Chapitre 34.3

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Le lendemain, nous nous remettions encore de notre excursion, toute la meute de retour au Complexe. L'autre bâtiment sur lequel travaillait l'équipe menée par Declan n'était qu'un leurre destiné à séparer nos forces. Lahra connaissait les plans. Je m'en voulais encore de ne pas avoir parlé plus tôt de mes doutes la concernant et je n'étais pas la seule.

Un rapide tour à l'infirmerie pour nous trois. Sheren s'en sortait avec une légère commotion, Arenht n'avait déjà plus rien, quant à moi, quelques égratignures. Doc prit note de ma force revenue et fit quelques prélèvements pour étudier l'évolution de mon organisme. Avec les éléments récupérés par Yorsha peut-être qu'il pourrait trouver un remède. Je gardais cet espoir.

Pour me changer les idées, et avoir un peu d'intimité, Arenht m'emmena dehors. J'inspirais profondément l'air frais, savourant ce parfum qui m'avait manqué lors de notre voyage à Toronto. Les doigts d'Arenht entrelacés aux miens, nous nous enfonçâmes dans les bois. Une petite clairière, non loin d'un cours d'eau nous sembla idéal pour nous poser. Il s'assied et m'attira dos à lui. La tête posée contre son torse chaud, je fermais les yeux. Ce moment était parfait. Juste les bruits de la nature, son souffle près de mon oreille, les battements de son cœur, si proches. Sa bouche ne tarda pas à se poser sur ma peau. Mon cou, mes joues, mes lèvres. J'exhalant un soupir de contentement. Je lui rendis son baiser avec fougue. Toute la tension de ses derniers jours n'avait fait qu'exacerber mon désir, ma faim de lui. Il me fit pivoter, face à lui. Je l'enlaçais, voulant être encore plus proche de lui. Ses mains se glissèrent sous le tissu de mon haut, caressèrent mon dos. A mon tour j'osais m'aventurer sur sa peau. Puis il s'écarta, le souffle court.

— Il y a quelqu'un.

J'eus du mal à percuter, encore frémissante de ses caresses. Il me fit glisser sur le côté avec délicatesse, tout en examinant les alentours, tendu. Une fois debout, il me fit signe de ne pas bouger. Je le vis s'approcher des arbres délimitant notre abri. J'essayais de détecter la présence qu'il avait perçu, mais sans succès. Jusqu'à ce qu'une main vienne se poser sur ma hanche, m'arrachant un cri d'effroi.

— Quelle charmante vision ! susurra une voix.

Un grondement furieux retentit.

— Enlève tes sales pattes de là si tu tiens à la vie.

Je me reculais avec précipitation et découvris un homme dont le sourire aguicheur me donna envie de le frapper. Pour qui se prenait-il ?

— Vraiment charmante, continua l'étranger sans s'occuper de mon partenaire.

L'instant d'après, Arenht fonçait droit sur lui. Incrédule, je vis l'inconnu se déplacer aussi rapidement qu'un courant d'air, esquiver l'assaut d'Arenht et lui envoyer un violent coup dans le dos, l'envoyant s'affaler à quatre pattes sur le sol. Grondant, Arenht se remit d'un mouvement souple en position debout, nettement préférable tant qu'il était sous forme humaine. Empoignant son épaule, un craquement sourd retentit alors qu'il remettait celle-ci. Pas de quoi fouetter un chat semblait-il penser. Dardant un regard furieux sur celui qui avait eu l'audace de le percuter, il eut un rictus de mépris en voyant l'audacieux suicidaire.

— Tu n'aurais pas dû la toucher, articula-t-il férocement.

Je reculais instinctivement, surprise et un peu effrayée par cette rage qui émanait littéralement de lui. Sheren m'avait prévenu pourtant. Sans prêter attention à moi, Arenht soutint le regard de son adversaire, les muscles bandés, prêts à en découdre. Dans cet état, impossible pour lui de laisser passer l'affront. Souriant effrontément, les dents de l'inconnu brillèrent vivement dans la demi-pénombre. Je remarquais alors la lueur émanant de ses prunelles. Un loup-garou ! Mais que faisait-il ici et pourquoi chercher des noises à notre groupe ? Il ne pouvait ignorer l'identité d'Arenht. Avant que je puisse en avertir mon partenaire, celui-ci se métamorphosa en même temps que son adversaire. Deux bêtes majestueuses s'affrontaient désormais du regard, se tournant autour à une distance prudente, deux silhouettes en totale opposition, pelage noir contre pelage blanc. Me tordant les mains, je ne pouvais m'empêcher d'admirer leur manège. Je ne pouvais rien faire. La rage aveuglante d'Arenht avait pris possession de lui, le transformant en bête assoiffée de sang. Intervenir était clairement déconseillé, au risque qu'il s'en prenne à moi. Le brouillard de la colère obscurcissait ses sens. Toute interférence dans son combat était ni plus ni moins qu'une menace à abattre. Ma main serra mon portable à l'intérieur de la poche de ma veste. Je n'hésiterais pas à appeler du renfort si le duel dégénérait. Il avait beau être possédé par son côté sombre, je ne le laisserai pas pour autant. 

Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]Where stories live. Discover now