandir. Normalement, cette dernière n'était plus en activité puisqu'elle avait légué la gérance à son fils et sa belle-fille. Mais il fallait bien faire une exception pour des clients particuliers.

Le temps s'écoulait goutte par goutte, les soins capillaires prenaient des plombes alors que l'homme du jour se laissait petit à petit gagner par la fatigue. Bientôt, il n'entendit plus les bavardages autour de lui. Il ne capta même pas le bruit mécanique d'un appareil photo qui immortalisait son assoupissement. S'enfonçant progressivement dans un sommeil sans songes.

Le puériculteur ne se réveilla que trois quarts d'heure plus tard, alors que sa coupe prenait déjà forme. Un lot conséquent de mèches vertes traînait sur le sol et pourtant, la femme derrière lui semblait ne pas avoir dit son dernier mot avec la paire de ciseaux qu'elle maniait savamment. Pour une personne n'ayant jamais osé de grands changements capillaires, cela commençait à faire beaucoup. Il chercha du regard un certain soutien de la part de sa famille, mais il ne vit qu'un Katsuki vissé à son portable. Leurs deux génitrices ne se trouvaient nulle part.
En ramenant ses pupilles sur  l'image que reflétait le miroir en face de lui, Izuku se dit qu'il n'aurait peut-être pas dû être si conciliant alors qu'il s'agissait du sort de sa chevelure.

___________________________

*Un Izakaya est une sorte de bistrot au Japon où l'on peut boire de l'alcool, tout en grignotant quelques petits plats. C'est un lieu convivial qui permet les rassemblements entre collègues, entre étudiants d'université ou encore entre amis.

Je veux t'aimer ♡ KIRIDEKUWhere stories live. Discover now